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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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d’entrée.
    — Alors, monsieur... Je ne sais toujours pas votre nom.
    — Dupuis... Jacques Dupuis, improvisa le garçon.

    — Monsieur
    Dupuis,
    souhaitez-vous
    toujours
    venir
    joindre ce petit groupe en septembre prochain ?
    — Je dois visiter une autre pension tout à l’heure, mais soyez assurée que j’aimerais beaucoup venir ici. Je vous remercie, madame.
    Le visiteur tendit la main. Un instant plus tard, sur le trottoir, il croisait un homme en bleu de travail. Ce dernier entra dans la maison de chambres, embrassa Jeanne sur la joue en demandant :
    — Un futur client, je suppose ?
    — Plutôt un plaisantin. Je suis certaine qu’il m’a fait perdre ma salive. Tu as juste le temps de monter te débarbouiller.
    Le repas sera servi d’ici une demi-heure.
    Peu après le mariage de Jeanne à Georges Bernier, Elisabeth Picard avait convenu de laisser le menuisier venir habiter dans la maison. Non seulement pouvait-il occuper une partie de ses loisirs à faire de menus travaux dans la bâtisse, mais une présence masculine, avec tous ces jeunes gens volontiers dissipés, servait parfois à calmer les esprits.
    Pendant que le couple reprenait ses occupations habituelles, Jacques
    Létourneau
    marchait
    en
    direction
    de
    Limoilou. Une nouvelle rêverie s’ajoutait désormais à toutes les autres: passer les quatre prochaines années dans une pension comme celle-là, avec des jeunes gens de son âge.
    Combien cela vaudrait mieux que d’assister aux conciliabules complices de Thérèse et Armel.

    *****
Depuis plusieurs semaines, Eugénie faisait tous les soirs l’effort de descendre afin de se joindre au reste de la famille pour le souper. Si elle participait peu aux conversations, la présence
    de
    ses
    proches
    semblait
    la
    rassurer.
    Pareil changement d’attitude incitait la vieille madame Dupire à quitter aussi sa retraite pour profiter d’un peu de compagnie.
    A la fin du repas, alors que les enfants retournaient dans leur chambre pour faire leurs devoirs, Fernand offrit son bras à sa femme pour la conduire jusqu’au salon.
    — Tu me parais bien fatiguée, remarqua-t-il en l’aidant à s’asseoir.
    Si Thalie s’en était tenue à son engagement de garder secret le développement de la maladie, cela n’empêchait pas Fernand de le deviner.
    — Voilà l’histoire de toute ma vie, n’est-ce pas? Je suis comme ça depuis toujours.
    L’homme contempla le visage très pâle, les traits tirés.
    — S’il y avait du nouveau, me le dirais-tu ?
    — Du nouveau... Voilà une drôle d’expression, qui rappelle les grossesses. Ce genre de nouveau ne risque guère d’arriver, encore moins depuis l’opération de l’automne dernier.
    L’humour grinçant ne fit pas disparaître la sollicitude du visage de l’homme, aussi elle se reprit :
    — Je récupère très lentement, c’est tout. Tu sais, on m’a enlevé tous les organes...
    Fernand hocha la tête de haut en bas. Il lui semblait plutôt qu’elle ne récupérait pas du tout. Mais plus que la faiblesse affichée, le changement d’attitude lui faisait soupçonner un développement dramatique.
    — Vas-tu écouter un peu de musique avec moi ? demanda Eugénie en se calant dans son fauteuil.
    — Une minute seulement. Je dois recevoir quelqu’un tout à l’heure.
    Il se pencha sur la radio posée sur la table afin de trouver la station que sa femme avait l’habitude d’écouter. Le son du piano envahit la pièce.
    — Il s’agit d’un client que je connais ?
    — Ce n’est pas un client, mais un écolier désireux de faire du droit. Il tente de me convaincre de l’embaucher pour divers travaux. A part copier des actes, je ne vois pas ce que je pourrais lui demander, et pour cela, une jeune personne diplômée du cours commercial ferait sans doute mieux l’affaire.
    — D’un autre côté, tu évoques souvent le désir de t’adjoindre un jeune collègue. Tu espérais même retenir le jeune Picard dans ton étude. En lui donnant certaines tâches, tu pourras juger ce jeune homme.
    — Tu as raison, mais dans ce cas, je ferais mieux de recruter quelqu’un en seconde année, ou même en troisième, à la faculté, pas un gamin tout juste sorti du cours classique... Veux-tu que je te serve quelque chose à boire avant son arrivée ?
    Eugénie accepta un sherry. Quant à lui, Fernand préférait recevoir Jacques Létourneau sans une odeur de whisky dans la bouche.
    — Je comprends que tu ne veuilles pas d’un néophyte.
    Comment

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