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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pense.
    Elle se réveilla lentement et dit d’une voix hésitante :
    — Tu as raison.
    Elle paraissait tellement somnolente qu’il lui tendit la main pour l’aider à quitter la chaise. Quand elle s’engagea dans l’escalier, il aperçut la tache sombre, sous les fesses.
    — Eugénie... derrière.
    Elle parut un moment ne pas comprendre, puis passa la main sur sa robe, reconnut la trace humide et examina le bout de ses doigts. La serviette hygiénique n’avait pas suffi. Elle continua à monter péniblement, le visage inquiet.
    L’homme humecta un linge sous la pompe, essuya le siège de la chaise berçante avec soin. Le lendemain, il lui offrirait de la conduire chez un médecin des environs.

    *****
    L’horaire de travail un peu fantaisiste de Thalie lui permettait tout de même de se rendre à son appartement assez fréquemment dans la semaine. Déjà, au gré de ces visites, elle y avait déposé quelques livres et le tiers de ses vêtements. Bien sûr, pas question pour elle de s’y installer encore, puisqu’elle ne pouvait ni s’y asseoir, ni s’y étendre...
    à moins de se contenter du plancher.
    Justement, ce jeudi, elle s’y trouvait pour remédier définitivement à cette difficulté. Déjà, la radio agrémentait les lieux. Très vite, elle avait fait le tour du disque indiquant les fréquences. Une demi-douzaine de stations émettrices pouvaient être captées avec une qualité inégale. Celles de la ville de Québec s’avéraient des plus claires. D’autres, des États-Unis
    pour
    la
    plupart,
    «entraient»
    de
    façon
    bien
    irrégulière en fonction des vents et de l’heure.
    Le téléphone sonna bientôt. L’appareil encore posé par terre obligea la jeune femme à se mettre à genoux pour répondre.
    — Un camion de livraison attend devant la porte, mademoiselle.
    — Alors, laissez ces hommes faire leur travail. Je ne vais pas aller chercher les meubles moi-même.
    Après avoir remis le cornet en bakélite sur son crochet, elle alla à la fenêtre, écarta un peu le rideau afin de voir en bas. Un véhicule identifié au commerce PICARD stationnait bien là.
    Quelques
    minutes
    plus
    tard,
    des
    coups
    contre
    la porte attirèrent son attention.
    — Un lit pour vous, madame, annonça un petit homme au visage barré d’une moustache.
    — Si vous n’avez que cela, me voilà bien avancée.
    — Oh ! Ce n’est que le début.
    Elle s’écarta pour les laisser passer. En entrant, un jeune homme grand et blond salua :
    — Madame.
    Elle répondit d’un signe de la tête, frappée par la beauté de ses traits. Après avoir effectué un autre aller-retour, les diverses parties du lit furent assemblées. Une petite commode toute simple le rejoignit bientôt.
    — Il nous reste encore le matelas, puis nous en aurons fini avec la chambre, annonça le chef d’équipe.
    Derrière lui, le jeune homme tournait la tête, comme s’il tenait à se rappeler exactement les lieux. Même dans ses habits de travail en grosse toile, il affichait une élégance certaine.
    — Tu viens, grommela le petit homme à l’intention de son compagnon. Si tu ne cesses pas de tout regarder comme cela, elle croira que tu souhaites lui voler sa grosse radio.
    — Voyons, ce ne sont pas des choses à dire, grommela-t-il.
    Des yeux, il chercha ceux de Thalie, avec l’air de vouloir s’excuser au nom de son camarade. Elle remarqua surtout l’éclair de colère, la crispation de ses mâchoires. Sa fierté était piquée, comme s’il tenait à afficher une réputation irréprochable devant une inconnue de la Haute-Ville.
    Au cours de l’heure qui suivit, les deux employés apportèrent deux fauteuils au revêtement de cuir et deux chaises assorties, puis un bureau tout simple et une chaise de travail.
    Assise près d’une fenêtre, Thalie attendit l’arrivée des meubles de cuisine. Enfin, sa plume à la main, elle signa les quelques formulaires que lui tendait l’aîné des deux hommes.
    — C’est très beau ici, commenta le plus jeune. Dans quelques années, j’aimerais bien y habiter.
    Thalie leva les yeux, le temps de dire :
    — Pourquoi
    pas
    ?
    Des
    appartements
    deviennent
    régulièrement disponibles.
    — Je ne plaisante pas, vous savez.
    De nouveau, elle sentit son vis-à-vis tenter de faire bonne impression.
    — Dans moins d’un mois, je commencerai ma dernière année du cours classique, insista-t-il. Après, ce sera la Faculté de droit.

    — Alors, qui sait, nous serons peut-être

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