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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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par avance de cette fête païenne, souvent fort licencieuse,
qui se donne à l’occasion d’une union mal assortie ou pour le remariage d’un
veuf.
    Et soudain joyeux, il éperonna son cheval, imité par
ses seigneurs. Charles VI était ainsi fait, le plaisir de ceux qui lui
étaient chers devenait le sien, et il avait appris à connaître et à aimer son
grand écuyer au cours de cette campagne. Adémard était devenu l’un de ses
favoris.
    *
    Le Hardi, resté seul dans le pavillon royal, était
silencieux et soucieux. Il avait reçu par le même courrier une lettre
personnelle de la duchesse de Bourgogne qui lui parlait de la perdurance
des mauvaises dispositions de la reine envers le roi. Elle lui narrait
également sa folle équipée avec le duc d’Orléans dans la forêt de Vincennes, et
qu’après cette grande peur, Isabelle se montrait plus docile, moins
imprévisible. La reine paraissait même soucieuse de s’instruire des affaires de
la France, et contre toute attente, elle avait choisi pour ce faire le sire de Bois-Bourdon
qui se révélait avoir une excellente influence sur elle, malgré la mauvaise
réputation de ce dernier.
    Philippe sourit. Lui seul connaissait le sire de Graville
et la haute intelligence de son homme lige. Certes, Bois-Bourdon ne pouvait pas
commander au cœur de la reine, mais il saurait lui apprendre à reconnaître et à
tenir sa position. Et il n’est pas besoin du cœur pour mettre des enfants au
monde, songeait Bourgogne avec irritation. Il faudra bien que la reine se
soumette à ses devoirs de génitrice. Sinon, il devrait la faire répudier au
plus tôt. Le duc était obsédé par la nécessité de donner des héritiers à la
couronne de France.
    Un héraut d’armes pénétra dans le pavillon.
    — Sa seigneurie Guillaume, duc de Gueldre,
demande audience à sa seigneurie le duc de Bourgogne.
    Le Hardi sourit : « L’amant de ma
belle-tante de Brabant », songea-t-il. Déjà le jeune duc de Gueldre
entrait sans plus attendre en ôtant son heaume. Il était grand, longiligne, blond
presque blanc, et ne manquait pas de prestance, armé tout d’argent franc. On l’avait
surnommé Guillaume l’Argenté tant il étincelait sur les champs de bataille. Il
avait à son service trois valets dont la seule charge était d’astiquer son
armure. Son orgueil était sans limites, à l’inverse de son duché minuscule. Il
cherchait de solides protections, ce qui l’avait poussé à se mettre au service
du roi de France dans son interminable guerre avec l’Angleterre.
    Il salua profondément le duc de Bourgogne qui
lui rendit son salut.
    — J’ai de mauvaises nouvelles de Bruxelles. Notre
très chère et très noble duchesse Jeanne de Brabant serait indisposée. Je
suis son plus fidèle ami et voisin. Souffrez mon seigneur que je me retire de
ce siège qui s’éternise pour courir lui porter assistance, et la soutenir dans
le gouvernement de son État.
    Bourgogne prit un air de circonstance, affectant
une profonde affliction.
    — Je suis fort marri d’apprendre que ma bonne
tante est malade. Et je vous sais gré de courir lui porter assistance. Mais
pour le gouvernement de son État, ne prenez pas cette peine. J’y ai déjà pourvu.
    Le jeune duc rosit :
    — Que dois-je comprendre, monseigneur ? La
duchesse m’a toujours honoré de sa confiance depuis son veuvage qui faisait d’elle
une femme esseulée.
    — Je n’en doute pas.
    Malgré sa mine grave, le Hardi s’amusait
beaucoup. Il se leva, déployant sa puissante personne. Il n’était point armé et
arborait une de ses riches et vastes houppelandes qu’il affectionnait. Gueldre,
bien que plus grand, en apparut plus fluet dans son armure ostentatoire. Bourgogne
le savait aussi fat que stupide. Il posa une main condescendante sur l’épaule
du chevalier, prenant un air accablé :
    — Aux noces royales d’Amiens, ma belle-tante
fut déjà victime d’une attaque qui nous donna bien du souci. Aussi je me suis
porté garant de mon soutien.
    — Au nom de quoi, monseigneur ? demanda
Guillaume qui rougissait de plus en plus.
    Philippe le Hardi joua l’étonnement :
    — Mais… au nom du roi, et au nom de mon
épouse bien-aimée, Marguerite de Flandre, la nièce de M me  de Brabant – et
son héritière.
    — Depuis quand, monseigneur ? demanda le
duc de Gueldre, écarlate.
    — Mais depuis que M me  de Brabant,
soucieuse de sa santé, a mis ses affaires en ordre en signant

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