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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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défier.
    Les Cheyennes se présentèrent avec des drapeaux blancs et convinrent avec Petit-Chef-Blanc Carrington de la tenue de pourparlers. Quarante chefs et guerriers se virent accorder l’autorisation de visiter le camp des soldats. Accueillant ses hôtes avec l’orchestre qu’il avait amené depuis Fort Kearney, dans le Nebraska, Carrington les régala d’une musique militaire pleine d’allant. Les Indiens se doutaient bien qu’ils ne pourraient duper Couverture Jim Bridger, mais par contre ils parvinrent à faire croire à Petit-Chef-Blanc qu’ils étaient venus parler de paix. Pendant que la pipe circulait et que les uns et les autres faisaient les habituels discours préliminaires, les chefs prirent la mesure des forces des soldats.
    Alors qu’ils étaient toujours là, Petit-Chef-Blanc, visant une colline avec l’un de ses canons, y tira un obus sphérique. « Il y a deux tirs, déclara Black Horse avec une solennité feinte. Chef-Blanc tire une fois. Puis le Grand Esprit de Chef-Blanc tire une deuxième fois pour ses enfants blancs. »
    La puissance de la grosse pièce d’artillerie impressionna les Indiens, ainsi que Carrington l’espérait. Mais il était loin d’imaginer que Black Horse était en train de se moquer de lui avec cette déclaration pompeuse sur le Grand Esprit qui tirait « une deuxième fois pour ses enfants blancs ». Lorsque les Cheyennes furent sur le départ, Petit-Chef-Blanc leur remit des bouts de papier attestant qu’ils acceptaient une « paix durable avec les Blancs et tous les voyageurs qui emprunteraient la route ». Quelques heures suffirent pour que les villages des bords de la Tongue et de la Powder apprennent par les Cheyennes que le nouveau fort était tellement solide qu’il ne pourrait être enlevé sans causer un grand nombre de victimes. Les Indiens allaient devoir en faire sortir les soldats par la ruse, afin de mieux pouvoir les attaquer.
    Le lendemain matin, à l’aube, des Oglalas de Red Cloud dispersèrent cent soixante-quinze chevaux et mules du troupeau de Carrington, puis entraînèrent les soldats alertés dans une course-poursuite de vingt-cinq kilomètres au cours de laquelle ils infligèrent leurs premières pertes aux Tuniques Bleues qui avaient envahi la vallée de la Powder.
    À partir de ce jour, Petit-Chef-Blanc dut faire face à une guérilla incessante qui dura tout l’été 1866. Aucun des nombreux convois de chariots civils et militaires empruntant la piste Bozeman n’était à l’abri d’une attaque surprise. Les escortes de cavaliers étaient peu fournies, et les soldats comprirent rapidement qu’ils risquaient à tout moment de tomber dans une embuscade fatale. Quant à ceux chargés de couper du bois de construction à quelques kilomètres au nord de Fort Phil Kearny, ils subirent un harcèlement constant et impitoyable.
    Au cours de l’été, les Indiens établirent un camp de base en aval de la Powder. De toute évidence, leur stratégie consisterait à rendre les trajets sur la route difficiles et dangereux, à couper les troupes de Carrington de leur ravitaillement et à les isoler avant d’attaquer.
    Red Cloud était partout, et le nombre de ses alliés ne cessait de croître. Black Bear, le chef arapaho dont le village avait été détruit par le général Connor l’été précédent, lui fit part de la grande hâte que ses guerriers avaient de participer aux combats. Sorrel Horse, un autre Arapaho, se joignit également à l’alliance avec ses braves. Si Spotted Tail, qui croyait encore à la paix, était parti chasser le bison dans la vallée de la Republican, beaucoup de ses guerriers vinrent retrouver Red Cloud. Sitting Bull était là. Plus tard, il représenterait dans un pictogramme comment il vola un cheval à l’oreille fendue à des voyageurs blancs sur la route de la Powder. Il y avait aussi Gall, un jeune Hunkpapa. Aidé d’un Miniconjou du nom de Hump et d’un jeune Oglala qui s’appelait Crazy Horse, il s’amusa à élaborer toutes sortes de ruses pour narguer les soldats et les colons, les énerver et les attirer dans des pièges soigneusement préparés.
    Début août, Carrington décida que Fort Phil Kearny était suffisamment solide pour prendre le risque de diviser de nouveau ses troupes. Par conséquent, en conformité avec les instructions reçues du Département de la Guerre, il détacha cent cinquante hommes et les envoya à quatre-vingt-dix kilomètres au nord afin d’y construire

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