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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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salle voûtée. Le singe abandonna la tête de sa victime pour atterrir sur l’épaule de son maître. Les joues en feu et le souffle coupé par son effort désespéré, Khalil, qui avait abandonné au loin poignard et épée, se rapprocha du cheval, aussi agacé par les cris du singe que par ceux de son cavalier. Alexandre VI arracha sa coiffe engoncée au moment même où l’animal s’apaisait miraculeusement des quelques mots prononcés à son oreille.
    À l’inverse, le pape fulminait :
    — Voici bien du joli travail en vérité ! Mais enfin que me veux-tu, le bohémien ?
    Khalil lui jeta un regard déterminé.
    — La sorcière. Voilà ce que je veux. Rends-lui sa liberté.
    Alexandre VI béa de sa bouche épaisse. Quelle était donc cette singularité ? Des coups martelèrent le bois de la porte. Indifférent à leur menace, Khalil croisa les bras sur sa veste aux broderies usées. « Cet enfant n’a plus sa raison, c’est indiscutable », songea le pape. Sa colère retomba.
    — Je ne vois pas de qui tu veux parler, mon fils.
    Khalil se buta plus encore. Si cet homme, tout puissant soit-il, s’imaginait le berner, il se trompait.
    — Si, tu le sais. Tu l’as fait arrêter ce matin par ton fils et maintenant que tu…
    Le rire franc qui emporta soudainement le pape faucha net son argument. Khalil, lui, s’en vexa d’autant plus qu’on se démenait contre l’huis. À en juger par la violence des chocs, César Borgia s’était procuré l’équivalent d’un bélier. Alexandre VI plaqua ses poings sur le pommeau ouvragé de sa selle et considéra son agresseur sous un jour nouveau.
    — J’ignore ce qui te permet de penser que la dame de Bressieux est une sorcière, mon enfant, mais sache qu’elle s’est installée au Vatican de son plein gré. Ce qui ne sera pas ton cas si tu n’ouvres pas immédiatement cette porte.
    Khalil fronça le nez.
    — Ça m’est égal d’aller en prison. Je veux la voir, s’entêta-t-il.
    Alexandre VI enroula autour de son poing la bride de son cheval. Cette comédie avait assez duré.
    — Qui crois-tu être, petit, pour imaginer un instant qu’elle puisse te regarder ?
    D’un coup d’étrier, il fit pivoter son cheval, tira sur les rênes jusqu’à le cabrer. Surpris par la manœuvre, Khalil recula pour se protéger le visage des sabots de la bête, heurtant des reins la barrière de marbre qui protégeait le gisant. Déjà le pape avait tourné bride, obligé l’animal à amorcer un galop qu’il bloqua net devant le double battant. Le temps pour Khalil de se redresser, le dos cisaillé par l’arête de la pierre, le pape avait sauté à bas, hurlé l’ordre de cesser l’assaut et enlevé la goupille qui retenait la barre transversale.
    La porte s’ouvrit avec violence et les mercenaires suisses, César Borgia furibond à leur tête, s’engouffrèrent dans le mausolée.
    — Saisissez-vous de l’enfant ! ordonna ce dernier avant de se tourner vers son père qui, déjà, remettait pied à l’étrier.
    — Pas de mal ?
    — Rien qui vaille la peine d’en parler.
    Aymar de Grolée et Jacques de Sassenage parurent à leur tour, visiblement inquiets. Cerné par les Suisses, Khalil n’offrit aucune résistance. On lui lia les mains avant de le ramener devant le pape qui rajustait sa coiffe depuis sa selle, amer à l’idée d’être bien moins présentable qu’il l’avait espéré devant sa dulcinée. Ils s’affrontèrent du regard. Alexandre VI secoua la tête d’un air navré.
    — Il te faut apprendre à tes dépens, petit. On ne conquiert pas un empire en souffrant de pitié. Les Borgia n’en ont aucune, mais nous ne sommes pas les premiers. Dieu n’a-t-il pas maudit la génération d’Abel jusqu’à la cinquième ? Il en sera de même des tiens.
    Khalil perdit de son assurance.
    — Ils ne sont pas responsables.
    — C’était avant d’agir, et pour si stupide cause, qu’il fallait y penser…
    Il se tourna vers son fils.
    — Je veux que leur caravane ait quitté Rome avant ce soir.
    — Et la recommandation ? plaida Khalil qui réalisait soudain l’embarras dans lequel il avait placé son peuple.
    Le pape afficha un rictus amer.
    — C’en est une. Si je n’avais eu du respect pour ton père, je les aurais fait massacrer jusqu’au dernier.
    Une boule de rage noua la gorge du garçonnet.
    — Que fait-on de lui, Votre Sainteté ? demanda César.
    Le pape tourna bride. Il avait assez perdu de

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