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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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plus de cent mustangs, ce qui selon les critères utes faisait de lui un homme riche, mais une grande partie de ses jeunes partisans se tournaient désormais vers Nicaagat (Jack).
    Comme Ouray, Jack était à moitié apache. Jeune, il avait appris quelques mots d’anglais avec une famille mormone, puis avait servi d’éclaireur au général Crook pendant les guerres sioux. Lorsqu’il vit Meeker pour la première fois, il arborait son uniforme d’éclaireur – jambières en daim, bottes de l’armée, chapeau à larges bords. Il portait toujours les médailles en argent qui lui avaient été données par le Grand Père quand il était allé à Washington avec Ouray en 1868.
    Jack et sa bande étaient partis à la chasse au bison quand Meeker déplaça l’agence. À leur retour, ils trouvèrent l’ancien emplacement vide. Ils y établirent leur campement, et au bout de quelques jours, Meeker arriva pour ordonner à Jack de s’installer près de la nouvelle agence.
    « Je lui ai dit [à Meeker] que le site de l’ancienne agence avait été défini par traité, devait expliquer Jack plus tard, et que je ne connaissais aucune loi ni aucun traité mentionnant le nouveau site. Alors, l’agent m’a annoncé que nous devions nous installer là-bas, sinon on nous y obligerait, et que pour cela il disposerait de soldats. » Meeker essaya d’amadouer Jack en lui promettant des vaches laitières, à quoi Jack rétorqua que les Utes n’avaient besoin ni de vaches ni de lait.
    Colorow, un Ute Muache d’une soixantaine d’années, était le troisième chef de la tribu par ordre d’importance. Après le traité de 1868, lui et sa bande avaient vécu quelques années sur une petite réserve temporaire juste à côté de Denver, se promenant dans la ville quand le cœur leur en disait, dînant au restaurant, allant au théâtre et faisant les pitres pour les Blancs. En 1875, la réserve avait été fermée et les Muaches avaient rejoint Jack et les siens au bord de la White River. S’ils regrettaient l’animation de Denver, ils appréciaient la chasse dans la vallée giboyeuse de la rivière. Ils n’étaient pas intéressés par la société agraire que leur proposait Meeker, et se rendaient à l’agence uniquement lorsqu’ils avaient besoin de farine, de café ou de sucre.
    Canalla (Johnson), le beau-frère d’Ouray, était le grand homme-médecine de la tribu et celui qui s’occupait du terrain de course de chevaux sur lequel Meeker voulait ériger les nouveaux bâtiments de l’agence. Il portait souvent une espèce de couvre-chef déniché à Denver. Pour une raison mystérieuse, Meeker voyait en lui l’homme le plus à même de l’aider à faire sortir les Utes de leur état sauvage.
    Pour l’assister dans sa grande croisade, Meeker avait amené sa femme Arvilla et sa fille Josie à l’agence. Il embaucha sept Blancs, dont un géomètre chargé de dessiner les plans d’un canal d’irrigation, un bûcheron, un constructeur de ponts, un charpentier et un maçon. Ces hommes étaient censés enseigner leur métier aux Utes tout en construisant le nouveau paradis agraire de Meeker.
    L’agent avait demandé aux Utes de l’appeler Père (car il considérait ces sauvages comme des enfants), mais la plupart, à son grand déplaisir, l’avaient baptisé « Nick ».
    Au printemps 1879, quelques bâtiments étaient en construction et un hectare et demi de terres avait été labouré, travail exécuté en grande partie par les employés blancs de Meeker, qui percevaient un salaire. L’agent ne comprenait pas que les Utes s’attendent également à être payés pour construire leur propre communauté agraire. Toutefois, afin d’obtenir le creusement de ses rigoles d’irrigation, il accepta de donner de l’argent à trente Indiens. Ceux-ci montrèrent assez d’ardeur au travail tant que Meeker les paya. Mais dès que ses fonds s’épuisèrent, ils préférèrent partir à la chasse ou aller voir les courses de chevaux. « Ils ont si peu de besoins qu’ils ne cherchent pas à adopter les coutumes civilisées », se lamenta l’agent auprès du commissaire aux Affaires indiennes, ajoutant : « Ce que nous appelons commodités et confort n’ont à leurs yeux pas suffisamment de valeur pour qu’ils fournissent des efforts personnels en vue de les obtenir. (…) Pour la plupart, ils n’éprouvent qu’indifférence et mépris envers les usages de l’homme blanc. » Il suggéra des mesures afin de

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