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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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s’en allèrent de fort bonne humeur. Mais le colonel n’avait pas dit un mot sur l’ouverture de la piste Bozeman, pas plus que Red Cloud n’avait évoqué Fort Reno, au bord de la Powder, toujours assiégé. Ces sujets pourraient être abordés lors des négociations pour le traité.
    Red Cloud n’attendit pas que l’herbe verte pousse. En effet, il revint à Fort Laramie dès le mois de mai, la Lune-où-les-mustangs-perdent-leurs-poils. Il était accompagné de son lieutenant, Man-Afraid-of-His-Horses, et de plus d’un millier d’Oglalas. Dull Knife amenait avec lui quelques dizaines de Cheyennes, et Red Leaf sa bande de Brûlés. Avec la tribu de Spotted Tail et les autres Brûlés, ils formèrent un immense village de tipis au bord de la Platte. Comptoirs et magasins se mirent à bourdonner d’une activité incessante. Jamais Big Mouth et ses collègues n’avaient eu autant de pain sur la planche.
    Quelques jours plus tard arrivèrent les membres de la commission pour la paix. Le 5 juin, les procédures officielles commencèrent, avec les habituels et interminables discours des envoyés du gouvernement et des chefs indiens. C’est alors que Red Cloud demanda, à la surprise générale, que l’on attende quelques jours l’arrivée d’autres Tetons qui désiraient participer aux discussions. Le commissaire Taylor accepta d’ajourner le conseil jusqu’au 13 juin.
    Le sort voulut que le 13 juin soit le jour où le colonel Henry B. Carrington et ses sept cents officiers et soldats du 18 e  régiment d’infanterie arrivaient dans les parages de Fort Laramie. Le régiment, parti de Fort Kearney, dans le Nebraska, avait l’ordre d’établir une chaîne de postes militaires le long de la piste Bozeman afin de préparer l’arrivée des nombreux voyageurs et convois attendus pour l’été. Bien que l’expédition ait été prévue depuis des semaines, aucun des Indiens invités à participer aux négociations n’avait été informé de cette occupation militaire de la vallée de la Powder.
    Soucieux d’éviter toute friction avec les quelque deux mille Indiens installés autour de Fort Laramie, Carrington arrêta son régiment à sept kilomètres à l’est. À quelque distance de là, Standing Elk, l’un des chefs brûlés venus au cours de l’hiver, vit depuis son tipi les soldats former un carré avec leurs chariots. Enfourchant son mustang, il se présenta devant leur campement. Les soldats l’emmenèrent voir le colonel Carrington, qui chargea l’un de ses guides de traduire leurs échanges. Une fois le cérémonial de la pipe accompli, Standing Elk demanda sans détours : « Où vas-tu ? »
    Carrington répondit qu’il emmenait ses troupes dans la vallée de la Powder afin de garder la voie d’accès au Montana.
    « Un traité est en cours de négociation ici à Fort Laramie avec les Sioux qui occupent la région où tu te rends, le prévint Standing Elk. Tu vas devoir te battre contre leurs guerriers là-bas. » Carrington répondit qu’il n’avait pas l’intention de faire la guerre aux Sioux, mais seulement de surveiller la route.
    « Ils refuseront de vendre leurs territoires de chasse pour que les Blancs fassent une route, insista Standing Elk. Il faudra que vous les battiez à plates coutures pour qu’ils vous laissent contrôler la piste. » Il s’empressa d’ajouter qu’il était un Brûlé, que Spotted Tail et lui étaient des amis des Blancs mais que les Oglalas de Red Cloud et les Miniconjous, eux, combattraient tous les hommes blancs s’aventurant au nord de la Platte.
    Ainsi, avant même que ne commencent les discussions autour du traité, tous les Indiens furent mis au courant de la présence et de la mission du régiment des Tuniques Bleues. Lorsque Carrington arriva le lendemain au fort, le commissaire Taylor décida de le présenter aux chefs, qu’il informa tranquillement de ce qu’ils savaient en fait déjà – que le gouvernement des États-Unis avait l’intention, malgré le traité, d’ouvrir une route qui traverserait la vallée de la Powder.
    Les premiers mots de Carrington furent noyés sous un flot de protestations. Quand il put enfin reprendre la parole, les Indiens continuèrent à marmonner entre eux et à s’agiter sur les bancs en pin où ils étaient regroupés sur le terrain de manœuvres du fort. L’interprète de Carrington lui suggéra dans un murmure de laisser les chefs parler en premier.
    Man-Afraid-of-His-Horses monta

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