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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’entretenait avec elle pendant des heures.
Ils parlaient de Guenièvre  – de qui d’autre ? « Il l’aime
toujours, me dit Ceinwyn.
    — Il
devrait se remarier, dis-je.
    — Comment
le pourrait-il ? Il ne pense à personne d’autre.
    — Que lui
as-tu dit ?
    — De lui
pardonner, bien sûr. Je doute qu’elle recommence à faire des bêtises, et si
cette femme le rend heureux, il devrait ravaler sa fierté et la reprendre.
    — Il est
trop orgueilleux pour ça.
    — De
toute évidence », dit-elle d’un air désapprobateur. Elle posa sa
quenouille et son fuseau. « Je pense que, peut-être, il a besoin, d’abord,
de tuer Lancelot. Cela lui ferait du bien. »
    Arthur essaya,
cet automne-là. Il mena une attaque-surprise sur Venta, la capitale de
Lancelot, mais celui-ci eut vent de l’affaire et s’enfuit auprès de Cerdic, son
protecteur. Il emmena avec lui Amhar et Loholt, les fils qu’Arthur avait eus de
sa maîtresse irlandaise, Ailleann. Les jumeaux n’avaient jamais accepté leur
statut de bâtards et s’étaient ralliés aux ennemis de leur père. Arthur ne
trouva pas Lancelot, mais ramena un riche butin de céréales dont nous avions
grand besoin car les troubles de l’été avaient inévitablement affecté notre
moisson.
    Deux semaines
avant Samain, dans les jours qui suivirent son incursion à Venta, Arthur revint
nous voir, à Dun Caric. Il avait encore maigri et son visage était plus
décharné que jamais. Cet homme n’avait jamais été effrayant, mais il était
devenu si réservé qu’on ne savait pas ce qu’il pensait, et cette réticence lui
prêtait un air de mystère, tandis que la tristesse de son âme le durcissait. Il
avait toujours été lent à la colère, mais maintenant il s’emportait à la
moindre provocation. Cette rage se tournait surtout contre lui-même, car il se
prenait pour un raté. Ses deux aînés l’avaient abandonné, son mariage avait mal
tourné et la Dumnonie s’était du même coup affaiblie. Il avait cru pouvoir en
faire un royaume parfait, un lieu de justice, de sécurité et de paix, mais les
chrétiens avaient préféré y semer le carnage. Il se reprochait de ne pas avoir
prévu la rébellion, et maintenant, dans le calme qui suivait la tempête, il
doutait de sa propre vision. « Il faut seulement se fixer pour but des
petites choses, Derfel », me dit-il ce jour-là.
    C’était une
parfaite journée d’automne. Le ciel se pommelait de nuages si bien que des taches
de soleil couraient sur le paysage jaune brun. Arthur, pour une fois, ne
chercha pas la compagnie de Ceinwyn, mais m’entraîna dans un petit pré, à l’extérieur
de la palissade maintenant réparée de Dun Caric d’où il contempla d’un air
morose le Tor qui se dressait à l’horizon. Il regardait fixement Ynys Wydryn,
où se trouvait Guenièvre. « Des petites choses ? lui demandai-je.
    — Vaincre
les Saxons, bien sûr. » Il fit la grimace, sachant que battre les Saxons n’était
pas une petite chose. « Ils refusent de parlementer. Si j’envoie des
émissaires, ils les tueront. Ils me l’ont dit la semaine dernière.
    — Qui ?
demandai-je.
    — Eux »,
confirma-t-il d’un air sinistre, faisant allusion à Cerdic et à Aelle.
Autrefois, les deux rois saxons étaient toujours en train de se battre, et nous
les y encouragions en pratiquant généreusement la corruption, mais maintenant
ils appliquaient la leçon qu’Arthur avait si bien enseignée aux royaumes bretons :
seule l’union mène à la victoire. Les deux monarques saxons avaient joint leurs
forces pour écraser la Dumnonie et leur décision de ne recevoir aucun émissaire
était un signe de leur résolution, ainsi qu’une mesure de protection. Les messagers
d’Arthur auraient pu apporter des présents susceptibles de refroidir l’ardeur
belliqueuse de leurs chefs de clans, et tous les émissaires, si désireux qu’ils
soient d’obtenir la paix, servent à espionner l’ennemi. Cerdic et Aelle ne
voulaient pas courir ce risque. Ils avaient l’intention d’enterrer leurs
différends et d’unir leurs forces pour nous écraser.
    « Je
croyais que la peste les avait affaiblis, dis-je.
    — Des
troupes fraîches sont arrivées, Derfel. Nous apprenons tous les jours que leurs
bateaux atterrissent et chacun d’eux est plein d’âmes avides. Ils savent que
nous sommes faibles, aussi des milliers d’entre eux arriveront l’an prochain,
des milliers de milliers. » Arthur

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