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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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un soupir et annonça une rémunération hebdomadaire ridiculement modeste.
    — Je faisais le double en livrant la marchandise de PICARD.
    — Mais je vous le disais tout à l’heure, retourner là-bas serait la meilleure décision. Je peux en parler moi-même à Edouard. Nous sommes allés à l’école ensemble et il est un client.
    Le notaire n’osait plus dire « un ami ». Tout au plus leurs rapports demeuraient cordiaux lors des visites du commerçant à sa sœur.
    — ... Non. Je désire vraiment me faire une meilleure idée de la carrière. Vous savez, dans le milieu où j’ai été élevé, les professionnels étaient très rares.
    La remarque sonnait un peu comme un reproche.
    Jacques souffrait toujours d’avoir été privé des privilèges que lui conférait sa naissance. Il restait convaincu d’avoir des parents naturels à la Haute-Ville.
    — Dans ce cas, je vous ai dit combien je peux vous verser. Cela comprend les repas du midi à ma table. Si jamais vous vous révélez un as de la machine à écrire, je serai heureux d’ajuster ce montant à la hausse.
    Le jeune homme hocha la tête en guise d’assentiment.
    — Dans ce cas, comme désormais le 24 juin est une journée fériée dans la province, je vous attendrai ici le 25, à neuf heures. Evidemment, cette collaboration se poursuivra tout l’été dans la mesure où nous serons mutuellement satisfaits l’un de l’autre.
    Autrement dit, le notaire se donnait la liberté de mettre fin à cette entente quand bon lui semblerait.
    — Entendu, dit Jacques en se levant. Je vous remercie, monsieur Dupire. Je ne prendrai pas plus de votre temps.
    Son hôte n’entendait pas le retenir. Il le conduisit à la porte et le quitta sur une poignée de main.

    *****
    Juin arriva avec sa promesse de beau temps. Le 3, jour de la fête de la reine Victoria, décédée une génération plus tôt, de nombreux citadins profitaient d’une journée de congé. Le notaire Dupire faisait partie de ceux-là. Il se présenta un peu tard pour le déjeuner, étala un journal devant lui, bien décidé à tout lire, y compris les petites annonces.
    — Nous arrivons en bas, madame, entendit-il depuis l’escalier.
    Une quinte de toux répondit à la voix de la domestique.
    — Si j’ai du mal à ce point à descendre, la remontée ne sera pas de tout repos, remarqua Eugénie.
    — Tout à l’heure, vous vous sentirez un peu plus forte, après avoir mangé.
    La femme entra dans la salle à manger, toujours appuyée sur le bras de Gloria. Le notaire replia bien vite Le Soleil.
    — Je vais ranger cela, dit-il. D’habitude, le matin tu ne descends pas.
    — J’ai beau me plaire dans ta grande pièce, aujourd’hui j’espère aller m’étendre dans la cour arrière afin de profiter un peu du soleil.
    Fernand regardait les traits tirés, le visage émacié.
    — Tu parais particulièrement fatiguée. Si les choses se...
    compliquaient, tu me le dirais, n’est-ce pas ?
    Eugénie se tut, le temps que la bonne revienne poser devant elle une tasse de chocolat chaud et des rôties.
    — Bien sûr, je te le dirais.
    — Tu as encore perdu du poids, je pense.
    — C’est un mauvais jour, comme tu en as aussi parfois.
    Je visite le docteur Picard deux fois par mois. Elle ne constate rien qui sorte du prévisible.
    L’ambiguïté de la réponse troubla l’homme, mais il préféra ne pas insister. Sa compagne évoqua la belle saison, puis confia d’une voix douce :
    — Tu sais, cet été, je préfère rester à Québec. Bien sûr, toi et les enfants, vous irez à la campagne comme d’habitude, avec les
    domestiques.
    J’embaucherai
    quelqu’un
    pour
    prendre soin de moi pendant ces quelques semaines.
    Fernand demeura un moment songeur. Lui aussi, à voir la convalescence de son épouse s’éterniser, commençait à remettre en cause l’expédition annuelle à Saint-Michel.
    — Je comprends. Mais comme je ne peux pas quitter mon étude plus d’une dizaine de jours, autant séjourner tous ici.

    — ... Je ne voudrais pas que mon état prive les enfants de leurs vacances.
    — Nous inventerons bien une façon de leur permettre de profiter de l’été. Charles se passionne depuis septembre pour les activités des scouts, Béatrice évoque les camps où l’on peut apprendre l’anglais. Tu l’as entendue hier.
    La veille, un dimanche, le couple était allé en visite au couvent de Sillery. Les fillettes se passaient l’une à l’autre la publicité d’un camp

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