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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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« Une fois la répartition faite, expliqua Hinman à Red Cloud, le Grand Père vous donnera vingt-cinq mille vaches et mille taureaux. » Mais avant d’obtenir ce bétail, les Sioux devaient juste signer certains documents que les membres de la commission avaient apportés. Comme aucun des chefs sioux ne savait lire, ils ignoraient qu’ils se dépouilleraient de vingt-trois mille kilomètres carrés de terres en échange des bêtes promises.
    Aux agences où les Sioux montrèrent quelques réticences, Hinman alterna menaces et cajoleries. Afin d’obtenir le plus de signatures possible, il alla jusqu’à soutirer celles de garçons de sept ans. (D’après le traité, seuls les adultes de sexe masculin pouvaient signer.) Lors d’une réunion à Wounded Knee Creek sur la réserve de Pine Ridge, Hinman déclara aux Indiens que s’ils ne signaient pas, ils ne recevraient plus ni rations, ni annuités et seraient de surcroît expédiés dans le Territoire Indien.
    Les anciens de la tribu, qui avaient vu les frontières de leur territoire se resserrer après avoir apposé leur signature en bas de documents du même genre, soupçonnèrent Hinman de vouloir faire main basse sur la réserve. Yellow Hair, un chef de second rang à Pine Ridge qui s’était prononcé haut et fort contre la signature, se vit contraint de céder sous les menaces du révérend. Une fois les cérémonials terminés et la commission partie, Yellow Hair prit une motte de terre et l’offrit à Valentine McGillycuddy, l’agent de Pine Ridge. « Nous avons cédé pratiquement toutes nos terres, déclara l’Indien d’un ton narquois. Autant que tu prennes le reste maintenant. Le voici, je te le donne. »
    Début 1883, Edmunds et Hinman firent le voyage jusqu’à Washington avec le paquet de signatures qu’ils avaient arrachées et parvinrent à faire introduire une loi au Congrès par laquelle les États-Unis récupéraient la moitié de la Grande Réserve Sioux. Heureusement, les amis que les Sioux avaient à Washington mirent en doute la validité de cette loi et soulignèrent que, à supposer que les signatures soient légales, Edmunds et Hinman n’avaient de toute façon pas obtenu comme requis celles des trois quarts de la population sioux adulte mâle.
    Une autre commission, dirigée par le sénateur Henry L. Dawes, fut expédiée en toute hâte au Dakota avec mission d’enquêter sur les méthodes utilisées par Edmunds et Hinman. Elle ne tarda pas à découvrir que ses prédécesseurs avaient triché.
    Dawes demanda à Red Cloud s’il pensait que Hinman était un homme honnête. « Mr. Hinman vous dupe, vous les gens importants, répondit le chef sioux. Il vous a raconté toutes sortes de choses, et vous êtes venus jusqu’ici pour nous demander ce que nous en pensons. »
    Red Dog affirma sous serment que Hinman avait promis de leur donner des vaches et des taureaux sans dire un mot des terres que les Sioux devraient céder en échange. Little Wound déclara : « Mr. Hinman nous a dit que, vu l’état actuel de la réserve, pas un Indien ne pouvait dire où se trouvaient ses terres à lui, et le Grand Père et son conseil pensaient qu’il valait mieux délimiter différentes réserves. C’est la raison pour laquelle nous avons signé le papier.
    — A-t-il évoqué la possibilité que le Grand Père prenne ce qui restait ? demanda le sénateur Dawes.
    — Non, sir, il n’a rien évoqué de tel. »
    À White Thunder qui lui disait qu’on les avait trompés en leur disant de signer le document, le sénateur demanda ce qu’il entendait par là.
    « Ce qu’ils voulaient, c’était acheter la terre à vil prix, et moi j’appelle cela une tromperie.
    — Veux-tu dire par là que les Indiens d’ici seraient prêts à se séparer de leur terre s’ils recevaient plus en échange ? s’enquit Dawes.
    — Non, Monsieur, ils refuseraient, répliqua White Thunder. Cette terre est pour nous la chose la plus précieuse au monde. Des hommes la prennent et deviennent riches grâce à elle. Nous autres Indiens devons absolument la conserver. »
    Peu avant l’arrivée de la commission Dawes dans le Dakota, Sitting Bull fut libéré et transféré à l’agence hunkpapa de Standing Rock. Le 22 août, lorsque les membres de la commission vinrent recueillir des témoignages, il quitta son campement au bord de la Grand River et se présenta à l’agence pour assister au conseil. Faisant mine de ne pas s’apercevoir de

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