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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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là, et sont partis en guerre. » Peut-être Sherman fut-il surpris d’entendre quelques rires étouffés parmi les chefs. Il n’en poursuivit pas moins, sur un ton plus sévère : « Tant que les Indiens continueront à attaquer cette route, nous n’y renoncerons pas. Mais si, en novembre, à Laramie, après avoir étudié la question, nous nous rendons compte que la route vous est préjudiciable, alors nous l’abandonnerons ou nous paierons. Vous devrez nous présenter vos revendications à Laramie. »
    Puis Sherman se lança dans un discours sur le besoin qu’avaient les Indiens de disposer de leur propre terre et sur la nécessité pour eux de cesser de dépendre de la chasse. Ce qu’il dit ensuite fit l’effet d’un coup de tonnerre : « Nous proposons donc de laisser la nation sioux choisir son territoire dans la vallée du Missouri, comprenant la White Earth et la Cheyenne River, afin que les Indiens aient leur terre comme les Blancs, pour toujours, et nous suggérons d’en interdire l’accès à tous les Blancs, sauf les agents et les négociants que vous voudrez voir. »
    La traduction de ces paroles provoqua la surprise des Indiens, qui se mirent à murmurer entre eux. C’était donc cela que les nouveaux commissaires voulaient obtenir d’eux ! Plier bagages et partir tout là-bas, dans la vallée du Missouri ? Cela faisait des années que les Sioux remontaient cette vallée vers l’ouest à la recherche du gibier ; pourquoi devraient-ils retourner à leur point de départ pour y crever de faim ? Pourquoi ne les laissait-on pas vivre en paix là où l’on trouvait du gibier ? Les Blancs aux yeux avides avaient-ils déjà décidé de s’approprier ces terres généreuses ?
    Le malaise des Indiens persista tout au long des discussions qui suivirent. Swift Bear et Pawnee Killer professèrent leur amitié et réclamèrent de la poudre et du plomb, mais à la fin de la réunion, Sherman proposa que seuls les Brûlés reçoivent des munitions. Il y eut alors de vives protestations. Taylor et Moustaches-Blanches Harney rappelèrent que les chefs avaient été invités au conseil avec la promesse qu’on leur fournirait des munitions pour la chasse. Sherman céda, et de petites quantités de poudre et de plomb furent distribuées.
    Man-Afraid retourna sans tarder au campement de Red Cloud au bord de la Powder. À supposer que Red Cloud ait envisagé de rencontrer les représentants du gouvernement à Laramie pendant la Lune-où-les-feuilles-tombent, il changea d’avis en entendant Man-Afraid lui parler des manières hautaines de Grand-Guerrier Sherman et de sa proposition de déplacer la nation sioux jusqu’au Missouri.
    Le 9 novembre, en arrivant à Fort Laramie, les membres de la commission n’étaient attendus que par quelques chefs crows. Ceux-ci se montrèrent amicaux, mais l’un d’eux – Bear Tooth – n’en tint pas moins un discours plutôt surprenant dans lequel il condamna la manière insouciante dont les Blancs avaient détruit la faune et l’environnement naturel : « Pères, pères, pères, écoutez-moi bien. Rappelez vos jeunes hommes des montagnes où vivent les mouflons. Ils ont envahi notre territoire, détruit les jeunes arbres et l’herbe verte, mis le feu à nos terres. Pères, vos jeunes gens ont ravagé mon pays et tué mes animaux, l’élan, le cerf, l’antilope, mon bison. Ils ne les tuent pas pour les manger ; non, ils laissent leurs cadavres pourrir là où ils sont tombés. Pères, si j’allais dans votre pays tuer vos animaux, que diriez-vous ? N’aurais-je pas tort, et ne me feriez-vous pas la guerre  ? »
    Quelques jours après la rencontre entre les commissaires et les Crows arrivèrent des messagers envoyés par Red Cloud. Le chef faisait savoir qu’il accepterait de venir à Fort Laramie parler de paix dès que les soldats se retireraient des forts établis sur la route de la Powder. La guerre qu’il menait, insistait-il, avait un seul but – sauver des intrusions de l’homme blanc la vallée de la Powder, le seul territoire de chasse qu’il restait à sa nation. « Le Grand Père a envoyé ses soldats ici pour y répandre le sang. Ce n’est pas moi qui ai fait couler le sang le premier (…). Si le Grand Père éloignait les Blancs de mon pays, la paix durerait pour toujours, mais s’ils me dérangent, il n’y aura pas de paix (…). Le Grand Esprit m’a fait grandir dans ce pays, et vous dans un autre. Ce que j’ai dit,

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