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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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chuchota en retour et hocha la tête à la réponse qu’il obtint.
    — Eh bien, capitaine Danilov, dit Tchernichev, il semble que nous ayons été frappés par une certaine coïncidence. (Il attendit une réponse de ma part, mais je ne pouvais pas dire grand-chose.) On me dit qu’il y a quelqu’un dans ce camp qui prétend vous connaître. Un prisonnier, rien de moins. Un Français, rien de moins !
    Il semblait particulièrement atterré que le prisonnier soit français, même si c’était tout à fait dans le domaine du possible. Je compris soudain pourquoi il avait dû si bien s’entendre avec Vadim.
    — A-t-il donné un nom ?
    — Non. Donnez-lui les détails, Mironov.
    L’officier qui venait tout juste de chuchoter à l’oreille de Tchernichev s’adressa maintenant à moi.
    — Il est arrivé il y a environ une heure. Ils l’ont attrapé sur les collines au nord-est. Il n’a pas pris la peine de résister d’une quelconque manière. Il n’a pas donné de nom. Il porte un uniforme français avec le rang de chef de bataillon*. Tout ce qu’il a dit, c’était qu’il voulait parler au capitaine Alexeï Ivanovitch Danilov.
    — Il savait que j’étais là ? demandai-je.
    — À l’évidence, fit Mironov avec un haussement d’épaules.
    Cela faisait moins de une heure que j’étais moi-même dans le camp. Cela ne pouvait que signifier que j’avais été suivi.
    — À quoi ressemble-t-il ? demandai-je.
    — Je crains de ne pas l’avoir vu moi-même, répondit Mironov. Voulez-vous que je vous conduise à lui ?
    — Non, pas encore, répondis-je en prenant une autre gorgée de vodka. Quelle heure est-il ?
    — Juste passé minuit, me dit Mironov.
    — Et quand le soleil se lèvera-t-il ?
    — Vers 8 heures.
    — Je lui parlerai à 7 heures. Où le gardez-vous ?
    — Il est avec les autres prisonniers.
    Je réfléchis un moment avant de dire :
    — Séparez-le des autres. Assurez-vous qu’il est pieds et poings liés. Mettez-le quelque part à l’extérieur, près d’un feu – tenez-le au chaud –, mais qu’il soit dehors. (J’imitais le plan de Max quelques mois auparavant.) Et soyez très, très prudents. Il est dangereux.
    — Vous savez donc de qui il s’agit ? demanda le lieutenant-colonel Tchernichev.
    — Je crois que oui, répondis-je en tirant une bouffée de mon cigare.

    Une fois encore, je dormis bien. Je fus éveillé aux environs de 6 heures et j’eus le temps de prendre tranquillement un petit déjeuner avant que le lieutenant Mironov me conduise où le mystérieux prisonnier était gardé.
    — J’espère que vous n’allez pas passer trop de temps avec lui, capitaine Danilov, me dit le lieutenant alors que nous traversions le camp. Les nouvelles disent que Bonaparte se dirige vers le sud. Les Français tentent de construire un pont.
    — Et nous devons les suivre ?
    — Absolument. L’amiral Tchitchagov le file de l’autre côté de la Berezina. Nous avons déjà commencé à lever le camp. Nous nous mettrons en route dans quatre heures.
    — Je vous assure, lieutenant, que j’en aurai fini avec le prisonnier d’ici l’aube.
    — Je l’espère, capitaine.
    Nous étions maintenant à quelque distance d’un grand feu de camp qui me réchauffait déjà.
    — Il est là, dit Mironov en faisant un signe de tête en direction du feu.
    À côté se tenaient deux gardes, las de leur nuit de veille, mais encore assez alertes pour que leur prisonnier ne se soit pas enfui. Entre eux, assis sur un banc à côté du feu, un homme grand, aux poignets ligotés, était affalé en avant, les coudes sur les genoux. Sa longue chevelure blonde, décoiffée et en désordre, pendait devant lui et lui couvrait le visage. Même ainsi, il était identifiable sans ambiguïté.
    — Est-ce la personne à laquelle vous pensiez ? demanda Mironov.
    — Oh ! oui, répondis-je.

Chapitre 30
    — Bonjour, Iouda, dis-je doucement. Iouda releva la tête. Il avait l’air défait. Ses cheveux étaient sales et emmêlés, son menton n’était pas rasé et son teint était jaunâtre : je doutai qu’il ait « mangé » depuis plusieurs jours. Sa mâchoire était enflée par une ecchymose résultant d’un coup brutal et récent. Pourtant, il souriait encore.
    — Bonjour, Alexeï Ivanovitch.
    — A-t-il tenté quoi que ce soit ? demandai-je à l’un de ses gardes.
    — Rien, capitaine. Il n’arrêtait pas de demander quand vous alliez venir, mais je l’ai fait taire.
    Il mima l’action de porter un

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