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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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l’humiliation le
rendirent fou furieux, il perdit tout discernement.
    — Vous feriez moins la fière, madame, à
savoir qui votre époux mignote présentement, qu’il en est amoureux, et qu’elle
attend un enfant de lui.
    La duchesse d’Orléans poussa un gémissement atroce
tandis que Capucine fonçait sur Craon avec une vélocité surprenante, dague en
avant. Le sire de Sablé tourna le dos promptement et s’enfuit en courant. Mais
pas assez vite car, d’un revers de lame, Capucine lui fendit le haut-de-chausse
de part et d’autre jusqu’à la chair. Le courtisan grogna de souffrance et
disparut, tenant ses fesses ensanglantées à deux mains.
    — En voilà un, ricana le fou, qui aura du mal
à s’asseoir ces jours prochains.
    Mais Valentine Visconti n’avait pas le cœur à rire.
     
    Sa réaction fut violente. Jamais, au grand jamais,
elle n’aurait avoué la tentative de viol, elle était trop grande dame pour
dévoiler ce rapt d’honneur humiliant, Capucine respecta le secret. Mais son
époux, à son retour, trouva une furie prête à lui arracher les yeux : qui
était sa maîtresse ? Était-il vrai qu’elle était grosse de ses œuvres ?
Louis d’Orléans para le coup en attaquant à son tour. Car, s’il était vrai qu’il
était infidèle, il n’avait engrossé aucune femme, du moins à sa connaissance.
    — Qui vous a dit cette vilenie, que j’étripe
cet infâme calomniateur ?
    — Infâme, certes ! Votre favori Pierre de Craon.
    — Vous ne verrez plus jamais, madame, ce
menteur et mauvais homme.
    Sur-le-champ, Louis alla se plaindre au roi. Ce
dernier trouva en effet que les indiscrétions du sire de Sablé étaient
intolérables. Il fit signifier au Breton qu’il était banni de sa cour, et même
de Paris, sans autres formes d’explications. Craon était certain que la
duchesse n’avait rien dit sur l’attentat à sa pudeur, car il serait alors au
fond d’une geôle. Il alla donc demander au duc d’Orléans les raisons d’une
telle disgrâce. Celui-ci se trouvait en compagnie d’Olivier de Clisson, et
il fit répondre à son favori qu’il ne désirait pas lui parler, ni ce jour d’hui,
ni jamais.
    Craon était le genre d’homme à n’être responsable
de rien, Orléans était avec le connétable, cela suffisait pour rendre ce
dernier coupable de son discrédit. Il se réfugia chez son cousin le duc de Bretagne
pour crier vengeance. « Clisson se dit le maître de la France, c’est de lui
que vient tout le mal, c’est de lui que me vient d’être un proscrit », dit-il
à Jean de Montfort. Le duc de Bretagne n’en demandait pas tant pour
haïr plus encore le Boucher borgne. L’injure faite à Craon était une injure à
sa personne. Il fallait se débarrasser une bonne fois pour toutes de ce méchant
connétable. Ils complotèrent ensemble pour le faire assassiner. La vengeance de
Bois-Bourdon prenait un tour qu’il n’aurait jamais su imaginer.
     
    À l’Hôtel solennel, le roi était repris par sa
frénésie des fêtes, au grand déplaisir des Marmousets qui comptaient leurs sous.
Ils n’avaient réussi à épargner l’or du Trésor que dans la fonte de la tête du
cerf supputé ; ils voyaient qu’ils n’iraient jamais au-delà. La reine, en
revanche, engrangeait toujours dans ses enfouissements les économies d’une
croisade dont le rêve s’éloignait. Louis le Barbu avait organisé la maison
de la reine à l’image de celle du roi. Il la voulait souveraine, initiée au
gouvernement en se gouvernant elle-même. Sa sœur avait maintenant sa chambre
des Deniers dont Louis était le Grand Trésorier. Elle tenait conseil avec son
frère, il y siégeait des seigneurs prestigieux comme l’évêque de Senlis ou le
sire de Rambouillet. Philippe de Savoisy, homme de gloire et de
sagesse, avait été nommé son grand maître d’hôtel. Quant à la place vacante du
capitaine de sa garde, elle était occupée par un comte bavarois, Etzel d’Ortembourg,
le promis de Catherine de Fastavavin.
    Plus jamais d’époux ! avait dit la
chambellane à son troisième veuvage, jusqu’à l’arrivée de Louis le Barbu
et de sa suite qui l’avait comblée de joie ; comme pour la reine, c’était
un peu de Bavière qui leur revenait. Jamais ! jusqu’à ce qu’elle croise le
regard irrésistible d’Etzel. Et depuis, l’amie d’enfance d’Isabelle rayonnait d’un
nouveau bonheur, le mariage était pour le début de

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