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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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alors sur l’estrade. Son discours torrentiel fut on ne peut plus clair : si les soldats pénétraient le territoire sioux, son peuple les combattrait. « Dans deux lunes, les chevaux de vos troupes n’auront plus un seul sabot. »
    Vint le tour de Red Cloud. La silhouette agile, vêtu d’une couverture claire et chaussé de mocassins, il s’avança jusqu’au centre de l’estrade. Ses cheveux noirs et lisses, séparés au milieu par une raie, le drapaient des épaules à la taille. Sa bouche large dessinait une fente inflexible sous son nez en bec d’aigle. Des éclairs dans les yeux, il reprocha aux membres de la commission de traiter les Indiens comme des enfants. Il les accusa de faire semblant de négocier pour le contrôle d’un territoire alors même qu’ils prévoyaient de le conquérir par la force. « Année après année, les Blancs nous ont repoussés, déclara-t-il, jusqu’à ce que nous soyons obligés de vivre sur un territoire minuscule au nord de la Platte, et maintenant, vous voudriez nous prendre nos dernières terres de chasse, le foyer du Peuple. Nos femmes et nos enfants mourront de faim, mais pour ma part, je préfère périr au combat (…). Le Grand Père nous envoie des présents et veut une nouvelle route. Mais le Chef Blanc vole la route avec ses soldats avant même que les Indiens donnent leur réponse ! » Alors que l’interprète était encore en train de traduire les paroles sioux en anglais, une telle agitation se fit parmi les Indiens que Taylor déclara brutalement la levée de la session. Red Cloud passa devant Carrington comme s’il était invisible et traversa le champ de manœuvres en direction du camp oglala. Le lendemain, les Oglalas avaient quitté Fort Laramie.
    Les semaines suivantes offrirent aux Indiens la possibilité d’apprécier la taille et la force du convoi de Carrington, lequel, empruntant la piste Bozeman, progressait vers le nord. Sur ses deux cents chariots s’amoncelaient faucheuses, machines pour fabriquer bardeaux ou briques, portes en bois, châssis de fenêtres, verrous, clous, instruments pour un orchestre de vingt-cinq musiciens, rocking-chairs, barattes, boîtes de conserve et semences, mais aussi, bien entendu, munitions, poudre et matériel militaire. De toute évidence, les Tuniques Bleues avaient l’intention de s’installer dans la vallée de la Powder. Un certain nombre d’entre eux avaient amené femmes et enfants, ainsi que divers animaux familiers, et des domestiques. Ils étaient armés de fusils à chargement par le canon complètement obsolètes et de quelques carabines Spencer à culasse, mais disposaient tout de même du soutien de quatre pièces d’artillerie. Ils s’étaient assuré les services de deux guides, Jim Bridger et Petit-Bison-Médecine Beckwourth, lesquels savaient pertinemment que le convoi était sous la surveillance constante des Indiens.
    Le 28 juin, le régiment, arrivé à Fort Reno, releva les deux compagnies de Galvanized Yankees qui y avaient passé l’hiver et le printemps, quasiment prisonniers dans leur propre fortin. Carrington laissa un quart de son régiment sur place, avant de prendre la direction du nord pour chercher un site où installer son quartier général. Des centaines de guerriers indiens quittèrent alors leurs campements des bords de la Powder et de la Tongue pour se rapprocher du convoi militaire.
    Le 13 juillet, la colonne fit une halte entre deux petits cours d’eau, le Little Piney et le Big Piney. Et là, au cœur d’une prairie luxuriante près des pentes des Bighorns couvertes de conifères, sur le plus beau territoire de chasse des Indiens des Plaines, les Tuniques Bleues plantèrent leurs tentes et se mirent à construire Fort Kearny.
    Trois jours plus tard, un important groupe de Cheyennes s’approcha du campement. Parmi leurs chefs figuraient Two Moon, Black Horse et Dull Knife, mais ce dernier se tenait à l’écart, les autres lui ayant sévèrement reproché d’être resté à Fort Laramie et d’avoir signé les documents qui accordaient aux soldats la permission de construire des forts et d’ouvrir la route de la Powder. Dull Knife avait eu beau répéter qu’il avait signé afin d’obtenir des couvertures et des munitions, mais qu’il ignorait ce que contenait le document en question, les autres avaient répliqué qu’il avait signé alors que Red Cloud, lui, avait refusé, dédaigné les présents des Blancs et rassemblé ses guerriers pour les

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