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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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quand ce rendez-vous, Tiron ?
    Il regarda à nouveau son maître, qui, apparemment, ne
faisait pas attention à lui, et soupira profondément.
    — Sur le Palatin. Près de la maison de Cæcilia se
trouve un terrain avec des arbres et de l’herbe, un parc ouvert entre deux
maisons. Je dois la rejoindre à trois heures de l’après-midi. Je ne savais pas
si ce serait possible. Elle m’a dit que je trouverais bien un moyen de vous
semer.
    — Tu n’auras même pas à le faire. Car je viens avec
toi.
    — Quoi ? (C’était Cicéron, scandalisé, qui
rentrait dans la pièce.) C’est hors de question. Ils ne se verront plus.
    — Si, rétorquai-je. Car j’en ai décidé autrement. À
chaque minute, d’ici à la fin du procès, je joue ma vie. Je n’abandonnerai
aucune piste susceptible de mener à la vérité.
    — Mais nous connaissons la vérité.
    — Vraiment ? Comme nous la connaissions il y a une
heure, avant la confession de Tiron ? Il reste toujours plus de vérité à
découvrir, encore et toujours. Entre-temps, je suggère que nous allions tous
prendre du repos. Une dure journée nous attend. Rufus a de quoi faire au Forum,
Tiron et moi avons rendez-vous avec la jeune Roscia. Et ce soir, tandis que
toi, Cicéron, tu peaufineras ta plaidoirie en prenant du bouillon de poireau,
nous trois assisterons à une petite fête donnée par l’aimable Chrysogonus dans
sa résidence du Palatin… Ainsi donc, bonne journée, Cicéron, et si tu veux bien
m’indiquer un endroit où dormir, bonne nuit !

8
    À quel moment notre hôte trouva le sommeil, s’il le trouva,
je l’ignore ; mais la première chose que j’entendis quand Tiron vint
doucement me réveiller dans ma petite alcôve en face du bureau fut Cicéron qui
déclamait de sa voix rauque en arpentant le jardin.
    — Veuillez considérer, chers citoyens, l’histoire d’un
certain Titus Clœlius de Tarracina, plaisante bourgade sise à une soixantaine
de milles au sud, sur la voie Appienne. Un soir après souper, il va se coucher
dans la même chambre que ses deux garçons. Au matin, on le trouve la gorge
tranchée. L’enquête ne découvrit aucun suspect ; les fils n’avaient rien
entendu. Ils furent pourtant accusés de parricide – avouons que les
circonstances ne plaidaient pas en leur faveur. Comment avaient-ils pu dormir
alors qu’on commettait chez eux un tel crime ? Pourquoi n’avoir pas volé
au secours de leur père ? Et quel meurtrier serait assez fou pour pénétrer
chez trois hommes avec l’intention d’en tuer un seul et de disparaître ?
    « Or, les bons juges
acquittèrent les deux frères et les lavèrent de tout soupçon. Et quelle
meilleure preuve donnèrent-ils de leur innocence ? Au matin, les fils
dormaient profondément. Etait-ce possible, argumenta la défense, si tant est qu’ils étaient
coupables ? Quel homme serait capable de commettre un crime aussi
répugnant aux yeux de la loi humaine ou divine, et de s’endormir paisiblement
ensuite ? Ceux qui auraient perpétré un tel outrage à la face du ciel et
de la terre ne pourraient fermer l’œil dans la même pièce, ni ronfler auprès du
cadavre encore chaud de leur père. C’est ainsi, chers concitoyens, que les deux
fils de Titus Clœlius furent acquittés… »
    — Ce passage est excellent, vraiment excellent. Pas un
mot à changer.
    — Dois-je ouvrir les rideaux ? demanda Tiron.
    J’étais assis sur le divan, les yeux bouffis, les lèvres
sèches. L’alcôve était une fournaise sans un souffle d’air.
    — Absolument pas. Je n’ai pas besoin de le voir. C’est
assez de l’entendre. Et je crains de ne pas supporter la luminosité. Aurais-tu
quelque chose à boire ?
    Il se dirigea vers une petite table et me versa de l’eau
contenue dans une aiguière d’argent.
    — Quelle heure est-il, Tiron ?
    — La neuvième heure du jour – deux heures
après midi.
    — Ah, il nous reste une heure avant notre rendez-vous.
Rufus est-il levé ?
    — Rufus Messalla est au Forum depuis longtemps.
    — Et mon esclave ?
    Tiron esquissa un sourire. Que lui avait fait Bethesda ?
Lui avait-elle donné un baiser sur la joue, lui avait-elle lancé une œillade ?
    — Je ne sais pas où elle est passée. Cicéron a donné
instruction qu’elle soit réservée à ton service, mais elle s’est offerte pour
aider en cuisine. Jusqu’à ce que le chef la renvoie.
    — Je comprends. Si tu vois l’intendant, dis-lui qu’il
peut la

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