Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
30 juin, démission de Chase, ministre des Finances, qui accuse les spéculateurs de comploter pour faire durer la guerre afin d’en tirer des gains financiers. Robert C. Winthrop, législateur et historien, déclare que « [s]ous un patriotisme affiché pourrait bien se cacher une multitude de péchés ». Le 2 septembre, prise d’Atlanta (Géorgie) par les troupes de l’Union. Le 8 novembre, réélection de Lincoln. Le 8 décembre, à Rome, le pape Pie XI édicte le Syllabus Errorum, qui condamne le libéralisme, le socialisme et le rationalisme. Le 21 décembre, Savannah tombe entre les mains de l’armée de Sherman. En décembre toujours, Edwin Booth (12) joue Hamlet au Winter Garden Theatre de New York.
En dépit des torts que j’ai subis, je vis dans l’espoir. Je n’ai pas deux cœurs. (…) Nous nous retrouvons maintenant de nouveau ensemble pour faire la paix. La honte qui m’emplit est aussi vaste que la terre, même si je vais agir ainsi que mes amis me le conseillent. Autrefois, je pensais être le seul à maintenir des liens d’amitié avec l’homme blanc, mais depuis qu’ils sont venus détruire nos tipis, nos chevaux et tout ce que nous avions, il me sera difficile de les croire désormais.
Motavato (Black Kettle), Cheyenne du Sud
En 1851, lors d’une rencontre avec des représentants des États-Unis à Fort Laramie, plusieurs tribus, dont les Cheyennes, les Arapahos, les Sioux et les Crows, acceptèrent de laisser les Américains construire des voies d’accès et établir des postes militaires sur leurs territoires. Les deux parties signataires du traité jurèrent de faire toujours preuve de bonne foi et d’amitié dans leurs relations et d’œuvrer pour une paix durable et réelle. Il ne fallut pas plus de dix ans aux Blancs pour s’enfoncer profondément dans les terres indiennes en suivant la vallée de la Platte River. Arrivèrent tout d’abord les convois de chariots et quelques forts, puis les diligences et un réseau encore plus dense de forts, et enfin les messagers du Pony-Express, remplacés peu après par les fils chanteurs du télégraphe.
Le traité de 1851 ne forçait pas les Indiens à céder leurs droits sur leurs terres, pas plus qu’il ne les contraignait à « abandonner leurs droits de chasse, de pêche ou de circulation sur les routes du territoire ci-devant défini ». Mais la ruée vers l’or de Pike’s Peak (1858) provoqua l’arrivée de milliers de prospecteurs blancs résolus à trouver le précieux métal jaune dans les terres des Indiens. Ils commencèrent à construire un peu partout des petits villages de maisons en bois, puis une ville qu’ils appelèrent Denver City et dans laquelle Little Raven, un chef arapaho qui trouvait fort amusantes les activités des hommes blancs, vint faire un petit séjour. Il apprit à fumer le cigare et à manger sa viande avec un couteau et une fourchette. Il assura aux prospecteurs qu’il se réjouissait de les voir trouver de l’or, mais leur rappela que cette terre appartenait aux Indiens. C’est pourquoi il souhaitait, leur dit-il, les voir s’en aller rapidement une fois qu’ils auraient trouvé tout le métal jaune dont ils avaient besoin.
Or, non seulement les prospecteurs restèrent, mais des milliers d’autres affluèrent. La vallée de la Platte, autrefois si riche en troupeaux de bisons, se retrouva peu à peu envahie par des colons traçant les limites de leur futur ranch et s’appropriant des parcelles du territoire censé appartenir aux Cheyennes du Sud et aux Arapahos depuis le traité de Fort Laramie. Celui-ci n’était signé que depuis dix ans lorsque le Grand Conseil de Washington créa le Territoire du Colorado. Le Grand Père envoya un gouverneur, et les responsables politiques entreprirent des manœuvres pour obtenir de la part des Indiens la cession de leurs terres.
Les Cheyennes et les Arapahos maintinrent la paix malgré tout, et lorsque leurs chefs reçurent de la part des autorités des États-Unis une invitation à se réunir à Fort Wise, au bord de l’Arkansas River, pour négocier un nouveau traité, plusieurs acceptèrent. Ils pensaient que leurs tribus, contraintes de vivre sur une portion triangulaire de leur territoire délimitée par Sand Creek et l’Arkansas River, conserveraient au moins les droits sur leurs terres et la liberté de se déplacer pour chasser le bison, liberté d’autant plus importante qu’il n’y avait presque pas de gibier sur la
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