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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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annoncer. Isabelle s’étonna de cette visite impromptue, et
le fit introduire aussitôt, tandis qu’elle s’installait devant sa damoiselle à
atourner afin qu’Ozanne achève de la coiffer.
    Son précepteur arriva tout souriant, la salua et s’excusa
avec malice de la déranger dans son intimité. Puis il tira un escabeau près d’elle
et s’y installa sans plus de façon. Il sortait, lui dit-il, de l’hôtel de Bourgogne
où il avait ses entrées. Il avait pris soin en effet d’y poursuivre sa cour, espionnant
sans vergogne le duc qui ne se méfiait pas du vieux sage dont il aimait la
conversation.
    — Et j’ai bonne nouvelle, annonça-t-il. Le
Hardi est en colère, et la colère est mauvaise conseillère.
    — Qui donc a mis mon bel oncle dans cet état ?
    — La duchesse de Brabant.
    Les yeux de la princesse de Bavière
étincelèrent de fureur à l’évocation de la douairière. Mézières admira leurs
fulgurances violettes, si bien assorties au parfum dont elle embaumait, avant
de s’empresser d’enchaîner :
    — Je sais, je sais, ne vous emportez pas. Est-ce
que je ne viens pas de vous dire que la colère est mauvaise conseillère ?
    — Est-elle toujours aussi malade ? rétorqua-t-elle
sans désarmer.
    — On le dit, elle souffre grandement d’une
plaie variqueuse à la jambe et la douairière a considérablement grossi de son
impotence.
    — Tant mieux !
    — Bien ! Maintenant que j’ai satisfait à
votre désir de revanche, madame, me laisserez-vous vous dire ce qui m’amène ?
    — Je vous écoute, monsieur de Mézières, consentit
à sourire la jeune souveraine.
    — La duchesse de Brabant, donc, vient de
faire parvenir un courrier à son beau-neveu monseigneur de Bourgogne alors que
j’étais céans. Elle s’y plaignait de son voisin, le duc Guillaume de Gueldre,
qui harcèle ses places fortes de la Meuse, menace d’envahir son duché et de le
prendre par la force.
    — Le duché de Brabant n’est-il pas l’héritage
de Marguerite de Flandre, et par conséquent celui du duc de Bourgogne ?
    — Si fait, madame, c’est pourquoi il se sent
personnellement outragé. Aussi Philippe se prépare à s’entretenir avec le roi
pour porter secours au Brabant et laver l’affront. Il veut obtenir de lui une
guerre contre de Gueldre, alors que le pays est encore exsangue du
naufrage de l’Écluse.
    — Je vous entends, mais ne vous suis pas, répondit
Isabelle, qui ne voyait pas où Mézières voulait en venir.
    — Patience et écoutez-moi bien, madame. À l’heure
du souper, le duc de Bourgogne exposera son affaire au roi. Vous y serez
donc. Alors, vous vous opposerez fermement et ouvertement à lui puisque vous êtes
son ennemie déclarée. Ainsi, vous ferez écran à nos manœuvres qui viseront à
cette guerre à tout prix.
    — Encore une guerre…, fit la reine, pensive.
    — Oui, encore, et encore au profit de Bourgogne.
Il fallait empêcher le Passage d’Angleterre car le projet était grandiose. Il
nous faut pousser à cette campagne contre de Gueldre car l’entreprise est
misérable. Il faudra à nouveau lever des impôts, lancer des emprunts forcés, et
autres coercitions propres à exaspérer davantage l’opinion ; alors comptez
sur les conjurés de Montjoie Isabelle pour rendre Philippe le Hardi plus
impopulaire qu’il ne l’est déjà.
    — Je vois… et vous pourrez aussi compter sur
moi ce soir, monsieur de Mézières, pour faire enrager mon bel oncle, assura-t-elle
avec une moue espiègle.
    — J’en suis persuadé, sourit-il à son tour. Et
n’omettez pas de rappeler que la France est liée par un pacte d’alliance au duc
de Gueldre. Votre époux possède au plus haut point l’honneur de ses
engagements, Bourgogne le sait, et cela l’énervera encore plus.
    — Je n’y manquerai pas, approuva Isabelle qui
s’amusait des roueries de son mentor.
    — Et rappelez une nouvelle fois au roi qu’il
a promis de vous faire sacrer solennellement à son retour de l’Écluse. Cela
achèvera le Hardi.
    La reine éclata de rire.
    Le précepteur était visiblement satisfait, mais il
ne semblait pas décidé à prendre congé. Il se mit à se gratter la barbe d’un
air tracassé.
    — Avez-vous autre chose à me dire, monsieur ?
s’impatienta-t-elle, songeant au temps qui passait et à son rendez-vous avec le
roi.
    — C’est que j’ai aussi requête plus délicate
à vous présenter.
    — Je vous écoute, monsieur de

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