Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

En Route

Titel: En Route Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joris-Karl Huysmans
Vom Netzwerk:
persistaient, vous voudriez bien m'en aviser, car nous ne négligerions pas alors d'y mettre ordre.
    Et le trappiste sortit tranquillement, tandis que Durtal restait songeur.
    Que les phénomènes du succubat soient sataniques, je n'en ai jamais douté, pensa-t-il, mais ce que j'ignorais, ce sont ces attaques de l'âme, cette charge à fond de train contre la raison qui demeure intacte et qui est vaincue néanmoins ; ça c'est fort ; il sied seulement que cette leçon me serve et que je ne sois plus ainsi désarçonné à la première alerte !
    Il remonta dans sa cellule ; une grande paix était descendue en lui. A la voix du moine tout s'était tu ; il n'éprouvait plus que la surprise d'avoir déraillé pendant des heures ; il comprenait maintenant qu'il avait été assailli à l'improviste et que ce n'était pas avec lui-même qu'il avait lutté.
    Il pria, se coucha. Et, soudain, par une nouvelle tactique qu'il ne devina point, l'assaut reprit.
    Sans doute, se dit-il, je communierai demain, mais… mais… suis-je bien préparé à un pareil acte ? J'aurais dû me recueillir, dans la journée, j'aurais dû remercier le seigneur de m'avoir absous, et j'ai perdu mon temps à des sottises !
    Pourquoi n'ai-je pas avoué cela tout à l'heure au père Maximin ? Comment n'y ai-je pas songé ? - puis j'aurais dû me reconfesser. - Et ce prêtre qui doit me communier, ce prêtre !
    L'horreur qu'il ressentit pour cet homme s'accrut subitement, devint si véhémente qu'il finit par s'étonner. Ah ça ! Mais, voilà que je suis encore roulé par l'ennemi, se dit-il et il s'affirma :
    - Tout cela ne m'empêchera pas de consommer, demain, les célestes apparences, car j'y suis bien décidé ; seulement, n'est-ce pas affreux de se laisser ainsi épreindre et harceler sans répit par l'esprit de malice, de n'avoir aucun indice du ciel qui n'intervient pas, de ne rien savoir ?
    Ah ! Seigneur, si j'étais seulement certain que cette communion vous plaise ! Donnez-moi un signe, montrez-moi que je puis sans remords m'allier à vous ; faites que, par impossible, demain, ce ne soit pas ce prêtre, mais bien un moine…
    Et il s'arrêta, confondu lui-même de son audace, se demandant comment il osait solliciter, en le précisant, un signe.
    C'est imbécile ! Se cria-t-il ; d'abord, on n'a pas le droit de réclamer de Dieu de semblables faveurs ; puis comme il n'exaucera pas ce voeu, j'y aurai gagné quoi ? D'aggraver encore mes angoisses, car j'augurerai quand même de ce refus que ma communion ne vaut rien !
    Et il supplia le seigneur d'oublier son souhait, s'excusa de l'avoir formulé, voulut se convaincre lui-même qu'il devait n'en tenir aucun compte, et, abêti par les transes de cette journée, il finit, en priant, par s'endormir.
    q

Chapitre 4
    I l se répétait, quand il descendit de sa cellule : c'est ce matin que je communie et ce mot, qui eût dû le percuter et le faire vibrer, n'éveillait en lui aucun zèle. Il restait assoupi, n'ayant de goût à rien, las de tout, se sentant froid dans le fond de l'être.
    Une crainte le dégourdit pourtant, lorsqu'il fut dehors. J'ignore, se dit-il, le moment où il faudra quitter mon banc et aller m'agenouiller devant le prêtre ; je sais que la communion des fidèles a lieu après celle de l'officiant ; oui, mais à quel instant au juste dois-je bouger ? C'est vraiment une déveine de plus que d'être obligé de se diriger, seul, vers l'inquiétante table ; autrement, je n'aurais qu'à suivre les autres et je ne risquerais pas au moins d'être inconvenant.
    Il scruta, en y pénétrant, la chapelle ; il cherchait M. Bruno qui eût peut-être pu, en se plaçant à son côté, lui éviter ces soucis, mais l'oblat ne s'y trouvait point.
    Durtal s'assit, désemparé, songeant à ce signe qu'il avait imploré la veille, s'efforçant de rejeter ce souvenir, y pensant quand même.
    Il voulut se compulser et se réunir et il priait le ciel de lui pardonner ces allées et venues d'esprit, quand M. Bruno entra, et s'en fut s'agenouiller devant la statue de la Vierge.
    Presque à la même minute, un frère, qui avait une barbe en varech plantée au bas d'une figure en poire, apporta près de l'autel de saint Joseph une petite table de jardin, sur laquelle il posa un bassin, un manuterge, deux burettes et une serviette.
    Devant ces préparatifs qui lui rappelaient l'imminence du sacrifice, Durtal se roidit et parvint, d'un effort, à renverser ses anxiétés, à

Weitere Kostenlose Bücher