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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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faire venir Satanta, leur principal chef de guerre, fers aux pieds, et d’espérer le ramener au pénitencier sans encombre. Une bataille acharnée me semble inévitable. (…) Je vous demande donc, malgré vos ordres express, d’amener les chefs non pas à la réserve, mais à la gare de la M. K. & T (Missouri, Kansas and Texas) Railroad. »
    Le commissaire Alvord devait maintenant convaincre les Kiowas qu’il leur faudrait se rendre dans la grande ville de St. Louis pour retrouver Satanta et Big Tree. Pour cela, expliqua Alvord, les Indiens devraient aller en chariot à la gare, puis emprunter le cheval de fer. Escortés par des guerriers, les Kiowas méfiants parcoururent plus de deux cent cinquante kilomètres jusqu’à Atoka, dans le Territoire Indien, où se trouvait le terminal de la ligne.
    Là, le feuilleton atteint des sommets de rocambolesque. Alvord venait tout juste d’arriver avec la délégation de Lone Wolf quand il reçut un message du commandant de cavalerie l’informant qu’il amenait Satanta et Big Tree à la gare afin de lui en confier la charge. Le commissaire paniqua. La gare était un endroit isolé, et il craignait que l’apparition soudaine de Satanta en un tel lieu ne déclenche une émotion si vive que la situation deviendrait incontrôlable. Il envoya illico un message au commandant en le suppliant de dissimuler ses prisonniers quelque part dans les fourrés pour lui laisser le temps de déposer sa délégation kiowa dans le train pour St. Louis.
    Enfin, le 29 septembre, après toutes ces péripéties, Satanta et Big Tree célébrèrent à St. Louis leur liberté provisoire avec Lone Wolf, grâce auquel tout cela avait été possible. Selon Alvord, les retrouvailles furent « un moment des plus impressionnants et des plus émouvants ». Mais il ne se rendit visiblement pas compte que les chefs kiowas prenaient dans le même temps des décisions majeures. Lorsque Satanta et Big Tree repartirent pour le pénitencier, Lone Wolf savait exactement ce qu’il devait obtenir à Washington.
    Plusieurs autres délégations indiennes arrivèrent dans la capitale en même temps que les Kiowas – une poignée de chefs apaches de second rang, un groupe d’Arapahos ainsi que quelques Comanches. Les Comanches Kwahadis, les réels détenteurs du pouvoir au sein de la tribu, avaient refusé d’envoyer qui que ce soit ; Ten Bears représentait les Yamparikas et Tosawi les Penatekas.
    Les Blancs firent faire aux Indiens un grand tour de la ville, avec démonstration de leur puissance militaire, sermon traduit par des interprètes de l’Église méthodiste et réception chez le Grand Père, Ulysses Grant, dans l’East Room de la Maison-Blanche. Après les échanges habituels de beaux discours élogieux, le commissaire aux Affaires indiennes, Francis Walker, s’arrangeant pour s’adresser à la fois aux Kiowas et aux Comanches, leur présenta un ultimatum surprenant : « Tout d’abord, les Kiowas et les Comanches ici représentés doivent, avant le 15 décembre prochain, tous s’installer, chefs, leaders, braves et familles, dans un rayon de seize kilomètres autour de Fort Sill et de l’agence ; ils resteront là jusqu’au printemps, sans causer le moindre problème, et n’en partiront qu’avec l’accord de leur agent. » Il ajouta que les Comanches Kwahadis et les autres bandes qui avaient refusé d’envoyer des représentants à Washington ne tarderaient pas à apprendre que des troupes américaines avaient reçu l’ordre de lancer des opérations contre eux. En outre, tout Indien qui, au 15 décembre, ne serait pas établi dans un rayon de seize kilomètres autour de Fort Sill se verrait considéré comme un ennemi du gouvernement américain, et serait tué par les soldats.
    Ten Bears et Tosawi répondirent que leurs bandes feraient comme le Grand Père voulait, mais Lone Wolf douta de sa capacité à faire respecter de telles conditions aux Kiowas. Satanta et Big Tree, expliqua-t-il, étaient les chefs de guerre de la tribu, et tant que les Texans les garderaient prisonniers, les jeunes guerriers seraient nombreux à vouloir poursuivre la guerre. La paix ne pourrait être obtenue que si Satanta et Big Tree recouvraient leur liberté et rentraient sur la réserve, où ils pourraient empêcher les jeunes braves de faire des raids au Texas.
    C’était bien sûr ce qui avait été convenu lors de ce « moment des plus impressionnants et des plus émouvants » –

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