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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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souffrance à venir.
    Doucement, elle s’apaisa. D’un léger renversement
du bassin, elle s’offrit. Alors il lâcha sa prise, il l’ouvrit, délicatement,
comme on ouvre les pétales d’une fleur. Il se mit à la lécher longuement. Il
aimait son odeur, sa moiteur.
    Isabelle s’abandonna totalement, hors de sens. Il
la lécha jusqu’à ce qu’elle délire et qu’elle jouisse, en longs spasmes. Alors
il la pénétra, comme elle aimait qu’il le fît, d’un seul coup. Ils se sentirent
aspirés dans un tourbillon de lumière, laissant tout ce qui n’était pas eux
dans les ténèbres de l’oubli. Ils étaient seuls.
    Ils n’étaient qu’un.
     
    Elle reçut sa semence, au plus profond du mystère de
son ventre.

20
L’épée de l’ asag
    Roland frappe sur une pierre bise. Il en abat plus
que je ne saurais vous dire. L’épée grince mais ni ne s’ébrèche ni ne se
brise ; elle rebondit et remonte vers le ciel. Quand le comte voit qu’il
ne la brisera pas, très doucement il la plaint se parlant à lui-même : « Ah !
Durandal comme tu es belle et sainte ! Dans ton pommeau d’or, il y a
foison de reliques : une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile,
des cheveux de mon seigneur saint Denis, du vêtement de sainte Marie…
    Dieu ne permettez pas que la France en ait
honte ! »
    La Chanson de Roland
    La nuit était noire, le samedi de la Saint-Séverin
s’achevait, la minuit allait sonner. La reine se tenait réfugiée en son gîte où
elle avait désiré rester seule.
    Des coursiers royaux avaient été dépêchés pour
confirmer le retour du Charles VI dans les deux jours, le
28 novembre 1385. Sa Majesté faisait aussi savoir, par ce même
courrier, qu’elle désirait en son église Saint-Paul chanter les laudes du
lendemain, premier dimanche de l’avent, avec toute la mesnie royale, comme cela
avait été fait dix-huit ans auparavant au matin de sa naissance. Les deux jours
étaient passés, l’imminence de ce retour terrifiait Isabelle.
    Elle était assise dans un faudesteuil, le buste
raide, devant sa « damoiselle à atourner ». C’était un guéridon de
toilette, surmonté d’une grosse vis, où s’articulaient deux bras pivotants, et
qui se terminait par une tête sculptée où s’apprêtaient les coiffures. L’ensemble
paraissait contrefaire une damoiselle dont il tirait son nom. Cette silhouette
roide de marionnette, au visage de bois à l’expression pétrifiée, lui semblait
à son image. Que n’était-elle d’autre qu’un pantin, mû par des liens invisibles
qui la contraignaient d’accueillir son époux, en dépit d’elle ?
    L’un des bras de la damoiselle à atourner
supportait un panier empli d’épingles, de peignes d’ivoire ou d’écaille, et
divers affiquets ; sur l’autre était fixé un miroir d’argent poli. Il lui
renvoyait le reflet de son visage où elle s’efforçait d’afficher un air de
noblesse détaché.
    Isabelle s’y voyait pâle et crispée, malgré ses
efforts ; elle tremblait, son cœur battait douloureusement dans sa
poitrine, à grands coups sourds. Revoir celui qui l’avait si méchamment violée
lui était insupportable. Elle sursauta alors que Catherine entrait comme une
flèche.
    — Isabelle ! mon Isabelette, il faut
venir, on dit le roi au portail de l’hôtel.
    Le cœur de la reine s’arrêta, elle ferma les yeux,
elle avait une peur horrible. Catherine lui prit la main, la pressant à se
lever.
    — Viens, mon Isabelle, on n’attend plus que
la reine, il arrive !
    La princesse de Bavière respira profondément,
et se dressa.
    — Je viens, répondit-elle d’une voix qu’elle
tenta d’affermir, elle se signa et ajouta : Que Dieu me vienne en aide.
    *
    La salle aux Bourdons luttait contre l’obscurité de
tous les feux de ses lampiers et de sa couronne de lumière. Ses deux vastes
cheminées en vis-à-vis flambaient, dévorant d’énormes tronçons d’arbre. La
foule des courtisans, en grands atours, s’y pressait.
    Dès la veille, des tables avaient été dressées.
Elles étaient surchargées de petits pâtés et galettes épicés, et de fontaines
d’hypocras ; le vin chaud embaumait des vapeurs de ses aromates, la cannelle,
le gingembre et le poivre.
    Le samedi, à sixte, les services étaient fin
prêts, les feux des hôtels princiers avaient tous été allumés, et l’église
Saint-Paul était réchauffée par des chariots de braises.
    Il ne manquait plus que le roi.
    Le jour

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