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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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avec des Rochas, beaucoup de Rochas s'obstinant à croire au succès quand même, et du plus profond de l'abîme saluant l'espérance, que les générations à venir éviteront les débâcles futures. Au de profundis des lâches et des traîtres opposons l'alléluia des croyants et des braves. Au moins, tant qu'il sera besoin d'avoir des braves, de compter sur eux, et d'appeler, autour du drapeau menacé, ceux qui croient encore à ce vieux symbole de la Patrie.
    Il est possible que l'avenir meilleur, plus raisonnable, plus pacifié, nous réserve la surprise de l'accord universel. Ce rêve est encore improbable, sans apparaître impossible, irréalisable. Les Etats-Unis d'Europe ne sont qu'une chimère temporaire. Il fut une époque où les Bourguignons étaient des Prussiens pour les Parisiens. Mais il faudrait commencer par le commencement : la restitution à la France de son territoire, et la substitution de la République sociale et fraternelle aux empires et aux républiques autoritaires et fanatiques du monde actuel. En attendant que cette utopie, nullement fantastique ni éternelle, soit la réalité de demain, il est prudent de conserver chez nous de la graine de ces toqués de Rochas, et de méditer, en relisant la Débâcle, sur les causes de la défaite de 1870, sur les moyens d'en éviter le recommencement.
    Comme au mois de mars 1908, lorsqu'il fut question de transférer les restes de Zola au Panthéon, et qu'on discuta les crédits à cet effet, comme après cette cérémonie, la Débâcle provoqua, lors de sa publication, des protestations diverses. Toutes aussi injustifiées. L'une d'elles attira surtout l'attention. Elle provenait d'un officier allemand, le capitaine Tanera, qui assistait, faisant partie du grand état-major, à la bataille de Sedan.
    Ce vainqueur bénévole, et réclamiste, se permit de prendre la défense des soldats français qu'il estimait insultés par Zola.
    Toute la bande des aboyeurs anti-zolistes, parmi lesquels se retrouvent d'ailleurs actuellement les thuriféraires les plus agenouillés devant l'auteur de J'accuse, fit chorus avec le francophile prussien.
    Un journal, qui depuis sollicita l'honneur de reproduire en feuilleton la Débâcle, inséra ceci :
       C'est un acte de mauvais français, que M. Zola a accompli en écrivant la Débâcle, un allemand vient de le lui rappeler et de lui infliger une leçon de patriotisme, en rendant aux vaillants soldats, qui sont morts pour la France, l'hommage que M. Zola aurait dû leur décerner.
    Ce capitaine Tanera, dont on faisait le vengeur de l'honneur français, le gardien de notre drapeau, avait prétendu que l'auteur de la Débâcle avait fabriqué les faits, et sali une armée qui avait été malheureuse, mais qui, ayant combattu avec courage, n'avait pas perdu son honneur dans la défaite.
    Le capitaine, qui falsifiait, beaucoup plus que Zola, les faits, les textes du moins, car nulle part, dans la Débâcle, on ne pouvait lire que l'armée, prise dans son ensemble, avait été déshonorée parce qu'elle avait été vaincue, ajoutait, avec une affectation de hautaine commisération à notre égard :
       Je ne veux pas chercher à savoir si, en écrivant un tel livre, M. Zola a nui à la France, ou s'il l'a servie ; dans tous les cas, il lui manque une qualité : le respect du malheur.
       En ce sens... nous sommes, nous autres sauvages, de toutes autres gens.
       J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir aussi crûment dit mon opinion. C'est celle d'un homme qui connaît mieux que M. Zola l'armée de Mac-Mahon, car il l'a combattue, tandis que M. Zola ne l'a vue que de sa table, à travers des lunettes brouillées par le parti pris.
    Il ne faudrait pas, en exaltant ce capitaine bavarois pour écraser Zola, perdre tout bon sens, et être dupe d'un soi-disant accès de générosité de la part d'un vainqueur, devenu compatissant. Entre parenthèses, ce capitaine si bon pour la France, au coeur si tendre qu'il déplore nos défaites, en accusant Zola de les exagérer, commandait à Bazeilles. Il est un de ceux qui brûlèrent une ville coupable d'avoir abrité des braves résolus à défendre contre l'envahisseur, maison par maison, le sol de la patrie. Il présida la fusillade sommaire de femmes, de vieillards, d'adolescents, pour les punir d'avoir eu des frères, des fils, des maris, qui avaient fait le coup de feu contre les troupes régulières de S.M. Guillaume, sans avoir été revêtus auparavant de

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