Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
Vom Netzwerk:
laborieux et patients, c'est de ne pas reconnaître qu'ils se sont fourvoyés, et surtout, ayant fait cette constatation, de persister. On peut, à la guerre, vaincre comme Ajax, malgré les dieux ; il est impossible, en art, de triompher, si l'on n'a pas le don spécial au combat qu'on livre.
    Zola eut le mérite de bien discerner sa fausse vocation de poète, et la force de ne pas s'entêter à rimer des vers, qu'il reconnaissait sinon absolument mauvais, du moins faibles et quelconques. Le sacrifice qu'il fit des enfants de son inspiration est plus héroïque que celui d'Abraham, car aucune volonté divine ne lui ordonnait de jeter ses vers au bûcher. De lui-même, il précipita dans le tombeau d'un tiroir, destiné à rester perpétuellement clos, ces premières oeuvres qui lui avaient pourtant procuré tant de jouissance, tant de consolations, durant la conception. Il les avait engendrés, ces pauvres avortons, dans un logis ouvert à tous les vents, avec le ventre creux et les pieds gelés, mais, en les procréant, il avait eu la fièvre au front, le spasme au coeur, et de la joie partout. Ce ne fut ni par lassitude ni par dépit qu'il se résigna à ne pas publier ses poèmes et qu'il décida aussi de ne plus en écrire désormais.
    Il avait eu diverses pièces rimées insérées dans un journal littéraire. Il lui eût été sinon très facile, du moins possible, de découvrir un éditeur bénévole. Au besoin, comme tant d'autres, il eût jeûné pour donner de la
    pâture à l'imprimeur, et eût été imprimé, comme Paul Verlaine et plus d'un contemporain, à ses frais. Il trancha net, et se dit : mes vers demeureront éternellement inédits !
    Quel fut le point de départ de cette conversion à la prose, aux articles de critique, et bientôt au roman ? Qui lui inspira son abjuration de la poésie ? Il ne l'a pas clairement dit, ni à Paul Alexis, ni à personne. On peut admettre que, grand lecteur de Montaigne, s'accoutumant, d'après ce profond maître, à se regarder, à s'étudier, et «à se controller soy-même», pourvu d'un sens critique aiguisé, il ait analysé impartialement, et comme s'il se fût agi d'un autre, son oeuvre : l'Amoureuse Comédie et aussi la Genèse, et contrairement au Créateur de la Bible, en face de son ouvrage, il n'avait pas trouvé que cela fût bon.
    Il est possible aussi que, préoccupé de se procurer les ressources quotidiennes, sans se condamner à l'internement dans un bureau, ce qui lui paraissait insupportable, voyant et comprenant, de sa chaise de commis de la librairie Hachette, la facilité relative du placement lucratif de la prose, il ait ajourné à des temps plus favorables le luxe de la poésie. Beaucoup agirent comme lui. Que de lyres déposées provisoirement, dans un coin, en attendant, sous la nécessité de vivre littérairement, en produisant de la prose au débit courant, et qui ne furent jamais reprises !
    Un vers ironique de Sainte-Beuve a servi d'épitaphe à pas mal de ces «poètes morts jeunes en qui l'homme survit».
    Les poèmes de Zola ne sont pas demeurés entièrement inédits. Dans son livre sur lui, Notes d'un Ami, Paul Alexis en a publié des fragments. Ils nous permettent de juger ces oeuvres de jeunesse, et d'apprécier l'intensité de la perte que nous avons pu faire, par suite de la résolution impitoyable de l'auteur. Assez ingénument, Zola a témoigné d'une secrète et persistante tendresse pour ces rimes, semblables à ces fleurs printanières séchées dans les pages d'un livre, que l'émotion ravive, que le souvenir colore, et que parfume encore le souvenir, quand on les retrouve à l'automne. En remettant à son ami ces poésies exhumées, en vue de leur citation dans son ouvrage, Zola n'a pu s'empêcher de dire :
       Je n'ai pu relire mes vers sans sourire. Ils sont bien faibles et de seconde main, pas plus mauvais pourtant que les vers des hommes de mon âge qui s'obstinent à rimer.
    Zola a raison, ces vers de jeune homme ne sont pas plus déplorables que beaucoup d'autres qui conduisirent leur auteur à l'Académie. L'Amoureuse Comédie, est divisée en trois poèmes : Rodolpho, l'Aérienne et Paolo. Un artisan habile en supercheries littéraires, un Mac-Pherson truqueur de pages mussettistes, aurait pu intercaler ces petits poèmes dans les Contes d'Espagne et d'Italie, comme fragments inédits retrouvés dans les papiers de l'auteur des Nuits, après sa mort, ou comme conservés dans les manuscrits de

Weitere Kostenlose Bücher