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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Sainte-Geneviève
    afin
    de
    prendre
    rendez-vous,
    sous prétexte de chercher un logis pour la prochaine année universitaire. A l’appareil, Elisabeth Picard s’était montrée charmante, prête à s’informer de ses projets de carrière.
    Quand il se présenta à la porte le samedi suivant, une femme aux cheveux bruns, vêtue d’une robe toute simple, vint l’accueillir.
    — Vous devez être monsieur Jacques, dit-elle en ouvrant la porte. Je suis désolée, ma patronne ne m’a pas dit votre nom.
    En réalité, le jeune homme ne le lui avait pas donné. Le patronyme Létourneau risquait trop d’éveiller des souvenirs chez elle.
    — Oui, c’est moi, répondit-il.
    — Je suis responsable des logis des étudiants.
    Il hocha la tête, comme si la chose allait de soi.
    — Je vais vous demander de faire le tour pour frapper à la porte de la maison de la rue Saint-Denis, expliqua Jeanne.
    Je suis désolée, mais les chambres des étudiants se situent de ce côté-là.
    Elle attendit qu’il acquiesce de la tête avant d’ajouter :
    — Je vais aller vous ouvrir.
    Les députés occupaient le salon, certains avec un verre à la main, dans l’attente du repas du soir. Elle ne voulait pas leur imposer la présence, même très brève, de cet écolier, ni lui faire traverser la belle salle à manger réservée à leur usage exclusif.
    Quelques minutes plus tard, l’employée faisait entrer Jacques dans la grande bâtisse. Tout de suite, il reconnut un visage familier, un garçon ayant reçu son diplôme du Petit Séminaire l’année précédente. Il poursuivait maintenant ses études de médecine.
    — Seules deux ou trois chambres se libèrent chaque année, précisa son hôtesse. Madame Picard m’a dit que vous commencerez cet automne à l’université.
    — Oui. Présentement, j’habite chez des parents, mais je désire un peu plus d’intimité.
    Son prétexte devait lui permettre de converser avec Elisabeth Picard, comme si la voir l’amènerait à conclure si Thomas avait eu envie de semer un bâtard dans la ville de Québec pendant l’été 1908. Même si son stratagème n’aboutissait pas, la curiosité poussait Jacques à poursuivre sa visite.
    — Je vais vous montrer l’une des chambres à l’étage. Le pensionnaire se trouve actuellement dans sa famille. Celle-là ne se libérera pas en septembre, mais comme elles se ressemblent toutes...
    Le garçon suivit son guide dans l’escalier. La femme frappa bientôt à une porte à l’étage. Comme aucune réponse ne lui parvint, elle ouvrit. Jacques fit semblant de s’intéresser à la petite
    pièce.
    Meublée
    très
    simplement,
    elle
    lui
    rappelait sa propre chambre, dans Limoilou.
    — La salle de bain est au bout du couloir, comme pour tous les étages. Je vais maintenant vous montrer les pièces communes.
    En redescendant, Jeanne lui indiqua le prix du loyer, à verser sans faute tous les premiers du mois.
    — A ce sujet, ma patronne se montre inflexible, précisa-t-elle en le conduisant dans la nouvelle aile construite à l’arrière.
    Ils arrivèrent devant une longue table de réfectoire. Une domestique plaçait déjà les couverts.
    — Voilà la salle à manger des étudiants. Il n’y a pas vraiment de salon, mais une grande pièce commune en bas.
    Je peux vous la montrer aussi.
    — Oui, j’aimerais bien la voir.
    Venu sous un mauvais prétexte, le visiteur se prenait au jeu. Il découvrit la grande salle au sous-sol, où quelques étudiants s’agitaient autour d’une table de billard. Des fauteuils bien près du terme de leur carrière encombraient l’espace, des journaux tramaient sur le plancher.
    — Messieurs, vous devriez tout de même vous ramasser un peu, dit Jeanne. Je suis certaine que vous ne faites pas cela à la maison.
    — A votre place, je ne parierais pas là-dessus, madame Bernier, rétorqua l’un des jeunes hommes d’une voix gouailleuse en se tournant à demi vers elle.
    — Alors, je plains votre mère. Tout de même, vous rangerez avant de monter, sinon le menu risque de vous décevoir au cours de la prochaine semaine.
    — Ah ! Jamais vous ne mettrez une pareille menace à exécution, rigola un autre. Vous êtes trop gentille.
    L’employée jeta un regard amusé sur le petit groupe, puis répondit :
    — Moi je suis peut-être trop gentille, mais ne comptez pas sur la complicité de Victoire. Elle sait se montrer cruelle.
    Sur ces mots, toujours suivie de Jacques, elle revint dans le hall

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