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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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tuer. Alors j’ai détourné les yeux. Le coup est parti. Big Snake est tombé par terre, mort. »
    Le Département de l’Intérieur déclara tout d’abord que le frère de Standing Bear, « Big Snake, un homme malfaisant », avait été « tué par accident ». Mais la presse américaine, sensibilisée au sort des Indiens depuis l’affaire Standing Bear, exigea auprès du Congrès l’ouverture d’une enquête. Celle-ci ne déboucha sur rien, Washington constituant pour les membres du complexe militaro-politique construit autour des réserves un terrain qu’ils ne connaissaient que trop bien.
    La leçon était bien amère pour les Poncas du Territoire Indien. Ils apprenaient que la loi des Blancs n’était qu’une illusion : elle ne s’appliquait pas à eux. Ainsi, comme les Cheyennes, la tribu ponca, de plus en plus réduite, se retrouva coupée en deux – avec d’un côté la bande de Standing Bear, qui vivait libre dans le Nord, et de l’autre les prisonniers du Territoire Indien.

16 -
« Dehors, les Utes ! »
    L’armée a vaincu les Sioux. Vous pouvez leur donner des ordres. Mais nous autres Utes ne vous avons jamais dérangés, vous les Blancs. Alors, vous devez attendre que nous adoptions vos façons de faire.
    Ouray, chef des Utes
    J’ai dit à l’officier que c’était une mauvaise chose, que ce n’était pas bien de la part du commissaire de donner un tel ordre. J’ai dit que ce n’était pas bien, que nous ne devrions pas nous battre, parce que nous sommes frères, et l’officier a dit que cela ne changeait rien, que les Américains se battraient contre nous même si nous étions sortis du même ventre qu’eux.
    Nicaagat (Jack),
    de la tribu des Utes de la White River
    Les Utes, qui vivaient dans les montagnes Rocheuses, assistaient depuis une génération à l’invasion de leur territoire du Colorado par des Blancs aussi nombreux que des nuées de sauterelles qui avaient déjà contraint leurs vieux ennemis les Cheyennes à abandonner leurs plaines. Certains guerriers de la tribu avaient rejoint Kit Carson pour se battre aux côtés des Blancs contre les Navajos. À cette époque, les Utes pensaient que les Blancs étaient leurs alliés. Ils aimaient beaucoup se rendre dans les magasins de Denver pour échanger des peaux de bison contre des babioles aux couleurs voyantes. Mais au fil des années, les étrangers venus de l’Est, de plus en plus nombreux, s’étaient mis à creuser les montagnes des Utes à la recherche de métal jaune ou blanc.
    En 1863, John Evans, le gouverneur du Territoire du Colorado, vint, accompagné de représentants du gouvernement, à Conejos dans les San Juan Mountains, afin de rencontrer Ouray et neuf autres chefs de la tribu des Utes. Un traité fut signé, par lequel les Blancs obtenaient toute la partie du Colorado se trouvant à l’est de la ligne de partage des Rocheuses, les Utes conservant le versant ouest. Pour l’équivalent de dix mille dollars de marchandises et de dix mille dollars de vivres chaque année pendant dix ans, les Indiens acceptèrent de céder les droits miniers sur l’ensemble de leur territoire et s’engagèrent à ne pas attaquer les citoyens américains qui viendraient prospecter dans leurs montagnes.
    Cinq ans plus tard, les Blancs du Colorado se dirent qu’ils avaient trop gâté les Utes. Usant de pressions politiques, ils persuadèrent le Bureau des Affaires indiennes qu’ils constituaient une gêne permanente – qu’on les voyait partout, dans les villes et les camps de mineurs, et qu’ils volaient le bétail des colons. Les Utes devaient, dirent-ils, être placés sur une réserve aux limites bien définies. Mais en réalité, ce que ces Blancs voulaient, c’était s’emparer des terres indiennes. Début 1868, le Bureau des Affaires indiennes invita avec force tapage Ouray, Nicaagat (Jack) et huit autres chefs à Washington. Kit Carson les accompagnait au titre d’ami et conseiller. Les chefs, logés dans un hôtel luxueux, se virent offrir des repas somptueux et du tabac, des bonbons et des médailles à gogo.
    Lorsqu’arriva le moment de négocier le traité, les représentants du gouvernement tinrent à ce que les sept bandes représentées délèguent leur pouvoir à un chef. Ouray fut désigné à l’unanimité. De sang mêlé apache et ute, c’était un bel homme au visage rond et aux yeux vifs qui parlait anglais et espagnol aussi bien que les deux langues indiennes qu’il pratiquait.

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