Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
Vom Netzwerk:
tout heureux du retour
de sa chère sœur, lui avait octroyé vingt mille livres tournois pour l’aménagement
dudit hôtel. Valentine revenait, triomphante, avec ses trois fils, Charles, Philippe
et Jean, le petit dernier. Si par le passé elle souhaitait la couronne de
France pour son époux, aujourd’hui elle voulait des royaumes pour ses enfants. Dès
son arrivée, elle s’était plainte à son cher frère du peu d’apanage de Louis, alors
qu’il était en charge d’héritiers.
    Le roi convint qu’un prince des Lys devait tenir
le train de son gouvernement. Il octroya à son cadet, en plus de ses
possessions en Val de Loire, le comté d’Angoulême, du Périgord et des
châtellenies en Picardie et en Champagne. Il permit aussi à son frère d’acheter
la riche baronnie de Coucy, une des clefs du royaume.
    Isabelle ne fut pas sans récriminer des largesses
faites à la famille d’Orléans. Elle ambitionnait de créer un vaste domaine au
nord de la capitale, autour de sa bergerie de Saint-Ouen. Charles lui alloua
Clichy-la-Garenne avec de nombreux bourgs et îles en Seine, et de grandes
étendues de labours et leurs revenus. Dans sa prodigalité, il lui acheta aussi
le manoir du Val-la-Reine qu’il se disposait à rénover et embellir sur le
Trésor royal.
    Charles croyait avoir contenté tout son monde, c’était
compter sans le duc de Bourgogne qui lui fit reproche des agrandissements
d’Orléans. On ne sait si ce fut la colère du Hardi qui ébranla de nouveau la
raison du roi. Toujours est-il qu’il replongea dans sa nuit, où il n’était ni
marié, ni roi, mais Georges. Il usa ses ongles de nouveau en s’escrimant à
faire disparaître toutes les représentations des fleurs de lys.
    Philippe le Hardi avait de ce fait les
coudées franches. Il relança ses efforts pour renverser l’empereur Wenceslas
qui avait osé céder le Luxembourg au duc d’Orléans. Bourgogne n’était pas un
prince à oublier ses rancunes, et il finit par obtenir sa destitution sans
difficulté. Les mœurs bassement crapuleuses de Wenceslas l’ivrogne choquaient
fort les cours de France comme du Saint Empire, et, de par son mauvais naturel,
il était ivre dès le matin, même lors des grandes assemblées. Wenceslas fut
déposé par la Diète et dut se réfugier en Bohême, le seul État qui lui restât
fidèle. Cette destitution mit Orléans en rage. Le conflit s’envenima encore
entre le frère du roi et Philippe le Hardi lorsque ce dernier soutint l’élection
de Robert de Bavière. Encouragé alors par Orléans, Wenceslas l’ivrogne
refusa de reconnaître sa destitution, et la légitimité de Robert I er .
    Le conflit gagna l’hôtel Barbette où Isabelle s’en
était retournée depuis la rechute du roi. Robert de Bavière était un
Wittelsbach comme Louis le Barbu, et, bien qu’ils ne se connussent guère, ils
avaient l’esprit de leur caste. La position d’Orléans, en cette affaire, leur
était une insulte. La querelle dégénéra quand Robert I er , bien
que très vieux, entreprit le voyage pour se faire consacrer par le pape italien
Boniface, mais il trouva, pour lui barrer le chemin, Jean-Galéas Visconti et
ses mercenaires. Cette rencontre coûta au nouvel empereur beaucoup d’hommes, des
sommes énormes et tous ses joyaux. Il dut s’en retourner couvert de honte, avec
les débris de son armée, sans avoir pu atteindre Rome. Valentine et Louis d’Orléans
applaudirent Visconti, mais la princesse de Bavière et son frère en furent
indignés.
    Puis, il y eut un grand scandale à l’hôtel des
Tournelles. Louis entretenait une liaison avec Mariette d’Enghien, épouse du
seigneur de Canny, chambellan de la maison d’Orléans. Une terrible
empoignade eut lieu entre les deux hommes, rapporta-t-on.
    — Qu’y puis-je, souriait Louis avec morgue
face à la fureur de l’outragé, si votre femme est ravissante et dansait le
mieux ?
    — C’est un rapt d’honneur ! avait hurlé
l’époux bafoué.
    — N’ayez crainte, je vous la rendrai bien un
jour, avait ironisé Louis d’Orléans.
    — Quand vous lui aurez fait un bâtard !
    — Un bâtard d’Orléans vaut plus qu’un fils
légitime d’un Canny !
    — Je vous en demande raison, monseigneur !
    — Mon épée est au service de Dieu, pas d’un
cocu !
    Ils en vinrent aux mains, il fallut les séparer, et
Louis d’Orléans arbora quelque temps un œil poché du plus bel effet.
    Si Valentine semblait résignée aux

Weitere Kostenlose Bücher