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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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maïs. La saison était belle et le chef kiowa nullement pressé de rentrer à Fort Sill pour se présenter docilement à l’appel et retirer ses rations.
    Cet été-là sur les Plaines, on aurait dit que tout était allé de travers. Le soleil avait cuit la terre asséchée, les ruisseaux s’étaient taris, des tourbillons de sauterelles tombant du ciel métallique dévoraient l’herbe clairsemée. Quelques années auparavant, la prairie, avec une telle sécheresse, aurait tremblé sous les sabots de milliers de bisons paniqués cherchant un point d’eau. Mais à présent, les troupeaux s’étaient volatilisés, laissant place à d’immenses charniers d’os, de crânes et de sabots pourrissants. La plupart des chasseurs blancs étaient partis. Les bandes de Comanches, de Kiowas, de Cheyennes et d’Arapahos qui, inquiets, parcoururent la région ne trouvèrent que des petits troupeaux, et nombre d’entre eux durent regagner leur réserve pour ne pas mourir de faim.
    Dans les agences, l’agitation était à son comble. Des malentendus divisaient l’armée et le Bureau des Affaires indiennes, les provisions n’arrivaient pas, et certains agents refusaient de distribuer aux Indiens leurs rations pour les punir d’être sortis de la réserve sans permission. Ici et là eurent lieu des échauffourées et des échanges de tir entre guerriers et soldats. Mi-juillet, la moitié des Kiowas et des Comanches sur les listes d’appel de l’agence de Fort Sill s’était volatilisée. Comme envoûtées par quelque sortilège, ces dernières tribus vivant de la chasse au bison cédaient à un appel les attirant vers ce qui était le cœur des derniers pâturages, le canyon de Palo Duro, l’Endroit-où-poussent-les-lilas-d’Inde.
    Invisible sous la ligne d’horizon plate, le canyon de Palo Duro creusait dans les Plaines une entaille en forme d’arc de cercle, véritable oasis de sources, de cascades et de ruisseaux entretenant une végétation verte et luxuriante de saules et d’herbe à bison. On ne pouvait y pénétrer que par quelques pistes à la surface martelée par les sabots des bisons. Coronado (39) y était venu au XVI e  siècle, mais depuis, seul un petit nombre de Blancs avaient vu le canyon ou connaissaient son existence.
    Ce fut là que, à la fin de l’été 1874, Indiens et bisons trouvèrent refuge. Les Indiens ne tuaient que pour constituer leurs réserves hivernales – détachant la viande avec soin pour la faire sécher au soleil, conservant la moelle et la graisse dans des outres en peau, transformant les nerfs en cordes d’arc ou en fil, fabriquant des cuillères et des tasses avec les cornes, tissant les poils pour en faire des cordes et des ceintures, curant les peaux qui serviraient à faire des tipis, des vêtements et des mocassins.
    La Lune-des-feuilles-jaunes n’était pas commencée que les berges du ruisseau s’étaient transformées en forêt de tipis – kiowas, comanches et cheyennes – tous remplis de victuailles pour tenir jusqu’au printemps. Deux mille mustangs partageaient les pâturages avec les bisons. Les femmes vaquaient à leurs occupations sans crainte, et les enfants jouaient au bord de l’eau. Pour Quanah et les Kwahadis, c’était ainsi qu’ils avaient toujours vécu ; pour Lone Wolf, les Kiowas et les autres Indiens enfuis des réserves, c’était la vie qui recommençait.
    Un tel défi aux us et coutumes des Blancs ne pouvait bien sûr être toléré par les autorités qui voyaient se vider leurs réserves. Les implacables Kwahadis et leurs alliés venaient à peine de s’installer pour l’hiver dans leurs villages cachés que Grand-Guerrier Sherman commença à donner des ordres. En septembre, cinq colonnes de Tuniques Bleues se mirent en mouvement. Manteau-d’Ours Nelson Miles se dirigea vers le sud depuis Fort Dodge ; Trois-Doigts Mackenzie, parti de Fort Concho, prit la direction du nord ; le chef d’escadron William Price quitta Fort Bascom pour marcher vers l’est ; enfin, de Fort Sill et Fort Richardson arrivèrent les colonels John Davidson et George Buell. Cela représentait des milliers de Tuniques Bleues armées de fusils à répétition et de pièces d’artillerie, à la recherche de quelques centaines d’indiens qui voulaient simplement sauver leurs bisons et vivre libres comme ils l’entendaient.
    Grâce à leurs mercenaires tonkawas, les cavaliers de Mackenzie découvrirent le grand village de Palo Duro le 26 septembre. Les

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