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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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descendance…
    Ricana :
    — C’est comme pour pisser. Faudra t’habituer.
    Un dernier râle. Elle mourut en souriant. C’est alors seulement qu’en plus de tout le reste, Hugues de Luirieux réalisa que, sans sa maladresse, il aurait fini comme elle.
    Empoisonné.

29
     
    Mathieu se dressa brutalement sur la couche, roulant des yeux fous, la bouche ouverte, aspirant un air qui semblait ne pas vouloir emplir ses bronches. Assoupi dans une position inconfortable, Enguerrand de Sassenage, qui le veillait nuit et jour depuis son retour, sursauta dans son fauteuil. Malgré ses courbatures, il bondit, se cogna le petit orteil contre l’angle d’un coffre, se maudit d’avoir laissé le feu et avec lui la lumière s’affaiblir et vint s’asseoir sur le bord du lit. Mathieu était déjà retombé sur les oreillers, les paupières closes. La barbe hirsute, les cheveux mal peignés, amaigri d’inquiétude, le chevalier ne valait guère mieux en apparence que son ami d’enfance. Il porta un index au cou de ce dernier. Le pouls était rapide et irrégulier, le souffle restait court. La main qui s’abattit pourtant brutalement et enserra son poignet était aussi ferme qu’autrefois.
    — Avise-toi de m’étrangler et je te brise les os, grinça le malandrin en dardant sur lui deux prunelles chargées de rancœur.
    Enguerrand de Sassenage se sentit aussitôt soulagé de la tension qui le tenait depuis qu’il avait découvert Mathieu inanimé. Visiblement ce dernier n’avait perdu ni force, ni mémoire. Il haussa les épaules, se gaussa :
    — Je l’aurais pu cent fois pendant que tu dormais. Me crois-tu assez fol pour attendre que tu sois réveillé ?
    Se rangeant à cet argument, Mathieu desserra son emprise et referma un instant les yeux, le temps de calmer la folle sarabande de son cœur face à la corde qu’il avait sentie enserrer son cou. Frottant sa peau meurtrie, Enguerrand s’écarta pour lui servir à boire.
    Lorsqu’il revint, porteur de vin épicé, il trouva Mathieu adossé contre les oreillers, les sourcils froncés et les yeux dans le vague. Enguerrand se demanda si le cauchemar qui avait hanté chacune des nuits de son inconscience en était la cause. Bien qu’il l’ait fait se dresser de même, c’était la première fois qu’il était assez puissant pour l’en extraire totalement. Il préféra n’en pas parler pour le moment. Laisser venir les choses. Mathieu accepta le verre tendu, en avala une gorgée, puis deux, avant de le vider, de passer une manche de chemise sur sa bouche et de demander :
    — Quel jour sommes-nous ?
    — Le vingt-huit janvier.
    Mathieu sursauta si fort qu’Enguerrand se félicita qu’il ait étanché sa soif au préalable. Le visage de Mathieu se décomposa. Il répéta.
    — Le vingt-huit… Déjà…
    Son abattement soudain était si poignant qu’Enguerrand eut le sentiment, puissant, d’être passé à côté de quelque chose de vital. Il n’eut pas le temps de s’en inquiéter davantage. Balayant son inertie et sa désespérante impuissance, la colère ramena un râle de bête sauvage aux lèvres de Mathieu. Le gobelet tomba sur les draps et Enguerrand, surpris, fut précipité en arrière d’un coup de tête vengeur en plein ventre.
    Le chevalier se plia en avant. Le temps pour Mathieu de sauter du lit, de se jeter sur lui et de le couvrir de coups d’autant plus violents qu’Enguerrand refusait de les rendre. En quelques secondes la porte s’ouvrit et celui qui avait abattu Mathieu une première fois l’empoigna aux épaules.
    — Ne lui faites pas de bal, ordonna Enguerrand d’une voix nasillarde, le visage en sang.
    Mathieu n’offrit pas de résistance. Tout ce qu’il avait de force, il l’avait donné dans ce combat. Sa tête dodelina, mais il ne perdit pas connaissance cette fois.
    — Recouchez-le et faites bonter un repas conséquent.
    — Avec du vin, ajouta Mathieu.
    — Avec du bin, confirma Enguerrand en se précipitant vers une bassine.
    Il y versa l’eau contenue dans un broc, y trempa son visage, puis essuya avec une serviette le sang qui continuait de couler de son arcade sourcilière et d’une narine.
    — Pour un bourrant, tu gognes fort.
    Mathieu ricana depuis sa couche réintégrée.
    — Donne-moi les moyens de récupérer et tu verras mieux encore.
    Enguerrand pinça l’os de son nez, le rajusta d’un coup sec en étouffant un juron puis, revenant vers Mathieu, soupira.
    — En te sauvant de la

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