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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ressortit, rassérénée. Se heurta à Hugues de Luirieux. N’aima pas le rictus cruel à ses lèvres, le ton goguenard de sa voix.
    — Je me demandais à quel moment je verrais ton vrai visage, la Fanette, je suis servi.
    Elle haussa les épaules.
    — Me croyez-vous sans âme, sans cœur ? Ces femmes et ces enfants ne m’ont rien fait, il est normal que je sois bouleversée.
    Un rire cynique lui répondit.
    — Bouleversée ? N’importe qui le serait…
    Il lui empoigna le bras avec violence, la ramena derrière le couvert de la toile.
    — … N’importe qui sauf toi. Pas une once d’humanité. Pas une.
    Il serra plus fort sa tenaille, l’œil brûlant.
    — Vous me faites mal.
    — Et à qui vas-tu t’en plaindre ? À ton beau chevalier ? Crois-tu qu’il voudra te protéger lorsqu’il saura que tu as condamné tes propres enfants ? Deux fils, m’a confié ce bougre que tu as questionné. Deux, Fanette. Quelle mère le ferait ? Quelle mère, dis ?
    Les doigts lui broyèrent le coude. Elle plia sous la douleur, des larmes dans les yeux. Hugues de Luirieux la força à s’agenouiller.
    — C’est Villon, leur père ? Ou le Mathieu de Sassenage ? Tu vois, je suis bien renseigné. Sur toi aussi crois-moi, assez pour te faire pendre.
    Il la lâcha d’un bloc et la gifla. Elle s’écrasa sur la natte de jonc tressé qui recouvrait le sol, se démit l’épaule contre un amas de calcaire, hurla de douleur. Un violent coup de pied lui enfonça une côte.
    — Réponds !
    Tremblante de douleur, la lèvre ensanglantée, recroquevillée sur la certitude de sa fin, elle hoqueta :
    — Les deux.
    Hugues de Luirieux frotta son poing.
    — Une chienne, voilà ce que tu aurais pu être, Fanette. Mais même pas. Une chienne ne sacrifie pas ses petits. Où sont-ils ?
    Elle secoua la tête. Qu’il la batte à mort s’il voulait. Elle ne dirait rien.
    — Tu te trompes, Luirieux. Je n’ai jamais été plus humaine qu’en cet instant…
    — Il est trop tard pour le découvrir.
    Il écarta la tenture, héla un soldat à proximité :
    — Enfoncez-vous dans la grotte et ramenez-moi ceux qui s’y cachent… vivants. Ils nous seront utiles si Villon et Mathieu réchappaient de l’embuscade.
    Fanette voulut se relever.
    — Laissez-moi y aller. Je saurai vous guider.
    La tenture retomba. Luirieux lui fit face. La regarda chercher un appui, le prendre, avant de lui agripper les cheveux en arrière et de lui flanquer un méchant coup de genou dans l’estomac. Elle s’écroula devant lui, le souffle coupé.
    — Tu ne comprends pas, Fanette. Ton rôle est terminé.
    Elle toussa, cracha une glaire ensanglantée.
    Luirieux s’empara à pleine main de la chandelle, de l’autre, il lui releva le menton, révélant en pleine lumière son visage défait où le remords le disputait à la haine. Il rapprocha la flamme de sa joue. Elle hurla sous la brûlure, le repoussa à pleines mains, n’obtint que d’embraser ses cheveux. Il s’écarta en ricanant. La laissa se débattre avec les flammes qui montaient à l’assaut de ses boucles rousses. Se brûler la paume des mains à les éteindre.
    Lorsque l’obscurité retomba, un sanglot de détresse empoigna la gorge de Fanette, amenant un râle de désir dans celle de Luirieux. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas joui de semblable manière. La dernière femme qu’il avait torturée était elle aussi sous la protection d’Enguerrand de Sassenage. Pas plus que Mounia, Fanette ne le reverrait. Pas plus que Mounia, elle n’aurait sa pitié.
    — À chacun sa vengeance, Fanette. Il serait normal que tes victimes aient la leur, tu ne crois pas ?
    Il s’approcha d’elle, le poing serré.
    — Il va falloir que tu cries très fort pour couvrir le bruit du torrent, mais ne t’inquiète pas, je vais te motiver.

15
     
    La neige avait laissé place à un froid sec et un ciel dégagé, que la fin du jour affadissait de minute en minute. Si Fanette avait vu juste, Enguerrand n’était plus loin du point de jonction avec les brigands. Avec Mathieu. Car c’était lui qu’Enguerrand, bousculant le plan établi, était venu sauver.
    Sa décision avait été prise le soir où sa mère lui avait révélé la triste fin d’Algonde. Ce soir-là, il avait compris ce qui avait poussé Mathieu à se perdre. Il avait connu les mêmes affres, regretté les mêmes choix au long de ces dernières années. Tant qu’il s’était imaginé atteindre

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