Douze
une race de vermine différente ? Le fenil, bas et plat, s’étendait sur environ un tiers de la longueur de la grange. Il en émergeait une poutre épaisse qui traversait jusqu’au mur du fond. C’était la poutre d’où pendait toujours la corde. Des axes plus petits naissaient latéralement de la poutre centrale pour soutenir les murs et en oblique pour supporter la toiture.
Je reculai jusqu’au fond de la grange, gardant les yeux fixés sur le fenil. Tandis que je me déplaçais, j’entendais le bruit de leurs mouvements. Lorsque je m’arrêtai, ils s’arrêtèrent. Je ne pouvais pas les voir, mais je savais que Piotr et Iakov Zevedaïinitch étaient là-haut. Puis, entre deux balles de foin, je vis le reflet d’une paire d’yeux sombres et brillants. Je fixai ces yeux et entrepris de m’approcher. Ils ne firent aucun geste, ni ne donnèrent la moindre indication qu’ils savaient que je les regardais. J’espérais pouvoir revenir sous le fenil, directement en dessous de l’Opritchnik auquel appartenaient ces yeux, et le poignarder verticalement. Je savais que je ne pouvais pas les tuer de cette façon, mais j’avais vu à quel point la blessure que j’avais infligée à Iouda avait été invalidante la nuit précédente, et j’espérais que cela me donnerait un avantage suffisant pour attaquer et tuer. Je jetais occasionnellement un coup d’œil vers l’échelle et le long du rebord du fenil. Il y avait un second vampire là-haut, et je ne voulais pas que mon attaque contre l’un me laisse vulnérable face à l’autre.
Je sursautai en sentant quelque chose atterrir sur ma joue. Je balayai la chose et, en regardant ma main, je vis que c’était une araignée, roulée en une boule défensive. Je jetai un coup d’œil en l’air vers l’endroit d’où elle était tombée et me trouvai nez à nez avec Iakov Zevedaïinitch. Lui-même était perché de façon très similaire à une araignée, ses membres écartés, en équilibre sur les poutres en chêne du toit, sans la moindre prise visible. C’était le même talent d’escalade que j’avais observé une fois chez Foma, à Moscou. Iakov Zevedaïinitch se laissa tomber vers moi depuis le plafond et, bien que j’aie suffisamment d’avance pour reculer d’un pas, il me fit quand même rouler au sol.
Le vampire fut immédiatement sur moi, menaçant, prêt à tuer. Par-dessus son épaule, je vis Piotr émerger du fenil le long de la poutre centrale, parvenant à ramper à quatre pattes sur une voie pas plus large que sa main. Je portai sauvagement un coup de taille à Iakov Zevedaïinitch avec mon épée et il recula, me donnant une chance de me relever. Je balançai brusquement mon épée devant moi, allant et venant, visant son cou. Je sentis une légère résistance lorsque la pointe aiguisée entra en contact avec sa peau. Il porta la main à sa gorge. C’était une blessure triviale, mais suffisante pour l’inciter à la prudence. Il recula davantage et je levai les yeux pour voir Piotr encore plus près de moi, se frayant agilement un chemin sur le réseau de poutres comme si c’était une toile qu’il avait tissée lui-même.
Je portai quelques coups verticaux dans sa direction, mais il les esquiva facilement, émettant un grognement sauvage. Iakov Zevedaïinitch fit un autre bond vers moi, mais je n’étais pas distrait par Piotr au point de ne pas pouvoir mettre la lame de mon épée en contact avec le dos de sa main. Il la retira prestement. Piotr se laissa tomber, les jambes accrochées autour d’une poutre, et se saisit de mon épée, serrant fortement la lame de ses deux mains, semblant ignorer la douleur. Je tentai de libérer l’épée de sa poigne en la secouant, mais il tint bon. Iakov Zevedaïinitch s’approcha de nouveau, cette fois plus lentement, non par crainte mais pour savourer l’instant de ma mort. Piotr tenant mon épée, je n’avais rien pour le parer. Ma dague de bois, bien que ce soit un objet fort approprié pour tuer ces créatures, n’était pas une arme pour les engager en combat libre.
Je saisis la poignée de mon épée et levai les pieds, comme si j’essayais de tomber à genoux. Piotr parvint à supporter mon poids pendant une fraction de seconde avant que la lame acérée de mon épée se glisse hors de son emprise, et je tombai par terre. Je me fendis vers la cheville de Iakov Zevedaïinitch et parvins à le toucher, ce qui le fit bondir de côté. Piotr était toujours suspendu à la
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