Douze
poutre, la tête en bas, examinant ses mains blessées, sa tête se balançant comme une prune mûre prête pour la cueillette. Je fis filer mon épée vers son cou et seul un cri d’alerte de Iakov Zevedaïinitch lui permit de relever à temps son corps vers le toit, tandis que ma lame sifflait à quelques pouces en dessous de sa tête.
Piotr battit en retraite à travers les chevrons et je le suivis en portant des coups dans sa direction avec mon épée. Iakov Zevedaïinitch s’était lui aussi retiré sous le fenil. Je découvris rapidement pourquoi, lorsqu’une fourche extraite des outils que j’avais remarqués un peu plus tôt vola vers moi, lancée comme un trident depuis l’autre côté de la grange. Je fis un pas de côté et la parai avec mon épée, mais elle atteignit quand même le haut de mon bras gauche, déchirant mon manteau et faisant couler le sang avant de continuer sa route vers le sol, où ses dents s’enfoncèrent profondément. Le combat n’allait pas dans mon sens et je décidai qu’il était temps de partir. Je me précipitai vers la porte, mais Iakov Zevedaïinitch fut plus rapide que moi. Il tenait maintenant une faux entre ses mains et fendait l’air devant lui, me tenant éloigné à la fois de lui et de la sortie. Avec un sourire de mépris, il tira le verrou. Ce n’était pas un obstacle sérieux, mais cela me retarderait.
— Exactement comme vous avez enfermé Ioann, dit-il, souriant toujours.
Derrière moi, j’entendis un bruit sourd que j’interprétai comme étant Piotr atterrissant sur le sol de la grange. Ils étaient désormais tous les deux sur mon terrain, et Iakov Zevedaïinitch était armé. La victoire était définitivement en train de m’échapper. Iakov Zevedaïinitch était plus proche et je devais me débarrasser de lui avant que Piotr puisse faire les quelques pas nécessaires pour m’atteindre. Malgré tout ce que je savais de l’inefficacité d’une utilisation traditionnelle de l’épée contre ces créatures, les années d’entraînement et d’expérience en avait presque fait un instinct. J’attaquai Iakov Zevedaïinitch comme s’il était un homme mortel.
Alors qu’il fauchait de nouveau dans ma direction, je reculai d’un pas. Il suivit mon mouvement et perdit légèrement l’équilibre. Je me saisis du manche de la faux et l’attirai vers moi et vers mon épée, grimaçant à la douleur fusant dans mon bras blessé. De crainte, il lâcha la faux et fit un pas pour s’éloigner. La porte était dans son dos et il ne pouvait pas reculer davantage. À ce moment-là, je bondis et la pointe de mon épée lui transperça la poitrine, le cœur, ressortit dans son dos et à travers la porte de bois derrière lui. Si grande était la force de mon coup que la lame ne s’arrêta que lorsque la garde atteignit son torse. Je lâchai l’épée et reculai d’un pas. Tout être humain en serait instantanément mort, le cœur se déchirant lorsque la lame l’aurait pénétré et, par cette déchirure, se serait enfuie cette force qui portait le sang, de façon si vitale, à tout le corps. Mais les vampires avaient différents moyens d’alimenter leurs corps en sang et n’avaient aucun besoin – dans quelque sens que ce soit – d’un cœur. J’entendis le rire de Piotr derrière moi et un large sourire se déploya sur le visage brutal de Iakov Zevedaïinitch.
— Vous devriez vous en tenir à combattre contre des hommes, dit Piotr d’un ton moqueur. Vous seriez bon à cela.
Iakov Zevedaïinitch se prépara à avancer d’un pas pour reprendre l’attaque, mais il constata qu’il ne le pouvait pas. Bien que mon épée ne lui ait causé aucune blessure sérieuse, elle l’avait épinglé à la porte comme un papillon dans la boîte d’un collectionneur. Il porta les mains à la poignée de l’épée et tenta de l’extraire, mais il n’avait aucun levier. Le rire de Piotr s’interrompit.
Je me tournai pour lui faire face, brandissant l’unique arme qu’il me restait : ma dague de bois. Piotr recula sous l’effet de ce qui me parut être une peur vaine, mais j’en tirai pleinement parti. Je me mis à courir dans sa direction et il recula plus vite. Derrière lui, le manche de la fourche plantée saillait du sol comme une lance. Quel heureux hasard s’il tombait dessus à l’angle correct !
En l’occurrence, Iakov Zevedaïinitch avait prévu le danger et avertit son camarade. Juste à temps, Piotr se tordit de côté et
Weitere Kostenlose Bücher