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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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peut se faire avec ce vassal félon
aux confins du royaume, qui bafoue à plaisir le Parlement et son suzerain !
Levons l’étendard de Saint-Denis contre lui.
    Orléans objecta que, avant la guerre, il serait de
bon ton d’organiser une conciliation. Les ducs de Berry et de Bourgogne
furent d’accord. Il fut décidé d’une rencontre à Tours à la fin de l’année
suivante. Le duc de Bretagne y consentit à condition que l’on tienne hors
de sa vue le connétable de Clisson.
    Les négociations furent longues et laborieuses. Le
duc d’Orléans en profita pour acheter le comté vacant de Blois, visé par le Camus
et Philippe le Hardi qui comptaient se le partager. Les oncles des Lys en
furent si marris, qu’ils décidèrent de surveiller de plus près encore les
ambitions du cadet des Valois. Ce fut à Tours, où traînaient les pourparlers, que
Charles VI fut à nouveau atteint d’une fièvre chaude qui le rendit égaré, les
yeux roulant dans leurs orbites. Puis cela passa. Charles VI et le duc de Bretagne
se quittèrent enfin sur de vagues promesses, notamment celle d’un mariage entre
Jeanne de France, qui n’avait guère qu’une année, et le fils aîné de
Montfort. Rien n’était réglé, mais on fit semblant. Charles fut de retour à
Paris à temps pour la naissance du dauphin. Mais quelques jours plus tard, il
fut atteint d’une nouvelle fièvre et de violentes douleurs d’entrailles. On en
conclut qu’il avait trop fêté la venue de son héritier, mais la crise passa
encore et personne n’eut le temps de s’inquiéter davantage. Après le duc de Bretagne,
il fallait régler l’affaire d’Angleterre.
    La rencontre se fit à Amiens, en mars 1392. Le
roi Richard devait venir, mais il resta à Douvres, et envoya son oncle à sa
place, le duc de Lancastre. Puisqu’il n’y avait pas le roi anglais, il n’y
aurait pas le Français. Charles VI délégua aussi ses pouvoirs à son oncle,
Philippe le Hardi. Cette rencontre entre ennemis devait être des plus
cordiales, la paix en dépendait. Aussi, il fut fait interdiction aux gens de
France de faire insultes aux Anglais, ni provocations d’aucune sorte, sous
peine de mort. Et, pour ce faire, Amiens fut investi de jour comme de nuit par
quatre mille hommes d’armes postés en surveillance.
    Mais il est bien des façons d’humilier l’adversaire,
et Bourgogne s’y entendit pour fâcher Lancastre, tant il déploya le faste de sa
personne avec un luxe si ostentatoire qu’il en était belliqueux. Rien ne
manquait à la magnificence de ses houppelandes de velours : broderies
prodigieuses d’or et d’argent, de saphirs, perles fines, rubis, et autres
pierres précieuses. Puisque la France était si riche, l’oncle de Richard II
rappela le traité de Brétigny, et le solde de la rançon de Philippe le Bon [47]  :
un million quatre cent mille francs or. Exaspéré du tour que prenaient les
négociations, Charles VI finit par s’en mêler directement, et revendiqua à
son tour trois millions pour dommages de guerre en territoire français, plus
Calais. S’il était possible de trouver un accord sur l’argent, Lancastre ne
voulut rien entendre pour rendre le port de Calais, « clef de la France à
la ceinture des Anglais ».
    — Il serait pourtant facile de nous allier, se
plaignit Charles VI, et de faire ensemble grande croisade.
    De la croisade, Lancastre n’en avait cure. Le roi
français voulut alors une rencontre au sommet avec son cousin d’Angleterre en
personne. Mais cette rencontre entre les deux monarques ne se fit pas, car
Charles fut victime à nouveau de la fièvre chaude. Il délira, perdit cheveux et
ongles, et parvint à s’en remettre tout en restant très affaibli. Mais d’autres
moururent de cette étrange maladie, dont son notaire et secrétaire, Étienne de Castel.
    Lorsque la nouvelle arriva à Paris, Isabelle reçut
son épouse, Christine de Pisan. La poétesse était effondrée de douleur.
    — Il m’est enlevé en pleine jeunesse, à l’âge
de trente-quatre ans, et moi de vingt-cinq. Il était dans sa fleur, apte à
monter de hauts degrés. Il me laisse seulette et sans ressource. Je désire plus
mourir que vivre.
    Mais elle était la défenderesse de la nef, avec
trois enfants, ses deux frères, Paolo et Aghinolfo, et sa mère à sa charge, elle
avait grand ménage à soutenir.
    — Pourquoi rester seulette ? Il me
serait facile de vous trouver un noble et riche époux, lui

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