Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
n’avaient pas d’oreilles et refusaient d’écouter, Wakan Tanka le Grand Esprit donnait ces soldats aux Indiens pour qu’ils les tuent.
Quelques jours plus tard, un groupe de chasseurs cheyennes repéra une colonne de Tuniques Bleues installées pour la nuit dans la vallée de la Rosebud River. Ils rentrèrent au village en poussant des hurlements de loup afin de prévenir du danger. Trois-Étoiles arrivait, avec comme éclaireurs des Crows et des Shoshones.
Les chefs envoyèrent des messagers avertir les leurs, puis réunirent des conseils en toute hâte. Il fut décidé de laisser environ la moitié des guerriers dans les villages pour en assurer la protection, tandis que les autres partiraient de nuit pour aller attaquer les troupes de Trois-Étoiles le lendemain matin. Une armée d’environ mille guerriers sioux et cheyennes fut constituée. Quelques femmes suivirent le groupe, commandé entre autres par Sitting Bull, Crazy Horse et Two Moon. Les Indiens mirent pied à terre juste avant l’aube et se reposèrent quelque temps avant de s’enfoncer dans les collines.
Les éclaireurs crows de Crook lui avaient parlé d’un grand village sioux près de la Rosebud. Tôt le lendemain matin, sur ses ordres, ils partirent dans cette direction, suivis des troupes. Au moment où ils franchissaient la crête d’une colline et redescendaient de l’autre côté, ils tombèrent sur les guerriers sioux et cheyennes. Ceux-ci leur donnèrent la chasse, mais durent battre en retraite, les Tuniques Bleues arrivant.
Cela faisait longtemps que Crazy Horse attendait l’occasion de montrer comment il pensait qu’il fallait se battre contre les soldats. Depuis la bataille de Fetterman à Fort Phil Keamy, il avait étudié les Tuniques Bleues et leurs techniques de combat. Chaque fois qu’il se rendait dans les Black Hills en quête d’une vision, il demandait à Wakan Tanka de lui donner des pouvoirs secrets afin qu’il sache comment mener les Oglalas à la victoire si jamais les Blancs revenaient faire la guerre à son peuple. Depuis qu’il était jeune, il savait que le monde dans lequel les hommes vivaient n’était que l’ombre du monde réel. Pour pénétrer celui-ci, il lui fallait rêver. Dans ce monde réel, tout semblait flotter ou danser. Son cheval dansait comme s’il était devenu sauvage ou fou. C’était la raison pour laquelle il se faisait appeler Crazy Horse. Il avait appris que s’il parvenait à entrer par ses rêves dans le monde réel avant d’aller se battre, il pouvait supporter toutes les épreuves.
Ce jour-là, le 17 juin 1876, Crazy Horse fit un rêve pour entrer dans le monde réel. Il put ainsi apprendre aux Sioux à recourir à toutes sortes de tactiques jamais utilisées auparavant contre les soldats blancs. Lorsque Crook envoya ses cavaliers à la charge, les Indiens, au lieu de se précipiter tout droit sur les fusils des Tuniques Bleues, s’écartèrent pour aller frapper leurs lignes aux endroits vulnérables. Ils restèrent à cheval, se déplaçant sans cesse ainsi que Crazy Horse le leur avait ordonné. Au milieu de la journée, les soldats se retrouvèrent séparés en trois groupes confus livrant bataille chacun de son côté. Crazy Horse les empêchant de se battre comme ils en avaient l’habitude, en formant des lignes offensives et des fronts solides, ils ne savaient plus où donner de la tête. Incapables de se regrouper, ils en furent réduits à repousser les attaques des Sioux qui les harcelaient avec leurs mustangs vifs comme l’éclair. Chaque fois que la puissance de feu des Tuniques Bleues se faisait menaçante, les Indiens se retiraient, incitant quelques soldats à les poursuivre avant de revenir à la charge avec une ardeur redoublée.
Ce jour-là, les Cheyennes se distinguèrent, en particulier lors des charges. Chief-Comes-in-Sight se montra le plus brave de tous. Mais, alors qu’il faisait tourner son cheval après avoir chargé les flancs ennemis, sa monture fut abattue devant une ligne d’infanterie. Tout d’un coup, un autre cavalier déboula et, virant brusquement, vint se placer devant lui pour le protéger du feu des soldats. En une seconde, Chief-Comes-in-Sight grimpa derrière le cavalier, en l’occurrence une cavalière, sa propre sœur, Buffalo-Calf-Road-Woman, qui avait accompagné les guerriers pour s’occuper des mustangs. Plus tard, les Cheyennes entretiendraient le souvenir de la Bataille-où-la-fille-a-sauvé-son-frère, les
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