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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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avait suscité des inquiétudes chez le favori et chez le dauphin avant de déclencher des orages. Au cours d’un Conseil, à Bourges, Charles avait respiré dans l’air des effluves d’orage. Giac était demeuré en apparence insensible aux insultes et aux menaces, et n’avait pas daigné riposter à ces provocations, mais il tenait en permanence, en présence de ce butor, la main sur la poignée de sa dague.
    Charles n’eût pas aimé qu’on le lui rappelât, mais il ne pouvait oublier que son favori avait nagé longtemps dans les eaux bourguignonnes et avait été l’amant de la reine Isabeau. Il avait épousé une des maîtresses de Jean sans Peur, Jeanne de Naillac, et avait été l’un des instigateurs du meurtre de ce dernier, à Montereau. Ce triste sire était prêt, pour se maintenir dans les grâces du dauphin, aux pires bassesses. S’il n’avait pu s’opposer à l’honneur fait à Richemont, c’est que cette décision venait de la reine de Sicile et que ce personnage avait sur Charles une influence redoutable.
     
    Pour se hisser au niveau des grandes familles princières, il manquait à ce modeste nobliau une étape à franchir : contracter un riche mariage. Il jeta en secret son dévolu sur Catherine de L’Isle-Bouchard, comtesse de Tonnerre. Restait, pour mener à bien cette ambition, à se débarrasser de son épouse légitime, enceinte de six mois. Il la séquestra puis décida de la supprimer. Une nuit, il lui fit avaler une drogue, la hissa sur un cheval et, accompagné seulement d’un écuyer, la lança à sa suite dans un galop à travers la forêt, jusqu’à ce qu’elle tombât de sa selle, inconsciente, inanimée, l’enfant mort dans son ventre. Il la fit enterrer sur place par son serviteur alors qu’il restait encore à la malheureuse un souffle de vie et fit courir le bruit que la pauvre Jeanne, devenue folle, était allée se jeter dans la rivière.
    Un autre obstacle venait entraver sa course à la fortune : Richemont. Giac organisa un attentat ; Richemont le déjoua et jura la perte de ce brigand.
    À Issoudun, peu de temps après la mort de Jeanne, alors qu’il dormait au côté de sa nouvelle épouse, Giac fut éveillé par des coups frappés à sa porte. Lorsqu’il eut ouvert, il se trouva en présence de son ennemi et sut que sa dernière heure allait sonner. Aidé d’un comparse, Georges de La Trémoille, et de quelques autres sbires, Richemont conduisit sa victime, membres liés d’une corde, sur le bord de l’Auron. Lorsqu’on l’eut fait descendre de cheval, il demanda ce qu’on allait lui faire subir.
    – Nous allons, dit La Trémoille, te faire prendre un bain en espérant qu’il te lavera de tes péchés. Est-il vrai que ta main droite ait signé un contrat avec le diable ?
    – Cela s’est fait à mon corps défendant, gémit Giac. Puisque je vais paraître devant Dieu, coupez cette main.
    – Sage précaution, dit La Trémoille.
    – Nous ne pouvons te refuser ce dernier plaisir, ajouta Richemont.
    Un coup de hache sépara la main du membre. La Trémoille la recueillit dans son bonnet en se promettant de la conserver comme une relique. Quand le pauvre Giac eut cessé de gémir, on l’enveloppa dans une couverture de cheval qu’on lesta d’une grosse pierre et qu’on lia de cordes pour le jeter dans la rivière.
    Quelques mois plus tard, on célébrait les noces de la belle et riche veuve avec Georges de La Trémoille.
     
    La mine longue, la lippe amère, l’oeil torve, Charles ressortit de la chambre où il avait dormi seul, contrairement à ses habitudes. Il se fit porter une écuelle de lait de chèvre additionné de miel et résolut de faire une courte promenade dans le beau jardin du château d’Issoudun.
    Il avait traversé une nuit détestable. À plusieurs reprises, il s’était réveillé en sursaut : une voix le harcelait, proclamant qu’il se parait d’un pouvoir factice, qu’il n’était qu’un bâtard, le fils d’une catin, que ses prétentions ne tarderaient pas à être balayées. Il s’était jeté en chemise dans son oratoire et, le visage baigné de larmes, avait conjuré le Seigneur de le libérer de ses obsessions.
    De retour à ses appartements, il réclama la présence de son premier chambellan, absent sans raison apparente depuis trois jours. C’est le connétable qui se présenta.
    – Ce n’est pas vous que j’ai demandé, Richemont, mais M. de Giac.
    – Vous ne le verrez pas, monseigneur.
    – Et

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