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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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genou. Sa voix s’affermit pourtant.
    — Tu te souviens de cette femme dans ton cauchemar ? Celle qui te menait à la créature démoniaque ?
    Il se crispa. Elora ramena sur le devant de son mantel la lourde masse de sa chevelure qui, volant au vent, lui fouettait le visage. Elle la tortilla puis l’emprisonna dans sa main.
    — Si je m’en tiens à la description que ton père a faite, il se pourrait bien qu’elle soit ta mère. Ta vraie mère.
    Il blêmit et Nycola le jeune avec lui. Elora s’affaissa des épaules. Elle était fatiguée. Anormalement fatiguée, aspirée par une force invisible qu’elle n’avait jamais ressentie jusque-là et dont elle avait passé les derniers jours à rechercher l’origine. Elle avait fini par comprendre qu’avoir usé d’une telle magie pour ramener Khalil à la vie l’avait fait repérer par Marthe. La Harpie attendait son heure elle aussi. Tapie dans l’ombre. Et activait à distance le lien qui les unissait pour la détruire ou l’inféoder. Elle poursuivit d’une voix troublée :
    — Je dois savoir, Khalil. C’est important. Tu comprends, n’est-ce pas ? Je dois savoir si je peux empêcher ça…
    Un instant de silence. Troublé d’un grondement au-dessus de la mer. L’horizon charriait de lourds cumulus gris. Le vent forcit sur la falaise. L’air devint électrique. Comme son père qui le pressa plus fort, Khalil frissonna.
    — Et si tu ne peux pas ?
    Elora ouvrit les bras dans un geste d’impuissance.
    — Alors ce sera à toi de trouver le moyen de me sauver. De nous sauver.
    Khalil revit le mur noir de sa geôle, se remémora la douleur du fouet, la déchirure du poignard des malandrins dans Rome, le froid de la camarde sous celui de César. Et la lumière bleue. Pailletée d’or. Chaleureuse. Puissante. Comme une eau délicate qui l’avait envahi chaque fois, lavé, épuré. Il se rappela les images qu’elle avait réveillées en lui. La ville blanche aux sept rivières. La tour qui, au centre, protégeait une table de cristal au travers de laquelle, venu du cœur de la terre, jaillissait un rayon bleu. Les trois flacons de même couleur, de forme pyramidale, qui récupéraient cette énergie pour nourrir le liquide qu’ils contenaient. Et elle, Elora. Elle dans sa splendeur divine, emplie de tant d’amour et d’espoir que sur son passage les sources taries redevenaient bruissantes.
    La promesse d’un renouveau. Depuis sa renaissance il avait cessé de cauchemarder. Et c’était grâce à elle. Grâce à cette Elora-là. L’envie de la retrouver l’emplit tout entier.
    Il s’apaisa. Lui tendit la main, ainsi qu’à son père. Les noua toutes deux dans la sienne. Sourit enfin.
    — D’accord, dit-il. Comme ça, ça me va.
    *
    La surprise qui s’abattit sur les traits de Hugues de Luirieux fut un baume pour le cœur de Fanette.
    — Referme la porte, prévôt, il est inutile d’alerter tes hommes, je suis venue me rendre.
    Il obtempéra, désappointé. Le gouverneur de la ville était un bavard qui devait souvent s’humecter la langue. Chaque fois qu’il vidait un verre, il le faisait remplir, tout comme celui de son interlocuteur. Hugues de Luirieux avait donc l’esprit plus aviné qu’il ne l’aurait fallu en ce soir de feste. Cela expliquait pourquoi il voyait Fanette dans les vêtements de Petit Pierre. Elle l’obsédait. Tout à l’heure encore, quand il avait été obligé de faire garer la voiture sur le bas-côté, qu’il était descendu en trombe, s’était calé dans une encoignure de mur, la vessie trop pleine pour aller plus avant, et qu’oubliant sa misère il s’était soulagé. Ses braies en étaient encore inondées. Il gagna un tabouret et s’y laissa choir en grinchant.
    — Donne de la lumière, Petit Pierre, et cesse ces agaceries. Je suis fatigué.
    Fanette enflamma les quatre bougies du chandelier et rapprocha celui-ci de son visage, pendant qu’il ôtait ses bottes.
    — Est-ce mieux ?
    Il grogna sans lever la tête, empêtré de gestes gourds au moment de se déshabiller. Fanette attendit qu’il se lève, à moitié nu, amusée de le savoir à merci et bien décidée à en profiter.
    C’est ainsi qu’il la découvrit enfin, un sourire narquois aux lèvres devant son anatomie rectifiée qu’un bouton manquant de sa chemise lui révélait. Il lui fallut quelques minutes encore avant de dessoûler d’un coup et de blêmir de son ridicule.
    Il

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