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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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étrange personnage qu’est son cheval. Et c’est encore un élément chamanique de première importance. « Animal funéraire et psychopompe par excellence, le cheval est utilisé par le chamane, dans des contextes différents, comme moyen d’obtenir l’extase, c’est-à-dire la “sortie de soi-même” qui rend possible le voyage mystique. Ce voyage mystique, répétons-le, n’a pas nécessairement une direction infernale ; le cheval permet aux chamanes de s’envoler dans les airs, d’atteindre le Ciel. […] Le cheval porte le trépassé dans l’au-delà ; il réalise la “rupture de niveau”, le passage de ce monde-ci dans les autres mondes. […] Psychopompe et funéraire, le cheval facilitait la transe, le vol extatique de l’âme dans les régions interdites. La chevauchée symbolique traduisait l’abandon du corps, la mort mystique du chamane {97} . » Un texte comme celui de la Saga de Yann , tout empreint de réminiscences chamaniques, se présente donc comme une parfaite illustration de la conquête, par un être humain, d’un Autre Monde, situé dans ce cas quelque part dans l’infini du Ciel.
    Un autre conte breton, recueilli au XIX e  siècle dans l’île d’Ouessant, mais qui témoigne de la permanence d’une croyance remontant à la nuit des temps, conte intitulé les Femmes-Cygnes , est encore plus précis sur ce sujet. Le héros de l’histoire est un jeune berger, du nom de Pipi Menou qui, chaque jour, lorsqu’il fait paître son troupeau dans une prairie au bord d’un étang, voit « de grands oiseaux tout blancs, toujours trois, jamais plus et jamais moins, qui venaient de l’horizon le plus lointain et qui tournoyaient sur l’étang. Et après avoir tournoyé un long moment, les grands oiseaux blancs se posaient sur le rivage, au bord de l’eau tranquille parsemée de joncs et de nénuphars. Mais alors se produisait quelque chose de merveilleux : dès qu’ils touchaient terre, les grands oiseaux tout blancs se transformaient en belles jeunes filles toutes nues qui, après avoir rejeté leur plumage d’oiseau, se baignaient dans l’étang et y folâtraient sous les doux rayons du soleil. Puis lorsque le soir tombait, elles revenaient sur le rivage, ramassaient leur plumage, y pénétraient, et s’élevaient dans l’air pour disparaître, très haut, dans un grand bruit d’ailes, en direction du soleil couchant ».
    Bien sûr, le jeune berger est très intrigué par ce manège et voudrait bien en savoir plus. Or, c’est sa grand-mère qui, dans ce cas, joue le rôle d’initiatrice et lui révèle la réalité de sa vision : « Ce sont des femmes-cygnes, mon enfant. Elles sont les filles d’un puissant enchanteur. Elles habitent en un beau palais tout décoré d’or et de cristal, un beau palais qui est très haut dans le ciel, retenu par quatre chaînes d’or au-dessus de la mer. » Pipi Menou n’a plus qu’une idée en tête : aller voir ce qui se passe dans ce château dans les airs. De plus, il semble très ébloui par l’image radieuse et intemporelle que lui offrent ces êtres venus d’ailleurs. Sur les conseils de sa grand-mère, il dérobe le plumage de l’une des femmes-cygnes et ne consent à le lui rendre que si elle l’emmène jusqu’à ce palais féerique.
    Après avoir discuté avec ses deux compagnes, la femme-cygne accepte le marché proposé par le berger. Il lui rend donc son plumage. « Elle l’enfila prestement, le fit monter sur son dos, et les trois sœurs s’élevèrent dans les airs, si haut que le jeune garçon ne vit plus ni la terre ni l’eau. Il n’y avait que du ciel bleu et tout autour les rayons du soleil qui le noyaient dans une lumière dorée. Et bientôt, Pipi Menou aperçut le château de l’Enchanteur. C’était un palais d’or et de cristal, plus lumineux que le soleil lui-même, retenu au-dessus des nuages par quatre chaînes d’or qui descendaient du ciel {98} . » Bien sûr, comme dans de nombreux contes dans ce genre où le héros est confronté avec des épreuves imposées par l’Enchanteur, le diable ou une quelconque divinité, l’histoire se termine le mieux du monde : le jeune berger épouse l’une des femmes-cygnes, mais, ce qui est un signe révélateur de l’appartenance de ces femmes à l’Autre Monde, « on raconte que les enfants qui leur naquirent furent tous enlevés par les fées de la mer ».
    Mais si l’Autre Monde est situé dans le Ciel, qu’il soit un château

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