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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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découvris que Matfeï n’avait besoin ni de l’une ni de l’autre : sa puissance physique seule était largement suffisante pour lui permettre de me dominer. Mais, comme pour prouver que même cela ne serait pas l’instrument ultime de ma mort, il découvrit les dents, encore tachées du sang qu’il avait sucé à la gorge de ses dernières victimes. Ses canines, comme le racontent les contes populaires, étaient plus grandes que celles d’un humain mais n’étaient pas, contrairement à ce que j’avais imaginé dans mon enfance, les outils aiguisés et précis d’un chirurgien. C’étaient les crocs d’un chien, conçus davantage pour déchirer que pour percer.
    — Vous autres, vous pensez être si raffinés, avec votre beauté et votre amour, poursuivit-il en s’approchant de moi. (J’étais surpris par ce sentiment insoupçonné d’aversion refoulée.) Mais Dimitri Fétioukovitch avait raison : vous n’avez pas l’estomac pour faire ce que nous faisons, ni les tripes pour nous arrêter.
    Une infime part de moi voulait l’écouter, non par politesse mais poussée par un désir désespéré de découvrir ce qu’il pouvait y avoir dans l’esprit d’une créature telle que celle-ci. La lutte pour ma survie, toutefois, était d’une importance supérieure et je devais saisir l’occasion qui se présentait. Mon objectif n’était plus de tuer, mais simplement de rester en vie, ce qui signifiait la fuite : pour cela, j’avais besoin de l’éloigner autant que possible de la porte.
    Je ramassai la moitié brisée du couvercle du cercueil et la tins devant moi à deux mains, comme si j’avais l’intention de l’utiliser comme un bouclier. Puis je l’abaissai de sorte que son côté brisé et dentelé pointe vers Matfeï comme une rangée de dents de bois aiguisées. Au même instant, je me redressai, m’extrayant du coin pour me précipiter sur lui. Le bord dentelé du lourd couvercle s’enfonça de bas en haut dans sa poitrine et lui fit perdre l’équilibre, l’élevant momentanément au-dessus du sol. Je continuai à courir, profitant de mon élan et le poussant à travers la pièce. S’il avait pu reprendre pied, il aurait pu être en mesure d’utiliser sa force immense contre moi ; mais avec ses pieds traînant sur le sol, incapables de trouver une prise, il ne pouvait rien faire.
    Son dos heurta le mur opposé et il s’arrêta brutalement. Je fus, et le morceau de cercueil avec moi, stoppé une fraction de seconde plus tard mais, entre-temps, la lourde planche de bois avait avancé suffisamment loin pour lui écraser la poitrine. Des éclats de bois étaient entrés entre ses côtes brisées et avaient pénétré les organes en dessous. Tous mes sens me disaient de fuir, mais au lieu de cela je restai là, haletant, appuyant sur le couvercle de tout mon poids pour l’empaler contre le mur. Sa tête était affaissée sur sa poitrine et, pendant un moment, je crus qu’il était mort. Mais il releva rapidement le menton et je vis de nouveau l’éclat haineux de ses yeux. Il pressa ses bras contre le mur derrière lui et, malgré toute la force que je pouvais mobiliser contre lui, il commença à se redresser. Puis, avec un regard de surprise, il s’affaiblit et retomba. Les fragments de bois s’enfoncèrent un peu plus dans sa poitrine, tandis que le lourd couvercle suivait le mouvement de son corps. Je ne savais pas si son dernier spasme avait été celui d’un animal agonisant ou si, suite à son mouvement, une petite écharde avait finalement percé son cœur, mais son corps était désormais flasque et immobile.
    Je retins mon souffle, craignant qu’il se réanime et se venge, ne sachant comment déterminer s’il était vraiment mort. Mon incertitude était superflue. La preuve de sa mort survint rapidement, d’une manière inattendue mais sans ambiguïté. Son corps tout entier subit une transformation graduelle, quasiment imperceptible. On aurait plus facilement pu repérer le mouvement des aiguilles d’une montre que remarquer tout événement spécifique marquant un changement en lui. Et pourtant, en moins de deux minutes, le cadavre s’était déshydraté sous mes yeux. La texture de la peau, de marmoréenne, devint crayeuse ; celle des cheveux vira de la soie au coton ; celle de ses yeux, du verre à la glace. Chaque qualité physique devenait une imitation peu convaincante de ce qu’elle avait été, tout comme, dans son existence de mort-vivant, sa vie tout

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