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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Hébergé ensuite chez un vavasseur, il expose le but de sa quête. Son hôte lui révèle alors qu’il vient d’emprunter le chemin le plus dangereux pour parvenir au royaume de Gorre et qu’il connaît un autre chemin, plus paisible, mais beaucoup plus long. Lancelot choisit le chemin le plus court et le plus périlleux, et, le lendemain, il part en compagnie des deux fils du vavasseur. « Ils parvinrent peu après au Passage des Pierres. Une bretèche en barrait l’entrée, avec un guetteur aux aguets. »
    Il s’agit bien sûr d’un « passage étroit », un premier barrage sur la route qui mène à l’Autre Monde. Lancelot est obligé de lutter contre les guerriers qui veulent lui interdire d’aller plus loin. Mais il est vainqueur et, avec ses deux compagnons, il s’engage dans ce qui n’est pas encore un domaine interdit mais une zone frontière où peuvent se présenter de multiples dangers. Les trois hommes sont hébergés chez une mystérieuse Dame qui est sans aucun doute une des gardiennes de cette zone imprécise. Au cours du souper, surgit un arrogant chevalier tout armé qui injurie Lancelot, lui reproche d’être monté dans la charrette d’infamie et l’avertit solennellement qu’il lui arrivera malheur s’il continue son chemin et s’il tente de franchir le « Pont de l’Épée ». La menace n’est pas vaine et l’arrogant chevalier s’exprime ainsi : « Toi qui prétends franchir le Pont de l’Épée, écoute un peu : tu passeras l’eau si tu veux, sans peine et sans histoires. Grâce à moi, tu feras une rapide traversée dans une barque. Mais, s’il me plaît, quand tu seras sur l’autre bord, je viendrai te réclamer le prix du passage, et ce sera ta tête, selon mon bon plaisir. »
    Il n’est pas difficile de reconnaître dans le chevalier arrogant l’équivalent de Charon, le nocher des Enfers. Tout passage doit se payer, et au prix fort : si on ne meurt pas avant de franchir l’eau périlleuse, on risque sa tête en pénétrant indûment dans le monde interdit où ne sont admis que les défunts. Bien entendu, Lancelot refuse d’écouter plus longtemps l’arrogant chevalier et accepte de le combattre. Il est vainqueur de ce duel et ne consent à laisser la vie sauve à son adversaire que s’il s’engage à monter lui-même dans la charrette d’infamie, ce que refuse obstinément le vaincu. Survient alors une jeune fille qui lui demande de lui accorder un don. Croyant qu’elle vient implorer la grâce de l’arrogant chevalier, Lancelot accepte.
    Mais lorsque la jeune fille lui annonce que le don qu’il a accordé est tout simplement la tête du vaincu – qui est paraît-il félon et déloyal –, Lancelot hésite et donne une dernière chance à son adversaire. Il est de nouveau vainqueur et, pour respecter le don auquel il s’est engagé, mais qu’il désapprouve formellement, il coupe la tête de l’arrogant chevalier et la remet à la jeune fille qui la jette immédiatement, et sans explication, dans un vieux puits. Voici donc Lancelot libre de poursuivre son chemin vers le royaume de Gorre.
    Il est de nouveau hébergé chez la Dame qui l’avait déjà reçu, et, le lendemain, il part, toujours en compagnie des deux fils du vavasseur, mais également « d’un certain nombre d’exilés qui voulaient le suivre », tous désireux d’échapper à la tyrannie du sinistre Méléagant et plaçant tous leurs espoirs dans la réussite du héros. « Ils atteignirent alors le Pont de l’Épée et aucun d’eux ne fut assez hardi pour ne pas s’émouvoir. Ils avaient mis pied à terre et regardaient avec stupeur ce pont effrayant. On voyait fuir l’eau perfide aux flots noirs et grondants, comme ceux d’un torrent infernal, et on savait tout aussitôt que, tombé dans ce courant périlleux, nul ne pourrait résister. Quant au pont qui le franchissait, on voyait bien qu’il n’était pareil à aucun autre : c’était une grande épée bien polie qui brillait de blancheur, jetée en travers de l’eau froide. Elle mesurait bien deux lances de longueur. Il y avait sur chaque rive un grand billot de bois où elle était fichée. Certes, on ne pouvait craindre une chute causée par sa rupture ou son fléchissement, car elle semblait d’une solidité et d’une raideur à toute épreuve. Mais, ce qui ajoutait encore à la terreur, c’était d’apercevoir sur l’autre rive deux lions, ou bien deux léopards, enchaînés à un bloc de pierre.

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