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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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prendre
sur-le-champ, là, debout.
    Elle émit un tel gémissement qu’il n’y tint plus. Elle
paraissait avoir perdu toute raison, il en perdit la sienne. Oubliant qu’ils
pouvaient être surpris, il retroussa ses jupes et la renversa sur une table
basse aux pierres moussues entourée de bancs, et dégrafa sa brayette avec
fébrilité. Animée de la même fièvre, elle ouvrit les jambes pour les nouer
autour de sa taille, l’attirant à elle, haletante, gémissante d’un désir fou, offerte.
    Quand il pénétra profondément sa moiteur, il n’eut
plus conscience de son existence ni de celle d’Isabelle, ils étaient une même
entité, ils se boutaient si intimement qu’ils ne faisaient qu’un. Renversée sur
la table, elle se mordait les lèvres pour ne pas crier, et il étouffait ses
propres gémissements, la bouche enfouie entre ses seins. Le temps n’existait
plus, les autres n’existaient plus. Rien ne comptait que cet instant de grâce
pure, de jouissance divine. Il rugit sourdement quand il sentit les spasmes qui
secouaient Isabelle et compressaient sa verge. Mais il n’en avait pas encore
assez, il l’avait attendue si longtemps, il voulait la besogner à en mourir, à
la faire mourir. Elle eut un nouvel orgasme, et là, elle cria sans retenue. Enfin
il s’abandonna et jouit d’un dernier coup de reins en mordant les plis de son
surcot.
    *
    Isabelle, l’œil brillant, tint le soir même un
véritable conseil de guerre seule avec son frère Louis le Barbu, qu’elle
invita à souper. Elle était sans remords, Dieu avait créé des êtres imparfaits,
elle l’était. Nicolas Flamel avait dit de chercher l’illumination, elle l’avait
trouvée dans la jouissance de cette heure éblouissante. Elle aimait et était
aimée, elle avait besoin de cet amour vivifiant, elle ne voulait pas être une
poule pondeuse à la merci d’un dément qui la repoussait avec haine. Elle était
vivante, le roi était un mort-vivant.
    Elle se sentait combative, une nouvelle puissance
l’habitait, celle du frère du roi, régent de France, et celle de son frère qui
siégeait au Conseil. Ils seraient sa voix au sein du gouvernement.
    Pour commencer, elle lui conta avec colère son
entretien avec Nicolas Flamel, tandis que Louis le Barbu, affamé, engloutissait
à grands coups de cuillère le brouet aux choux de Sainte-Lucie, qu’Isabelle
dédaignait. Elle était trop exaltée pour manger.
    — Nous n’en tirerons rien de cette manière, conclut-elle
en prenant sur ses genoux Perldemay qui grattait ses ongles sur sa cathèdre. Il
ne sait que m’embrouiller avec ses philosophies.
    Voyant qu’elle ne mangeait pas et se contentait d’agacer
sa petite chienne qui lui mordillait les mains en grognant, il plongea les
doigts dans le brouet et en retira une saucisse confite qu’il lui tendit. Elle
refusa de la tête.
    — Mange, ma princesse ! insista-t-il. Cela
te calmera. Tu as l’air bien excitée ce soir ?
    Elle ouvrit la bouche avec mauvaise grâce, mais
Perldemay happa la saucisse avant sa maîtresse et sauta de ses genoux avec son
butin. Ils éclatèrent de rire, tandis que la voleuse se réfugiait derrière un
coffre pour dévorer à son aise. Louis le Barbu prit la parole tout en
touillant à nouveau dans la soupière.
    — Il nous reste la ruse. Je vais faire
surveiller ton alchimiste par deux gardes, de nuit comme de jour. (Il retira
avec contentement la saucisse convoitée, et l’agita en soulignant ses propos.) Je
les changerai fréquemment afin qu’il ne puisse les reconnaître. S’il possède
quelque part une chambre à fourneaux et à cornues, il finira bien par nous y
conduire.
    Il offrit enfin une autre saucisse à Isabelle, qui
s’en empara du bout des doigts avec une grimace.
    — Il est fort rusé lui-même, dit-elle. Recommande-leur
de se rendre invisible. Il faut aussi l’épier de l’intérieur, et n’aurais-tu
pas quelques jeunes secrétaires qui auraient bien besoin de se parfaire en
calligraphie ?
    — J’en ai à revendre, dit-il en éclatant de
rire.
    Perldemay était déjà de retour et faisait des
bonds, louchant sur les doigts d’Isabelle. Amusée, sa maîtresse suspendit la
saucisse au-dessus de son long et fin museau, la chienne fit alors un bond
prodigieux et la saisit dans sa gueule, puis trottina de nouveau vers sa
cachette pour la déguster, agitant avec triomphe sa queue en forme de point d’interrogation.
    — Tu vas lui gâter le corps, gronda

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