Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
jambe.

    — Le gars que tu as aidé l’autre jour !
    Elle lui avait fait un petit récit de son aventure.
    — Je suppose. Fais-le entrer.
    L’homme pénétra dans le bureau en regardant autour de lui. Pour l’occasion, il portait une veste en lin de couleur pâle, un pantalon assorti. Il tenait un petit sac en papier du magasin Simon’s et son canotier d’une main, une canne dans l’autre.
    — Vous êtes donc un vrai médecin, dit-il avec un sourire amusé.
    — Aussi vrai que vous étiez blessé. Je pense l’avoir prouvé, d’ailleurs.
    Si la voix s’avérait un peu abrasive, l’homme ne parut pas le remarquer.
    — Oh ! Selon le vieux type rencontré à l’hôpital, sans vous, je serais mort en moins de cinq minutes. Mais voir une jolie fille avec les vêtements tout cochonnés, c’est une chose, vous voir dans ce bureau, c’en est une autre.
    — Nous ne sommes pas nombreuses, je vous l’accorde.
    Le silence s’installa entre eux. Le visiteur restait planté au milieu de la pièce, maintenant un peu intimidé.
    — Vous avez fait un bon travail, d’accord, mais ma jambe me fait encore un mal de chien. Si vous ne me permettez pas
    de
    m’asseoir,
    mettez-moi
    dehors
    tout
    de
    suite, sinon je vais m’écraser devant vous comme une jeune fille.
    Elle quitta son siège pour faire le tour de son bureau et tirer la chaise réservée aux clients pour lui permettre de s’asseoir.
    — Quel a été le pronostic du chirurgien? questionna-t-elle en revenant à sa place. Je veux dire, ses prévisions...
    — Le mot pronostic me convient très bien. Selon lui, une fois débarrassé des fils noirs et des douze épaisseurs de pansement, je devrais retrouver l’usage de ma jambe.
    Comme j’ai vu un certain nombre de blessures dans ma vie, je veux bien le croire.
    — Des accidents de travail...
    — Oui, on peut présenter les choses comme cela.
    Son sourire contenait une bonne dose d’ironie. Puis, il parut se souvenir de la raison de sa présence en ces lieux.
    — Je suis venu vous remercier. Je ne pense pas l’avoir fait, l’autre jour.
    — Ce n’était pas nécessaire...
    — Alors merci, fit-il sans prêter attention à sa protestation. Et puis j’ai aussi pensé à vous rapporter ceci.
    Honnêtement, même avec la meilleure volonté, l’autre ne pouvait plus être portée.
    En disant ces mots, il déposa son sac en papier brun sur le bureau. La jeune femme l’ouvrit pour découvrir une ceinture en cuir fin.
    — Elle est semblable à l’autre, mais pas tout à fait identique. Pour la grandeur, cela ira, toutefois. La vendeuse me l’a affirmé après avoir regardé l’autre une seconde, la mine dégoûtée par le sang.
    — Ce n’était pas nécessaire, répéta encore une fois le médecin.
    — Je sais que cela n’était pas nécessaire. Je ne suis pas venu ici sous la contrainte. J’aurais pu me contenter de mettre le prix d’une consultation dans une enveloppe. Je voulais vous revoir.
    Après une pause, la jeune femme retrouva son sourire pour dire :
    — Je vous remercie. Vous l’avez achetée chez Simon’s ?
    — Je n’aurais pas dû ?
    — Vous avez payé deux fois trop cher. Ma mère me les fait à demi-prix.
    L’homme fronça les sourcils, intrigué.
    — Juste la porte à côté. La boutique ALFRED.
    — Là où il y a une jolie vendeuse blonde ?
    — Il s’agit de ma belle-sœur.
    — Nous habitons une petite ville. Je suis passé par là, mais n’ai pas trouvé exactement la même chose.
    Thalie se priva de lui préciser que le grand commerce lui avait tout simplement vendu une parure de l’été précédent.
    — Je voulais aussi vous payer le coût de vos vêtements, dit-il en cherchant son portefeuille.
    — Il n’en est pas question, protesta le médecin.
    — Selon ma mère, avec tout ce sang, ils étaient totalement gâchés. Aucun lavage ne peut les remettre en état.
    — Vous vivez toujours chez votre mère ?
    — Pas vraiment, mais elle aime s’imaginer que c’est toujours le cas.
    Elle lui adressa un sourire amusé.
    — Cela nous fait une chose en commun. Je vole de mes propres ailes depuis trois jours.
    Tout de suite, elle regretta cette confidence faite à un inconnu.
    — Donc, je ne peux pas vous rembourser ces vêtements perdus ?
    — Non, je compte ces situations comme faisant partie des risques du métier. Un peu comme pour les camionneurs, une chute comme la vôtre peut survenir. Moi, je me retrouve parfois avec des vêtements en piètre

Weitere Kostenlose Bücher