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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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d’eau
chaude. Il était mou comme une poupée de chiffon, l’œil hagard, seule sa
virilité se dressait. Ozanne demanda à rester seule, elle se dévêtit à son tour
et entra dans le bain. Tout en le lavant et l’épouillant d’un onguent de sa
composition, elle apporta un soulagement à cette tension intime. Il en eut un
grand apaisement de tous ces bons soins. Ozanne ne répugnait jamais à dormir
avec lui et à soumettre son corps à ses désirs, même au pire moment de sa
dégradation. Elle avait grande pitié de son amant, il était et resterait à
jamais l’amour de sa vie. Elle s’était initiée aux jeux de cartes qui le
distrayaient tant et, quand son état le permettait, elle faisait venir des
ménestrels pour l’égayer. Le Hardi avait donné à son neveu l’un des fous de sa
cour de Bourgogne, un nain de vingt ans, qui se nommait Cerise. Charles le prit
pour un enfant et joua avec lui comme jouent les enfants. Cerise, qui le
disputait en facéties à Capucine, s’attacha au pauvre fol, comme ce dernier s’attacha
à lui. Il fut nommé le Grand Organiseur des menus plaisirs du roi, une charge
fort bien payée et qu’il remplissait à merveille.
     
    Le roi empêché, Bourgogne s’imposa de nouveau au
gouvernement, et décida de régler l’affaire du schisme. Soutenu par l’Université,
il fit promulguer l’ordonnance de soustraction d’obédience à Benoît XIII, signée
par Charles VI au temps où il était en santé. Mais ce dernier avait
atermoyé à la publier, tant il était tiraillé d’un côté par son frère et, de l’autre,
par son oncle. Philippe le Hardi le fit à sa place, à l’insu d’Orléans. Puis
il ordonna que tous les cardinaux quittassent sur-le-champ Avignon pour s’installer
en face, à Villeneuve. Benoît se retrouva seul. Le Hardi envoya le maréchal de Boucicaut,
héros de Nicopolis, faire le siège du Palais des Papes. Benoît fit savoir qu’il
résisterait jusqu’à la mort.
    Le duc d’Orléans ne décolérait plus.
    — Que t’importe ton Pierre de Luna, lui
dit Isabelle qui tentait de le calmer. Tant qu’il était cardinal, il
distribuait à pleines mains l’or du pape Clément. Maintenant qu’il est élu, il
ne veut plus en distraire une pièce. Même Berry, qui en profita tant, s’est
détourné de lui.
    — Bourgogne gouverne à sa guise en l’absence
du roi. Ce n’est pas l’union de l’Église qu’il cherche, c’est l’abaissement du
régent.
    — Certes, quand tu lèves des impôts, Bourgogne
les abolit par décrets à chaque fois. C’est la popularité qu’il veut, et toi tu
ne cesses de déplaire, et je déplais avec toi. N’oublie pas l’opinion publique :
après le roi, elle est la deuxième force de ce royaume, et bien plus dangereuse.
    — Je n’ai que faire du jugement de la
populace ! s’écria-t-il, oublieux de ses terreurs d’enfant. Le Trésor
royal est vide, il faut bien le remplir !
    Isabelle, qui se faisait coiffer, resta ébahie
quand Nicolette intervint avec son audace coutumière.
    — Ma foi, et pourquoi qu’il est vide ? Ce
n’est pas que vous autres, les princes, vous y puisiez sans vergogne, c’est que
chacun veut être le seul à se servir ! Voilà d’où viennent toutes vos
empoignades !
    — Il ferait beau voir qu’une chambrière nous
donne la leçon !
    — La leçon, c’est la rue qui vous la donnera,
c’est moi qui vous le dis !
    — Nicole ! intervint sévèrement Isabelle.
    Orléans sortit en claquant violemment la porte et
en hurlant :
    — Je ne reviendrai que lorsque tu auras
châtié et chassé cette effrontée !
    Isabelle éclata de rire tout en songeant qu’il y
avait là matière à une future dispute. Elle ne renverrait jamais Nicole de Cholet,
elle aimait trop l’impertinence, et la jeune chambrière lui apportait son rude
bon sens, comme Jean la Grâce savait le faire.
    Cependant, elle pensait que la fille bâtarde de
Berry était l’oreille de ce dernier à la cour de la reine, elle ne se doutait
pas qu’elle était bien plus celle du sire de Bois-Bourdon, seigneur de Graville,
sénéchal du Berry.
    *
    L’église de Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux portait
le nom de la tenue des moines mendiants appelés « Serfs de Marie ». L’ordre
avait été établi par le grand Saint Louis.
    Les Blancs-Manteaux étaient à quelques pas de l’hôtel
Barbette.
    Deux Serfs de Marie, capuche rabattue, s’entretenaient
dans les allées du jardin du prieuré.

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