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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pas de ces faveurs-là, mère, mais d’autres, qui lui donneront l’illusion de balayer la rivale qu’elle me croit être. Comme de la déclarer gagnante du jeu qu’elle a organisé ce soir, par exemple.
    — Et que fais-tu de César ? Je doute qu’il apprécie ce manège, insista Hélène que ces deux idées exaspéraient.
    Elora lui reprit la main.
    — Je vous demande de me faire confiance, mère. Ici, je peux encore vous protéger. Ensuite, hélas, vous serez seuls et bien loin d’être hors de danger. Il ne faudra rien avaler l’un et l’autre qu’un goûteur n’ait mangé.
    Au fait des pouvoirs divinatoires de la jouvencelle, ils blêmirent.
    — As-tu vu quelque malheur ?
    — Non, c’est une précaution à ne pas négliger, mentit Elora avec assurance en gagnant le lit.
    Elle était venue leur apporter la joie et la paix. La douleur viendrait bien assez tôt. Il était inutile de l’anticiper.
    — Asseyons-nous, voulez-vous ? reprit-elle d’un ton enjoué. J’ai d’autres choses à vous révéler, qui risquent de vous bouleverser.
    Elle s’installa sur la courtepointe du lit, damassée de fils d’or et de fleurs stylisées ; Hélène sur un coussin de sol, la tempe trouvant l’appui du genou de Djem qui venait de choisir un faudesteuil à ses côtés. Instinctivement, la main du prince s’envola pour caresser le front de son aimée. Elora sourit. Ce tableau-là respirait la douceur d’instants précieux, volés à l’impossible. Un instant, elle se prit à maudire ses pouvoirs de divination qui l’empêchaient de s’abandonner totalement au moment, à l’innocence de sa jeunesse. Elle se reprit pourtant, avant que son visage parfait n’en soit altéré. Elle n’était pas venue au monde sans raison et ce but seul devait la guider. Le reste, tout le reste, quoi qu’il lui en coûte, devait suivre sa propre destinée.
    Elle prit une profonde inspiration, arbora un sourire de connivence.
    — Commençons par la nouvelle du jour. C’est fait, mère, votre mariage a été annulé.
    Hélène tressaillit.
    — Si vite ? Je croyais que cela prendrait des années…
    — Par la voie normale, oui, mais celle que j’ai empruntée ne souffrait aucune attente.
    Djem darda sur elle un regard teinté de respect.
    — J’ai bien connu ta mère naturelle. En son temps, elle me surprit plus d’une fois, mais je dois reconnaître que tu m’impressionnes bien davantage, mon enfant. Personne en te regardant ne soupçonnerait ton jeune âge, mais je doutais de ta capacité à donner le change bien longtemps. Me voici rassuré. Si tu as hérité de la beauté et de l’abnégation d’Algonde, tes pouvoirs sont sans commune mesure avec ceux qu’elle possédait. Elle serait fière de toi, à n’en pas douter.
    Elora saisit l’occasion qu’il lui offrait.
    — Elle l’est, en vérité.
    Ils ne réagirent pas immédiatement, Hélène pénétrée des souvenirs réveillés par Djem, Djem sous le coup encore d’une admiration sincère. Ce fut elle qui dressa la tête la première, tirée brutalement du passé. Son regard exprimait une si profonde perplexité que la jouvencelle ne laissa pas le silence s’installer.
    — Je n’ai jamais souffert du manque d’elle, non parce que j’étais trop petite pour me la rappeler, mais parce que je la savais présente, à mes côtés, par ce merveilleux pouvoir qu’elle m’a légué. Algonde n’est pas morte, mère…
    Djem écarquilla des yeux ronds.
    — … Je sais qu’il vous sera difficile de lui pardonner, mais elle n’avait d’autre choix que le mensonge pour sauver votre enfant des griffes de Marthe. Pour vous sauver…
    Hélène se mit à trembler, en proie à un choc si violent que ses dents claquèrent, que son corps tout entier lui sembla se disloquer. Djem demeura pétrifié tandis qu’Elora se jetait à genoux devant elle pour l’enlacer.
    — Trahie, elle m’a trahie, furent les seuls mots que prononça Hélène avant de s’évanouir dans les bras de celle qu’elle avait élevée.
    *
    Khalil trépigna d’angoisse en reconnaissant le pape dans cet homme armé d’un poignard et d’une épée, épaulé d’un baudrier à l’espagnole par-dessus son pourpoint de velours noir brodé d’or assorti à son bonnet et chaussé d’élégantes bottes de Valence.
    De fait, occupé à surveiller les abords de la tour barrant le pont Saint-Ange pour trouver le moyen de le franchir discrètement, le bohémien ne s’était

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