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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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d’être emmené dans un endroit que je n’aimerais pas, que je ne connaîtrais pas. J’étais persuadé que tous ceux qui étaient emmenés allaient mourir. (…) J’ai réfléchi tout seul. (…) Nous en avons parlé tous les deux. Nous étions saouls… parce qu’il y avait du whisky en quantité et que quand nous avons voulu boire, nous nous sommes servis. »
    Après la fuite de Géronimo, le Département de la Guerre réprimanda Crook avec sévérité pour sa négligence, pour la façon dont il avait accepté les conditions des Apaches sans autorisation, enfin pour sa tolérance à l’égard des Indiens. Le général démissionna sur-le-champ et fut remplacé par le général de brigade Nelson Miles (Manteau-d’Ours), lequel piaffait en attendant une promotion.
    Miles prit ses fonctions le 12 avril 1886. Avec le soutien du Département de la Guerre, il fit amener cinq mille soldats (un tiers environ des forces armées). Il disposait en outre de cinq cents éclaireurs apaches et de plusieurs milliers de miliciens civils. Il mit sur pied une colonne volante de cavaliers ainsi qu’un coûteux système d’héliographes permettant d’envoyer des messages d’un bout à l’autre de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. Cet impressionnant déploiement visait à soumettre Géronimo et son « armée » de vingt-quatre guerriers, lesquels eurent également à leurs trousses durant l’été 1886 quelques milliers de soldats mexicains.
    Ce furent finalement le Capitaine-au-gros-nez (le lieutenant Charles Gatewood) et deux éclaireurs apaches, Martine et Kayi-tah, qui dénichèrent Géronimo et Naiche dans un canyon de la Sierra Madre. Géronimo déposa son fusil et, serrant la main de Gatewood, s’enquit tranquillement de sa santé. Il lui demanda ensuite des nouvelles des États-Unis. Comment se débrouillaient les Chiricahuas ? Gatewood lui répondit que ceux qui s’étaient rendus avaient été expédiés en Floride, et que si lui-même acceptait de capituler, il irait certainement les y rejoindre.
    Géronimo demanda des renseignements sur le général Miles. Sa voix était-elle dure ou agréable à l’oreille ? Était-il cruel ou doux de caractère ? Regardait-il ses interlocuteurs en face ou baissait-il les yeux ? Était-il du genre à tenir ses promesses ? Pour finir, le chef apache voulut que Gatewood le conseille. « Oublie que tu es un Blanc. Imagine que tu es des nôtres. Pense à tout ce qui a été dit jusqu’à aujourd’hui. En tant qu’Apache, que nous conseillerais-tu de faire dans ces circonstances ?
    — Je ferais confiance au général Miles et je le prendrais au mot », répondit Gatewood.
    Ainsi Géronimo fit-il sa reddition pour la dernière fois. Le Grand Père (Grover Cleveland), qui croyait à toutes les atrocités colportées dans la presse à propos de Géronimo et de ses méfaits, fut d’avis qu’il devait être pendu. Mais le conseil des sages l’emporta, et Géronimo ainsi que ce qu’il restait de ses guerriers furent expédiés à Fort Marion, en Floride. Les amis qu’ils y retrouvèrent dépérissaient dans cette région chaude et humide, si différente des hauteurs sèches de leur terre natale. Plus d’une centaine moururent de consomption, d’après les diagnostics. Le gouvernement prit tous les enfants des prisonniers et les envoya dans une école indienne à Carlisle (Pennsylvanie), où plus d’une cinquantaine périrent.
    Furent envoyés en Floride non seulement les Indiens « hostiles », mais également les « amis » – y compris les éclaireurs qui avaient travaillé pour Crook. Au lieu d’obtenir les dix chevaux qu’on leur avait promis, Martine et Kayitah, qui avaient aidé le lieutenant Gatewood à trouver la cachette de Géronimo, se retrouvèrent prisonniers en Floride. Chato, qui avait tenté de dissuader Géronimo de s’échapper de la réserve, puis avait aidé Crook à le trouver, se retrouva contraint d’abandonner son rancho du jour au lendemain et perdit sa terre et tout son bétail. Deux de ses enfants furent envoyés à Carlisle, où ils moururent. Les Chiricahuas étaient voués à disparaître ; ils s’étaient battus pour conserver leur liberté avec trop d’acharnement.
    Mais ils ne furent pas les seuls. Soupçonné d’avoir communiqué avec un bandit connu sous le nom d’Apache Kid, Eskiminzin, le chef des Aravaipas, devenu économiquement indépendant sur son ranch, fut arrêté et transféré avec les quarante

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