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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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d’amicale apparence, consolant.
Louis s’amollit et se mit à pleurnicher.
    — Ce débauché tient la reine enfermée
derrière ces murailles.
    — Certes, il est bien triste de maintenir en
cet état une si jeune et si noble dame, répondit doucement Pierre Aycelin.
    Il laissa passer un temps. Il hésitait, et
pourtant il se sentait capable de tout pour ne pas perdre ce prince dont la
peau était si douce sous ses doigts. Son idée était folle, et peut-être
follement dangereuse. Mais poussé par le mauvais ange de son désir, il reprit :
    — Cependant, que peut craindre la reine avec
un prince de France ? Qui oserait s’attaquer à fleurs de lys ? reprit-il
de sa belle voix de basse.
    — Vous avez raison, cardinal, mon écusson me
garde et la gardera, elle, qui n’aime qu’à courir la campagne… (Suivant le fil
de ses pensées, il lança soudain avec indignation.) Savez-vous que le roi ne
lui a même pas baillé une haquenée à sa convenance ? Et voyez comme on me
laisse démuni, je n’ai pas de quoi lui offrir une pouliche digne d’elle.
    — J’en ai une en mes écuries, et de la plus
belle race. Je vous la céderai volontiers, monseigneur, proposa doucement le
prélat en pressant toujours de ses mains les épaules nues du prince.
    Le visage de ce dernier s’éclaira :
    — Vraiment, cardinal ?
    Pierre Aycelin le lâcha alors que revenait l’écuyer
pour l’habillement de Louis d’Orléans, et s’éloigna quelque peu, envahi d’un
froid soudain, une brûlure au creux des paumes. Mais il se reprit rapidement, tandis
que Louis enfilait un pourpoint mi-partie cramoisi, mi-partie bleu fleurdelisé.
    — Elle est fine et rapide comme le feu, comme
sa robe alezane, expliqua l’homme d’Église. Aussi, c’est ainsi qu’elle s’appelle :
Alezane. Elle a juste trois ans. Voulez-vous la voir ?
    Louis se mit à bousculer et presser son écuyer, soudain
très agité.
    — Sur-le-champ, si cela vous va !
     
    Entre Alezane et Isabelle, ce fut le coup de
foudre.
    Louis, enthousiasmé après sa visite aux écuries, avait
couru chercher la reine, impatient de lui montrer la pouliche. Isabelle, qui s’ennuyait,
en avait retrouvé un grand souffle de vie. Affolant tout son monde, elle avait
remis précipitamment sa tenue d’écuyère du matin. Elle disait ne pas pouvoir
sentir un cheval en robe d’atour.
    La bête était splendide, haute au garrot, vibrante
d’énergie. Isabelle, enfourchant fermement la jeune haquenée, contrôlait tout
juste le trot du fougueux animal dans les jardins de la basse-cour.
    — Cette pouliche a besoin de grands espaces, recommanda
le cardinal de Laon, songeant qu’il jouait avec le feu.
    — Le moyen de faire autrement, répondit
rageusement Louis d’Orléans qui observait les évolutions de la princesse de Bavière,
tout en tenant son propre cheval par le mors.
    — Alezane est à peine débourrée. Pour que la
reine puisse la prendre en main, il serait bon d’aller courir la campagne.
    — Mais Bois-Bourdon l’interdit, vous dis-je !
jeta le prince comme un enfant impatienté par l’étrange surdité qui affecte
parfois les adultes.
    Alezane broncha alors qu’une poule passait en
caquetant entre ses jambes fines. Isabelle maîtrisa aussitôt sa pouliche, puis
la laissa reprendre l’allure.
    — Et il est à parier que le capitaine de la
garde sera bientôt fort occupé ailleurs, laissa tomber Montaigu, sibyllin.
    Louis jeta un coup d’œil étonné à son précepteur. Se
pouvait-il qu’il l’encourageât à en profiter pour désobéir ? Il haussa les
épaules.
    — Quand bien même. Il n’est pas une poterne
qui ne soit gardée, marmonna-t-il avec amertume.
    — Si fait ! Je connais un goulet dans la
muraille du verger. Un goulet que le sire de Graville ne connaît pas.
    Le jeune Orléans en resta ébahi.
    — Viendras-tu ? l’appela soudain
Isabelle.
    Plantant là son précepteur et ses tentations, Louis
de France prit son élan et sauta sur son cheval sans toucher les étriers, ce
qui était d’un usage remarquable pour un bon cavalier, mais surtout devant la
dame de son cœur.
    La cour basse, comprise entre la première et
deuxième enceinte, renfermait les potagers, les jardins, les écuries et toutes
les dépendances du château de Beauté. Elle était séparée de la haute cour par
trois poternes qui enjambaient des douves.
    — Allons sur la haute cour, cria Louis à la
reine en talonnant son coursier, nous y

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