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En Route

Titel: En Route Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joris-Karl Huysmans
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ciel était si peu clair qu'il ne pouvait discerner l'ensemble du bois où il entrait ; n'apercevant personne. Il roula des cigarettes, les fuma lentement, délicieusement, consultant, à la lueur de ses allumettes, de temps en temps, sa montre.
    Il restait étonné du silence qui se levait de cette Trappe ; pas une rumeur, même effacée, même lointaine, sinon, à certains moments, un bruit très doux de rames ; il se dirigea du côté d'où venait ce bruit et reconnut une pièce d'eau sur laquelle voguait un cygne qui vint aussitôt à lui.
    Il le regardait osciller dans sa blancheur sur les ténèbres qu'il déplaçait en clapotant, quand une cloche sonna des volées lentes ; voyons, dit-il ; en interrogeant à nouveau sa montre, l'heure des complies approche.
    Il se rendit à la chapelle ; elle était encore déserte ; il profita de cette solitude pour l'examiner à son aise.
    Elle avait la forme d'une croix amputée, d'une croix sans pied, arrondie à son sommet et tendant deux bras carrés, percés d'une porte à chaque bout.
    La partie supérieure de la croix figurait, au-dessous d'une coupole peinte en azur, une petite rotonde autour de laquelle se tenait un cercle de stalles adossées aux murs ; au milieu, se dressait un grand autel de marbre blanc, surmonté de chandeliers de bois, flanqué, à gauche et à droite, de candélabres également en bois, placés sur des fûts de marbre.
    Le dessous de l'autel était creux et fermé sur le devant par une vitre derrière laquelle apparaissait une châsse de style gothique qui reflétait, dans le miroir doré de ses cuivres, des feux de lampes.
    Cette rotonde s'ouvrait en un large porche, précédé de trois marches, sur les bras de la croix qui s'allongeaient en une sorte de vestibule servant tout à la fois de nef et de bas-côtés à ce tronçon d'église.
    Ces bras évidés, à leurs extrémités, près des portes, recélaient deux minuscules chapelles enfoncées dans des niches teintes, ainsi que la coupole, en bleu ; elles contenaient au-dessus d'autels en pierre, sans ornements, deux statues médiocres, l'une de saint Joseph, l'autre du Christ.
    Enfin, un quatrième autel dédié à la Vierge était situé dans ce vestibule, vis-à-vis des marches accédant à la rotonde, en face par conséquent du grand autel. Il se découpait sur une fenêtre dont les vitraux représentaient, l'un, saint Bernard en blanc et l'autre saint Benoît en noir et il paraissait se reculer dans l'église, à cause des deux rangées de bancs qui s'avançaient, à sa gauche et à sa droite, au-devant des deux autres petites chapelles, ne laissant que la place nécessaire pour cheminer le long du vestibule ou pour aller, en ligne droite, de cet autel de la Vierge dans la rotonde, au maître-autel.
    Ce sanctuaire est d'une laideur alarmante, se dit Durtal, qui s'en fut s'asseoir sur un banc, devant la statue de saint Joseph ; à en juger par les quelques sujets sculptés le long des murs, ce monument date du temps de Louis XVI ; fichue époque pour une église !
    Il fut distrait de ses réflexions par des sons de cloches et en même temps toutes les portes s'ouvrirent ; l'une, sise dans la rotonde même, à gauche de l'autel, donna passage à une dizaine de moines, enveloppés dans de grandes coules blanches ; ils se répandirent dans le choeur et occupèrent, de chaque côté, les stalles.
    Par les deux portes du vestibule, pénétra, à son tour, une foule de moines bruns qui s'agenouilla devant les bancs, des deux côtés de l'autel de la Vierge.
    Durtal en avait quelques-uns près de lui ; mais ils baissaient la tête, les mains jointes, et il n'osa les observer ; le vestibule était, d'ailleurs, devenu presque noir ; la lumière se concentrait dans le choeur où étaient allumées les lampes.
    Il dévisagea les moines blancs installés dans la partie de la rotonde qu'il pouvait voir et il reconnut parmi eux le père Etienne à genoux près d'un moine court ; mais un autre, placé au bout des stalles près du porche, presque en face de l'autel et en pleine clarté, le retint.
    Celui-là était svelte et nerveux et il ressemblait dans son burnous blanc à un Arabe. Durtal ne l'apercevait que de profil et il distinguait une longue barbe grise, un crâne ras, ceint de la couronne monastique, un front haut et un nez en bec d'aigle. Il avait grand air avec son visage impérieux et son corps élégant qui ondulait sous la coule.
    C'est probablement l'abbé de la

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