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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le cheval et son cavalier mort à franchir les haies et à
foncer sur l’armée saxonne. Les Irlandais n’attaquaient pas en rangs, mais en
une ruée hululante. C’était leur manière de faire la guerre, assaut terrifiant
d’hommes devenus fous courant au massacre comme des amants.
    Un moment, le
sort de la bataille vacilla. Les Saxons avaient été sur le point de remporter
la victoire, mais Arthur vit leur hésitation et nous ordonna soudain d’avancer.
« Allez-y ! » cria-t-il, et « En avant ! »
Mordred ajouta son ordre à celui d’Arthur : « En avant ! »
    Ainsi commença
le massacre du Mynydd Baddon. Les bardes le racontent et, pour une fois, ils n’exagèrent
pas. Nous franchîmes notre laisse de morts et portâmes nos lances dans les
rangs de l’armée saxonne juste au moment où les Blackshields et les hommes de
Culhwch s’en prenaient à leur flanc. Durant quelques battements de cœur, il n’y
eut que le cliquetis de l’épée contre l’épée, le bruit sourd de la hache sur le
bouclier, les grognements, les houles, la sueur de la bataille corps à corps de
deux murs de boucliers, puis l’armée saxonne céda et nous nous enfonçâmes dans
leurs rangs qui s’effilochèrent dans les champs que le sang franc et saxon
rendait glissants. Ils s’enfuyaient, brisés par une charge sauvage menée par un
mort sur un cheval noir, et nous les massacrâmes, devenant de véritables
machines à tuer. Nous encombrâmes le pont des épées de Saïs morts. Nous les
embrochions, nous les éventrions, et certains, nous nous contentions de les
noyer dans la rivière. Nous ne fîmes pas de prisonniers, mais nous donnâmes
libre cours à des années de haine sur nos ennemis détestés. L’armée de Cerdic
avait volé en éclats sous le double assaut, et nous pénétrâmes en rugissant
dans leurs rangs brisés, rivalisant de tuerie. Ce fut une orgie de mort, un
bain de sang. Certains Saxons étaient si terrifiés qu’ils ne pouvaient bouger
et restaient immobiles, les yeux écarquillés, attendant la mort, alors que d’autres
se battaient comme des démons et que d’autres encore mouraient en courant ou
essayaient de fuir vers la rivière. Nous n’avions plus rien d’un mur de
boucliers, nous n’étions plus qu’une bande de chiens de guerre rendus fous qui
mettaient l’ennemi en pièces. Je vis Mordred boitiller sur son pied bot en
abattant des Saxons, je vis Arthur poursuivre les fugitifs à cheval, je vis les
hommes du Powys venger mille fois leur roi. Je vis Galahad sur son cheval,
frapper de gauche et de droite, le visage aussi calme que jamais. Je vis
Tewdric en robe de prêtre, maigre comme un squelette, les cheveux tonsurés,
cingler sauvagement l’air de sa grande épée. Le vieil évêque Emrys était là,
son immense croix au cou, une vieille cuirasse attachée sur sa robe avec une
corde en crin de cheval. « Allez en enfer ! » rugissait-il en
transperçant avec une lance des Saxons sans défense. « Brûlez à jamais
dans le feu purificateur ! » Je vis Œngus Mac Airem, la barbe trempée
de sang saxon, embrocher encore plus de Saïs. Je vis Guenièvre chevaucher le
destrier de Mordred et porter des coups avec l’épée que nous lui avions donnée.
Je vis Gauvain décapité, affaissé sur son cheval saignant qui paissait paisiblement
entre les corps des Saxons. Je vis enfin Merlin, car il était venu avec le
cadavre, et bien qu’il fût un vieillard, il frappait les Saïs de son bâton et
les traitait de misérables asticots. Il était entouré de Blackshields. Il m’aperçut,
sourit et me fit signe de poursuivre le massacre.
    Nous envahîmes
le village de Cerdic où les femmes et les enfants se terraient dans les
cabanes. Culhwch et une douzaine d’hommes se frayèrent un chemin de boucher
dans les rangs de quelques lanciers saxons qui essayaient de protéger leurs
familles et les bagages abandonnés par Cerdic. Les gardes moururent et l’or
pillé se répandit comme menue paille. Je me souviens de la poussière s’élevant
comme une brume, des cris des femmes et des hommes, des enfants et des chiens
courant terrorisés, des cabanes en flammes qui crachaient de la fumée et des
grands chevaux d’Arthur sillonnant sans relâche toute cette panique dans un
bruit de tonnerre, les lances de leurs cavaliers transperçant les soldats
ennemis dans le dos. Il n’y a pas de joie comparable à la destruction d’une
armée en déroute. Le mur de boucliers brisé, la mort

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