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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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l’un des condamnés bénéficia d’un sursis. À 10 heures environ, les trente-huit condamnés furent escortés de la prison jusqu’à la potence. Ils se mirent à entonner le chant de mort des Sioux et ne cessèrent qu’au moment où les soldats leur couvrirent la tête de cagoules blanches et leur passèrent la corde autour du cou. Au signal de l’un des officiers, la corde qui permettait l’ouverture de toutes les trappes fut coupée, et les corps des trente-huit Santees se balancèrent dans le vide. Sans l’intervention de Lincoln, il y aurait eu plus de trois cents pendus. Ce qui n’empêcha pas un spectateur de déclarer sur un air de triomphe qu’il s’agissait de « la plus grande exécution de masse en Amérique ».
    Quelques heures plus tard, des officiels se rendirent compte que deux des hommes pendus ne figuraient pas sur la liste de Lincoln, chose qui ne serait évoquée publiquement que neuf ans plus tard. « Nous constatons avec grand regret que des erreurs ont été commises, déclara l’un des responsables. Je suis certain qu’elles n’étaient pas volontaires. » L’un des innocents pendus avait sauvé la vie d’une femme blanche pendant l’un des raids.
    Plusieurs des Indiens exécutés ce jour-là clamèrent leur innocence jusqu’au bout. Parmi eux, Rda-in-yan-ka, celui-là même qui avait tenté d’empêcher le déclenchement de la guerre, avant de se rallier à Little Crow. Lorsque le vieux chef santee était parti pour le Dakota avec ses compagnons, Wabasha avait persuadé Rda-in-yan-ka de ne pas le suivre.
    Peu de temps avant son exécution, Rda-in-yan-ka dicta une lettre d’adieu adressée à son chef :
    Wabasha, tu m’as trompé. Tu m’as dit que si nous suivions le conseil du général Sibley et nous rendions aux Blancs, tout irait bien, et aucun innocent ne serait blessé. Je n’ai ni tué, ni blessé, ni offensé un Blanc quel qu’il soit. Je n’ai pas pris part au pillage de leurs biens ; et pourtant me voilà à présent au nombre de ceux que l’on va exécuter. Je vais mourir dans quelques jours, alors que les coupables resteront en prison. Ma femme est ta fille, mes enfants sont tes petits-enfants. Je te les confie tous. Ne laisse personne les faire souffrir ; et quand mes enfants seront grands, dis-leur que leur père est mort pour avoir suivi les conseils de son chef, alors qu’il pouvait jurer devant le Grand Esprit n’avoir jamais fait couler le sang d’un Blanc.
    Ma femme et mes enfants sont chers à mon cœur. Qu’ils ne pleurent pas ma mort. Qu’ils se souviennent que les braves doivent se préparer à mourir. J’agirai comme il sied à un Dakota.
    Ton gendre,
    Rda-in-yan-ka
    Ceux qui avaient échappé à la pendaison furent condamnés à la prison. Parmi eux figurait Big Eagle, lequel reconnut tout de suite avoir participé aux combats. « Si j’avais su qu’on m’enverrait au pénitencier, je ne me serais pas rendu, mais au bout de trois ans passés là-bas, et alors qu’ils s’apprêtaient à me relâcher, j’ai dit aux Blancs qu’ils pouvaient tout aussi bien me garder un an de plus si cela leur faisait plaisir, et je le pensais vraiment. Je n’ai pas aimé la façon dont on m’a traité. Je me suis rendu en toute bonne foi, sachant que de nombreux Blancs me connaissaient et que je n’étais pas un meurtrier, et que si jamais j’avais tué ou blessé un homme, c’était au cours d’un combat loyal. » Nombreux furent ses compagnons de détention à regretter de ne pas avoir fui le Minnesota.
    Au moment où l’on procédait aux exécutions, Little Crow s’était installé avec ses guerriers au bord de Devil’s Lake, lieu d’hivernage de plusieurs tribus sioux. Il tenta de constituer une alliance militaire avec les autres chefs, leur expliquant qu’à moins de se préparer au combat, ils devraient céder devant l’invasion des Blancs. Pourtant, s’il s’attira leur compassion, seul un petit nombre des Indiens des Plaines se crurent réellement menacés. Au cas où les Blancs s’installeraient dans le territoire dakota, alors les Indiens iraient plus à l’ouest, tout simplement. La terre offrait suffisamment de place pour tout le monde.
    Au printemps, Little Crow, Shakopee et Medicine Bottle gagnèrent le Canada avec leurs bandes. Arrivé à Fort Garry (Winnipeg), Little Crow tenta de persuader les autorités britanniques d’apporter leur aide aux Santees. Pour sa première rencontre avec elles, il mit ses plus

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