Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
Après, eau se retire et Indiens partout et gibier abondant et varié. Plus tard, homme-médecine dit à Indiens d’envoyer message à autres Indiens pour danser toujours, et alors temps heureux arrive. Indiens qui dansent pas, qui croient pas message, deviennent tout petits, restent tout petits. Certains transformés en bois, et brûlés dans feu.
Wovoka, le Messie paiute
Lorsque les tribus sioux tetons se rendirent après les guerres de 1876-1877, elles avaient perdu la vallée de la Powder et les Black Hills. La mesure suivante du gouvernement consista à déplacer la frontière ouest de la Grande Réserve Sioux du 104 e au 103 e méridien, l’amputant ainsi d’une bande de plus de quatre-vingts kilomètres de large le long des Black Hills, et à faire main basse sur un triangle de terres de grande valeur situées entre les bras de la Cheyenne River. En 1877, une fois que le gouvernement eut chassé les Sioux du Nebraska, il ne restait plus à la tribu qu’un territoire en forme d’enclume coincé dans le Dakota entre le 103 e méridien et le Missouri, d’une superficie d’à peine soixante mille kilomètres carrés et d’une valeur estimée comme pratiquement nulle par les géomètres qui en avaient délimité les frontières.
Certains membres du gouvernement voulurent transférer tous les Tetons dans le Territoire Indien, d’autres préférant leur établir des agences le long du Missouri. Red Cloud et Spotted Tail protestèrent vigoureusement. Une solution de compromis fut alors adoptée. Les Oglalas de Red Cloud se retrouvèrent installés à Wazi Ahanhan (Pine Ridge), dans la partie sud-ouest de la réserve, où ils établirent des villages permanents le long des petites rivières – la Yellow Medicine, la Porcupine Tail et la Wounded Knee – qui se jetaient au nord dans la White River. Spotted Tail et ses Brûlés s’installèrent plus à l’est, le long de la Little White River, et furent rattachés à l’agence de Rosebud. Quatre autres agences furent établies pour les tribus sioux restantes – Lower Brûlé, Crow Creek, Cheyenne River et Standing Rock. Elles allaient fonctionner pendant près d’un siècle, même si, peu à peu, les Indiens devaient perdre la majeure partie de leur réserve.
Alors que les Tetons s’installaient dans leurs nouveaux villages, une immense vague d’immigrants en provenance d’Europe du Nord déferla sur la partie est du Dakota et vint buter contre les limites de la réserve sioux, le long du Missouri. À Bismarck, au bord du fleuve, une ligne de chemin de fer qui devait se prolonger vers l’ouest se retrouva ainsi bloquée. Les colons qui voulaient atteindre le Montana et le Nord-Ouest réclamèrent à cor et à cri la construction de routes traversant la réserve. Des promoteurs désireux d’acquérir des terres bon marché qu’ils pourraient revendre à un prix avantageux aux immigrants ourdirent toutes sortes de plans pour démembrer la Grande Réserve Sioux.
Autrefois, les Sioux se seraient battus pour empêcher ces intrus de pénétrer leur territoire, mais à présent, ils n’avaient plus d’armes, plus de chevaux, et étaient incapables ne serait-ce que de pourvoir à leurs propres besoins alimentaires ou de se fabriquer des vêtements. Le plus grand des chefs qui leur restait, Sitting Bull, vivait en exil au Canada avec trois mille partisans disposant d’armes et de chevaux. Un jour, peut-être, ces Sioux libres reviendraient.
Le fait que Sitting Bull vive en liberté au Canada était tout aussi insupportable et subversif aux yeux du gouvernement américain qu’un Géronimo libre au Mexique. C’est pourquoi l’armée déploya des efforts désespérés pour tenter de forcer le chef hunkpapa et ses partisans à se placer de nouveau sous son contrôle. En septembre 1877, le Département de la Guerre obtint du gouvernement canadien l’autorisation pour le général Alfred Terry et une commission spéciale de traverser la frontière, escortés par la police montée canadienne. Il était prévu que Terry rencontre Sitting Bull à Fort Walsh et lui promette la grâce du gouvernement à condition de remettre toutes ses armes et ses chevaux et de s’installer avec son peuple à l’agence hunkpapa de Standing Rock, sur la réserve sioux.
Tout d’abord, Sitting Bull refusa de rencontrer le général. « Il est inutile de discuter avec ces Américains, expliqua-t-il à James MacLeod, commissaire divisionnaire de la police montée
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