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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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centaines de Navajos crevant de faim lancèrent sur ses soldats des pierres et des bouts de bois, le tout accompagné de malédictions en espagnol. Mais ils ne parvinrent pas à les arrêter. Les hommes de Pfeiffer tombèrent sur des hogans et des réserves de nourriture cachées qu’ils détruisirent et ils abattirent du bétail. Puis ils tuèrent trois Navajos qui s’étaient aventurés à portée de leurs fusils, découvrirent les corps de deux vieux Indiens morts de froid, et capturèrent dix-neuf femmes et enfants.
    Pendant ce temps-là, Carson avait établi son camp côté ouest et lancé des expéditions de reconnaissance le long des bords du canyon. Le 12 janvier, l’une de ses patrouilles, tombant sur un groupe de Navajos, en tua onze. Deux jours plus tard, les deux troupes de soldats firent leur jonction. Elles avaient traversé le canyon d’un bout à l’autre sans livrer la moindre vraie bataille.
    Le soir même, trois Navajos s’approchèrent du camp des soldats avec un drapeau blanc. Leur peuple, expliquèrent-ils à Carson, mourait de faim et de froid et avait décidé de se rendre plutôt que de périr. « Vous avez jusqu’à demain matin, leur répondit-il. Après quoi, nos soldats vous traqueront. » Le lendemain matin, soixante Indiens émaciés et vêtus de guenilles vinrent faire reddition.
    Avant de rentrer à Fort Canby, Carson ordonna la destruction totale des biens navajos situés dans le canyon – y compris les magnifiques vergers où poussaient plus de cinq mille pêchers. Les Navajos étaient prêts à pardonner à Lanceur-de-Lasso de les avoir combattus, capturés, et même d’avoir détruit leurs réserves de nourriture. Mais ce qu’ils ne lui pardonneraient jamais, ce serait d’avoir fait abattre leurs chers pêchers.
    Au cours des semaines qui suivirent, la nouvelle de l’entrée des soldats dans le canyon de Chelly se répandit dans les refuges secrets des Navajos. Alors, les Indiens perdirent courage. « Nous nous sommes battus pour cette terre parce que nous ne voulions pas la perdre, déclara Manuelito. Nous avons pratiquement tout perdu (…). La nation américaine est trop puissante pour que nous puissions la combattre. Tant que nous devions l’affronter quelques jours seulement, nous nous sentions forts. Mais nous nous sommes rapidement épuisés et les soldats sont venus à bout de notre résistance en nous affamant .  »
    Le 31 janvier, Delgadido persuada six cent quatre-vingts Navajos de faire leur reddition à Fort Wingate en les assurant qu’ils auraient de bonnes conditions de vie à Bosque Redondo. D’autres Indiens, poussés par l’hiver particulièrement rigoureux et le manque de nourriture, arrivèrent à Fort Canby. Mi-février, ils étaient au nombre de mille deux cents, affamés et démunis. L’armée leur distribua de maigres rations. Les plus vieux et les plus jeunes d’entre eux commencèrent à mourir. Herrero Grande arriva le 21 février avec sa bande, faisant monter le nombre de Navajos à Fort Canby à mille cinq cents. Début mars, trois mille Indiens s’étaient rendus à l’un ou l’autre des forts, et les pistes enneigées menant vers le nord étaient encombrées de Navajos s’approchant craintivement. Mais les chefs ricos, Manuelito, Barboncito et Armijo, refusèrent d’abandonner la lutte. Ils demeurèrent dans les montagnes avec leur peuple, décidés à ne pas se rendre.
    La « Longue Marche » des Navajos vers Fort Sumner et Bosque Redondo commença courant mars. Le 13, un premier contingent de mille quatre cent trente Indiens atteignit le fort. Dix Navajos avaient péri sur la route et trois enfants avaient été kidnappés, sans doute par des Mexicains faisant partie de l’escorte armée.
    Pendant ce temps-là, un deuxième groupe de deux mille quatre cents Indiens quittait Fort Canby, où étaient déjà morts cent vingt-six de leurs camarades. Leur longue caravane comprenait trente chariots, trois mille moutons et quatre cent soixante-treize chevaux. Leur courage les aida à supporter le froid glacial, la faim, la dysenterie, les railleries des soldats et un voyage éprouvant de près de cinq cents kilomètres. Mais la tristesse de quitter leur pays, de perdre leur terre, fut trop forte pour cent quatre-vingt-dix-sept d’entre eux, qui succombèrent avant même d’avoir atteint leur cruelle destination.
    Le 20 mars, un autre groupe de huit cents Navajos, pour la plupart des femmes, des enfants et des

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