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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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savaient à présent que Sibley était trop fort pour eux. Les Sioux des forêts n’avaient d’autre choix que de se rendre ou de fuir pour rejoindre leurs cousins, les Sioux des plaines du Dakota. Convaincus que la libération des prisonniers leur vaudrait l’amitié indéfectible de Sibley, ceux qui n’avaient pas pris part aux combats décidèrent de se livrer. Se joignit à eux Wabasha, lequel persuada son gendre Rda-in-yan-ka de faire de même. À la dernière minute, Little Crow décida lui aussi de se rendre. Des métis lui assurèrent que s’il capitulait, il serait simplement considéré comme prisonnier de guerre et rapidement libéré. Ainsi, le vieux chef prit une décision qu’il n’allait pas tarder à regretter.
    Le lendemain, le cœur alourdi par cette défaite amère et le poids de ses soixante ans, Little Crow, s’adressant pour la dernière fois à ses compagnons, déclara : « J’ai honte de dire que je suis un Sioux. Hier, sept cents de nos meilleurs guerriers ont été battus à plates coutures par les Blancs. Maintenant, la meilleure chose à faire pour nous, c’est de nous enfuir tous et de nous éparpiller sur les plaines tels les bisons ou les loups. Certes, les Blancs disposaient de canons et de meilleures armes que nous, et ils étaient bien plus nombreux. Mais cela n’explique pas pourquoi nous ne les avons pas battus, car nous sommes de valeureux Sioux et les Blancs sont des femmelettes. Je ne comprends pas cette défaite honteuse. Elle ne peut qu’être le fruit de l’action de traîtres en notre sein. » Alors, avec Shakopee et Medicine Bottle, il ordonna à son peuple de démonter les tipis. Les Indiens chargèrent dans quelques chariots pris à l’agence leurs possessions et leurs provisions, firent monter leurs femmes et leurs enfants, puis prirent la direction de l’ouest. La Lune-du-riz-sauvage (septembre) s’achevait, et la période des lunes froides était toute proche.
    Le 26 septembre, avec l’aide de Wabasha et de Paul Mazakoo-temane qui agitaient des drapeaux blancs, Sibley pénétra dans le camp santee et exigea la libération immédiate des captifs. Cent sept Blancs et cent soixante-deux métis furent remis aux soldats. Au cours du conseil qui suivit, Sibley annonça aux Santees qu’ils devaient se considérer comme prisonniers de guerre en attendant qu’il puisse découvrir et faire pendre ceux d’entre eux qui étaient coupables. Les chefs partisans de la paix protestèrent avec obséquiosité de leur amitié. Par exemple, Paul Mazakootemane déclara : « J’ai été élevé comme l’un de tes enfants. Avec ce qui est à toi, tu m’as fait grandir, et maintenant, je prends ta main tel un petit enfant la main de son père (…). J’ai toujours considéré les Blancs comme mes amis, et avec eux, je comprends que le temps béni de l’amitié est arrivé. »
    En guise de réponse, Sibley fit encercler le village par l’artillerie. Puis il envoya des messagers métis prévenir les Santees de la vallée de la Minnesota River qu’ils devaient se rendre à Camp Release (c’est-à-dire Camp Libération, un nom qu’il avait lui-même choisi). Ceux qui refusaient seraient traqués, capturés ou tués. Pendant que des soldats rassemblaient les Santees et les désarmaient, d’autres abattirent des arbres et construisirent une immense bâtisse en bois. Elle était destinée, les Indiens le comprirent rapidement, à servir de prison : les Santees de sexe masculin – six cents des deux mille Indiens du camp – s’y retrouvèrent enfermés, enchaînés par deux.
    Pendant ce temps, Sibley avait donné mission à cinq de ses officiers de constituer un tribunal militaire afin de juger les Santees soupçonnés d’avoir participé au soulèvement. Les Indiens n’ayant aucun droit, il estima inutile de nommer un avocat pour les défendre.
    Le premier suspect amené devant le tribunal fut un mulâtre du nom de Godfrey, marié à une squaw de la bande de Wabasha et vivant à Lower Agency depuis quatre ans. Quatre femmes qui avaient été capturées par les Indiens vinrent témoigner. Aucune ne l’accusa de viol ; aucune ne l’avait vu tuer quelqu’un. Pourtant, toutes affirmèrent l’avoir entendu se vanter du meurtre de sept Blancs à New Ulm. S’appuyant sur leur témoignage, le tribunal militaire déclara Godfrey coupable d’homicide et le condamna à la pendaison.
    Lorsqu’il apprit que le tribunal était disposé à commuer sa sentence

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