Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
Powder avaient été interrompus, impressionnèrent fortement le gouvernement des États-Unis et le haut commandement militaire. Si le gouvernement tenait coûte que coûte à protéger l’Union Pacific Railroad, même de vieux briscards tel le général Sherman commençaient à se demander s’il ne valait pas mieux laisser la vallée de la Powder aux Indiens en échange de la paix dans la vallée de la Platte.
Fin juillet, après avoir célébré leur danse du Soleil et la cérémonie des flèches-médecine, les Sioux et les Cheyennes prirent la décision de raser l’un des forts qui se trouvaient sur la piste Bozeman. Le choix de Red Cloud se portait sur Fort Phil Kearny, mais Dull Knife et Two Moon étaient d’avis qu’il serait plus facile de prendre Fort C. F. Smith, les guerriers cheyennes ayant déjà tué ou capturé pratiquement tous les chevaux des soldats qui y étaient postés. Finalement, aucun accord ne pouvant être trouvé, les Sioux annoncèrent qu’ils attaqueraient Fort Phil Kearny, tandis que les Cheyennes prenaient la direction de Fort C. F. Smith, au nord.
Le 1 er août, cinq ou six cents Cheyennes surprirent trente soldats et civils dans un champ à un peu plus d’un kilomètre de Fort C. F. Smith. Ces Blancs, inconnus des Indiens, étaient armés de nouveaux fusils à répétition. Lorsque les guerriers chargèrent le corral des soldats, ils essuyèrent des tirs si cinglants que seul l’un d’eux parvint à passer les fortifications, pour être abattu peu après d’ailleurs. Alors, les Cheyennes mirent le feu aux hautes herbes entourant le corral. (Le feu s’approcha en ondulant, comme les vagues de l’océan, devait raconter plus tard l’un des soldats. « Arrivé à six mètres de la palissade, il s’est arrêté, comme si quelque pouvoir surnaturel l’empêchait d’avancer. Les flammes se sont élevées à la verticale sur une hauteur d’au moins douze mètres, ont ondulé deux ou trois fois, puis se sont éteintes dans un bruit sec, semblable au claquement d’une toile épaisse par vent fort ; l’instant d’après, le vent a poussé la fumée (…) vers les Indiens, qui ont profité de l’occasion pour emporter leurs morts et leurs blessés. »)
C’en était assez pour les Cheyennes ce jour-là. De nombreux guerriers avaient été blessés par ces fusils qui tiraient si vite, et vingt d’entre eux avaient péri. Les Indiens regagnèrent le sud pour voir si les Sioux avaient eu plus de chance à Fort Phil Kearny.
Leurs espoirs furent déçus. Après avoir tenté plusieurs feintes autour du fort, Red Cloud voulut avoir recours à la technique de l’appât qui avait si bien marché avec le capitaine Fetterman. Crazy Horse attaquerait le campement des bûcherons, et lorsque les soldats sortiraient du fort, High Back Bone fondrait sur eux avec huit cents guerriers. Crazy Horse et ses appâts exécutèrent leur mission à la perfection, mais pour une raison inconnue, plusieurs centaines de guerriers sortirent de leur cachette prématurément pour faire fuir les chevaux du fort, avertissant ainsi les soldats de leur présence.
Afin que le combat ne soit pas vain, Red Cloud lança l’attaque sur les soldats chargés de couper des arbres, qui s’étaient réfugiés derrière un corral composé de quatorze plateaux de chariots renforcés par des rondins. Plusieurs centaines de guerriers commencèrent à les encercler, mais de même qu’à Fort C. F. Smith, les Tuniques Bleues étaient armées de carabines Springfield à chargement par la culasse. Devant les tirs continus et rapprochés de ces nouvelles armes, les Sioux firent reculer leurs mustangs pour se mettre à l’abri des balles. « Ensuite, nous avons laissé nos mustangs dans une ravine et chargé à pied, racontera par la suite un guerrier du nom de Fire Thunder, mais c’était comme de l’herbe verte consumée par le feu. Alors, nous avons pris nos blessés et sommes partis. J’ignore combien des nôtres sont morts, mais il y en a eu vraiment beaucoup. C’était terrible. »
(Les deux engagements furent désignés plus tard sous le nom de batailles de Hayfield et de Wagon Box par les Blancs, qui brodèrent bon nombre de légendes autour d’elles. Un chroniqueur particulièrement imaginatif raconta que les corps des Indiens morts formaient un cercle autour des chariots ; un autre que mille cent trente-sept Indiens avaient péri, alors qu’il y en avait moins de mille présents sur les
Weitere Kostenlose Bücher